Abrahma – Through The Dusty Paths Of Our Lives


Abrahma - Through The Dusty Paths Of Our Lives

Voir un groupe français rejoindre les rangs élitistes de l’un des principaux labels stoner mondiaux, Small Stone Records, nous aura rendu heureux et fiers. Que de chemin parcouru en quelques petites années, depuis le sympathique combo Alcohsonic qui arpentait les clubs avec son album sous le bras, jusqu’à ce Abrahma « adulte », sûr de lui… Quoi qu’il en soit, quelques mois après l’effet d’annonce, la galette tombe enfin dans notre platine, et il est temps de trancher : désillusion ou essai transformé ?…

Difficile en premier lieu de synthétiser cet album, de le résumer à une trame unique, linéaire. L’album commence par une série de morceaux assez « catchy », aux structures efficaces et robustes. « Neptune of sorrow » en intro donne le ton, porté par un refrain remarquable, pas trop loin d’un Dozer des grands jours. L’enchaînement avec « tears of the sun », morceau un peu plus aérien mais toujours plombé par cette chape guitaristique étouffante (quel son…) est réussi. Plus léger encore (ouais, tout est relatif, hein…), « Dandelion dust » abat un refrain impeccable, porté par un lick de guitare cristallin qui donne au titre toute son évidence : sans cet arrangement superbement trouvé, le morceau aurait-il eu cette identité ? Le reste de l’album est à l’avenant : le diable est dans les détails, dit-on, rien de plus vrai ici, avec un soin apporté aux arrangements et gimmicks sonores tout à fait cruciaux. Une qualité rarement mise en avant par les groupes hexagonaux… Illustration encore sur le refrain en choeur de « Honkin’ water roof », refrain encore porté par une ligne de guitare aérienne en fond, qui transcende le riff pachydermique du morceau. A noter, autre denrée rare dans la production « contemporaine », que le morceau se termine par un instru de space rock qui vire au solo de gratte sélénite… Miam !

Après un petit intermède instru, l’album prend un tournant plus « grave », plus mûr en tout cas (ce qui ne faisait pourtant pas défaut aux premiers morceaux !). Ainsi « Vodun Pt.1… » dont les couplets feront penser aux œuvres de Dave Angstrom (Supafuzz en tête) tourne vite au refrain le plus accrocheur de l’album. Et toujours cette guitare aérienne juste derrière dans le mix qui vient apporter relief et subtilité à cette armée de cordes accordées trop bas… Et encore un soli anti-démonstratif impeccable… Arrive « Big Black Cloud », morceau hypé depuis plusieurs mois, lorsque l’on a su qu’il accueillait les talents du space guitariste ultime Ed Mundell. Un Mundell qui vient effectivement coller quelques soli sur-fuzzés sur des passages taillés sur mesure… « Headless Horse », comme son nom le laisse présager, nous amène en terrain lugubre, pour un titre de « space-doom » dont le son de basse nous rappelle avec nostalgie celui de Peter Steele.
Encore un intermède presque instru, à la slide cette fois, du Ry Cooder dans le texte… Au moment où arrive « Vodun Pt. 3 », on a déjà mangé 50 minutes de décibels bien gras dans la face, et on ne s’attend plus à une nouvelle déflagration… Le morceau est varié, rythmé, tout à la fois rapeux et cristalin. Mais rien à côté du tortueux « The maze », le bien nommé : cette pièce de bravoure de 10 minutes, construit une ambiance ténébreuse et froide, un peu à la manière d’un Year Of No Light. Même s’il aurait pu perdre quelques minutes, ce titre ambitieux tient ses promesses. J’ai plus de réserve sur le quelque peu chaotique « Omega » qui vient clôturer de manière un peu brouillonne plus d’1h10 de musique.

Pour préparer cette chronique, je me suis rendu compte que j’ai dû écouter cet album une bonne vingtaine de fois. Au moins deux fois plus que n’importe quel album que je suis amené à chroniquer généralement. Au début, j’ai pensé que j’avais juste du mal à le « cerner », à définir son périmètre, sa « matrice ». Ensuite, j’ai remarqué que ce qui me faisait écouter l’album à nouveau à chaque fois est ce sentiment de « nouveauté » qui restait bien présent, alimenté par cette production somptueuse, ces gimmicks, ces compos aventureuses, ces surprises entendues à chaque écoute. Je ne m’en lasse toujours pas. Mais au final, je réalise que si je l’ai tant écouté, c’est avant tout parce que c’est un foutrement bon album, et que chaque écoute me le fait apprécier un peu plus. Et j’en ai pas encore fini.

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