Beastwars – The Death of All Things


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Troisième album de Beastwars, The Death of All Things est la conclusion de la trilogie post-apocalyptique entamée en 2011 par les néo-zélandais avec leur premier effort éponyme. La patte velue de la bête se dévoilait alors à l’époque aux oreilles de tous avec ce stoner-metal empruntant aussi bien à Mastodon et Soundgarden, qu’à Unsane et Kyuss. Blood becomes Fire avait suivi en 2013 et avait inscrit plus profondément dans nos chairs les marques des griffes acérées du quatuor. Bien que passé quelque peu inaperçu de ce côté du globe, dans l’hémisphère sud le groupe jouit d’une certaine renommée. La réédition en 2014 des deux albums suscités avait offert une exposition plus large (et méritée) mais les contraintes du quotidien liées à celles de la géographie ont toujours freiné Beastwars dans sa conquête de nos espaces vierges de son passage. Si 10 ans après sa genèse le groupe annonce clore cette trilogie avec ce nouvel opus, il fait également planer le doute sur la conclusion pure et simple de leurs aventures, un des membres déménageant pour la capitale britannique. Chacun tâche d’y voir l’opportunité de pouvoir soumettre l’Europe à leur massive musique, c’est tout le mal que nous nous souhaitons.

The Death of All Things, s’il ne finit donc pas par être l’épilogue d’une carrière, a déjà la lourde tache de passer derrière deux pièces de premiers choix. Autant tuer le suspense dès maintenant, ce troisième effort remporte ce défi et avec manière. S’est-elle sentie acculée aux parois de sa caverne, que la Bête a poussé ses limites pour cet (ultime) assaut. Beastwars c’est d’abord un son, marqué, personnel, qui l’identifie presque d’une traite. La section rythmique porte les morceaux (logique vous dirons certains) sur ses robustes épaules, charnues et poilues. Le son de la basse s’assimile à un moteur de tracteur tirant 15 tonnes de bourbon en côte et sa place plus que prépondérante dans l’architecture des titres, la situe dans un rôle entre guitare rythmique et basse. La six-cordes ayant à proprement parler principalement une approche faite de nappes, d’arpèges, d’appuis sur les parties les plus riffus. Évidemment les mélodies (et elles sont aussi nombreuses qu’entêtantes) ne seraient rien sans le travail d’arrangement et de production effectué par la gratte mais l’édifice sans le gras saturé de la basse ne saurait supporter la pierre angulaire qu’est le chant. Toujours au bord de la rupture, les parties vocales rapprochent l’ensemble d’un concept album où toutes les émotions contées seraient tantôt hurlées, tantôt susurrées.

Ainsi les titres vont chercher toute la rage-mélancolique contenue dans vos tripes. Une colère contenue parce que désabusée de se sentir bien vaine face à ce monde dans lequel nous subsistons. Beastwars n’a jamais été un groupe pour vous coller la banane et son écoute nécessite d’être dans l’humeur adéquat. Ouvrant sur « Call to the Mountain » et son intro aux portes du rock n’ roll, très vite le morceau évolue vers les bas fonds de la montagne où résonne la voix arrachée écrasée par le poids du monde instrumental qui s’abat autour d’elle. Car la force de « The Death of All Things » réside dans la capacité qu’à eu le groupe à varier ses morceaux et à créer de la variation en leurs seins même (« Devils of Last Night », « Holy Man »). Instants plus posés se retrouvant souvent poutrés sans faillir, riffs pêchus évoluant vers gimmicks délicats. Beastwars est une Bête aux abois qui face à l’inéluctable fin transgresse les genres, rageant de la douceur, pleurant de la violence. Effets décuplés par la richesse des lignes de chant, par cette façon si particulière de les poser aussi bien en relai qu’en contrepoint de l’émotion développée par les instruments. « Black Days » pourrait ainsi presque paraître guillerette et « The Devil took Her » tout en acoustique et en flûte sonne comme une dictée de l’épitaphe de l’être aimé.

Si vous n’avez jamais posé une oreille sur Beastwars, un conseil déjà: posez les deux et laissez vous porter par ces troubadours désenchantés, ces bardes déchirés, ces conteurs de l’apocalypse. Pour bien appréhender la Bête il vous faudrait l’attaquer par son début mais même si commencer une trilogie par la fin n’est jamais souhaitable, vous ne serez pas déçu pour autant. The Death of All Things est un immanquable de l’année.

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