Bigelow Bighorns – 1


Y’a de ces groupes pas prétentieux pour un sou, dont on entend régulièrement parler, qui roulent leur bosse tranquille, profitant des opportunités de jeter leurs amplis sur un bout de scène et faire parler les décibels plutôt que la rumeur. Bigelow Bighorns est de ces groupes, et leur EP, basiquement appelé « 1 », est exactement à leur image.

Formé il y a moins de deux ans, le quintette propose une formation assez traditionnelle (chant, deux guitares, basse, batterie), ce qui convient bien à une musique elle aussi assez « traditionnelle », dans le bon sens du terme. Le premier titre par exemple en première approche sonne gros metal ricain, parfois un peu pataud (déjà fait, déjà entendu), mais devient plus addictif après quelques écoutes. Bonne compo, mais pas le meilleur titre de l’EP toutefois. « Journey’s Gone Wild » remonte un peu la barre avec son riff groovy bien catchy, qui amène à un refrain simplissime mais assez imparable, propice encore à une bonne performance de Nico au chant, un vocaliste puissant et solide. Même si l’intro de « Cut me up in Two » en son clair rappelle étrangement celle du « Bleeding Me » de Metallica, ce mid tempo puissant offre lui aussi un terrain de jeu parfait pour un chanteur qui en profite bien. Les choses deviennent franchement intéressantes avec « Night is falling », plus original, avec une ligne de guitare fuzzée bien sexy qui suit le titre de bout en bout. Mais là encore, on se la joue pas : en 2min14, la messe est dite et on passe au titre suivant, on est pas là pour se caresser sur des soli à rallonges. « Toxic », sa basse ultra saturée et son mur monolithique de grattes sonne un peu trop metal début de millénaire pour moi, ce n’est pas mon titre préféré, malgré le break bien barré à deux tiers du titre. « Rocket night » vient remettre les pendules à l’heure, avec un riff infectieux lancinant porté par une basse ronde et généreuse, une rythmique permettant même solo de guitare bien gaulé et breaks couillus. Le refrain, là aussi simplissime, commence en revanche à laisser penser que le groupe devrait forcer un peu son talent de compo sur ce segment précis… Comme tant de choses, le meilleur est réservé pour la fin, avec un « River flow » simplement succulent. Encore une fois, le groupe se repose à raison sur son excellent riff « fleuve » (sur lequel reposent couplet et refrain), et fait courir son morceau au tempo pachydermique sur plus de sept minutes. On entend un peu de Unida dans ce titre, avec des backing vocals fichtrement bien foutus, qui pourront rappeler les meilleurs Supafuzz.

Sur une petite demi-heure, le groupe montre un potentiel franchement intéressant. On regrettera occasionnellement une prod qui montre quelques signes de faiblesse (un son un peu faiblard ici ou là, des prises de son voix un peu trop basiques parfois…), mais au final, pour une autoprod, on tient du bon niveau. Côté compos, comme vu précédemment, là aussi il y a du savoir-faire… Mais tout n’est pas parfait non plus : certains refrains sont un peu « légers », certains morceaux se terminent sans réelle « fin » (« Cut me up in Two », « River flow », qui manque une bonne occase de générer un climax que l’on pouvait pourtant imaginer). Mais pour le reste, les bonhommes savent pondre un bon riff quand il le faut, construire des lignes vocales efficaces, se concentrer sur des rythmiques robustes… Alors certes, on ne voit pas de si tôt le groupe rivaliser avec les têtes de pont du stoner européen ou international, mais s’il montre la même générosité dans ses prestations live, on tient un sérieux prétendant pour un premier album qui pourrait jeter un beau pavé dans la mare… On attend cette prochaine étape.

Laurent

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