Corrosion Of Conformity – No Cross No Crown


La carrière de Corrosion Of Conformity ne ressemble à aucune autre : d’abord quatuor, avec un chanteur vite remercié (Eric Eycke, décédé en septembre 2017), puis trio, le groupe obtient un véritable succès critique et commercial lors de l’inclusion de Pepper Keenan en 1994. Le guitariste/chanteur, à la voix et au style plus mainstream que le hardcore teigneux des trois autres, permet à ceux qui rapidement se feront appeler COC de réaliser de grandes choses, à commencer par une tournée en première partie de Metallica (1996). Après 4 albums, Pepper doit prendre un peu de recul en 2005 face au succès et aux tournées incessantes de Down, side project de nombreuses stars vite devenu attraction principale et catalyseur de la scène NOLA. Qu’à cela ne tienne, en 2012 Dean, Mullin et Weatherman, nos trois teigneux, relancent la machine sans leur guitariste/chanteur au nom épicé. Deux (bons) albums et un (super) EP sortiront de ce renouveau avant que Pepper, ayant enfin un peu de temps devant lui, réintègre la formation le temps d’une tournée en 2014.

De l’aveu même des musiciens, Nuclear Blast leur a fait à ce moment une offre qu’ils ne pouvaient pas refuser. Le groupe est donc entré en studio, les mains vides mais les poches pleines, pour composer et enregistrer le premier album de COC avec Pepper Keenan depuis 12 ans. A la façon des groupes des années 70’s (à la façon de Black Sabbath nous dit même la bio), les quatre compères sont partis d’une page blanche pour accoucher de No Cross No Crown, après de nombreuses semaines de travail et plus de 40 jours de studio.

J’ai beau être un grand amateur de Corrosion Of Conformity, j’ai un problème avec l’ensemble de leur discographie : les albums sont trop longs. Ils l’ont toujours été. Cet excès de générosité (une façon polie de dire « incapacité à trancher ») a terni la plupart des disques précédents. Même lorsque le groupe touche au sublime (accordons nous sur Deliverance et America’s Volume Dealer pour le consensus, Animosity, Wiseblood ou Blind également), une poignée de titres, faces B à l’inspiration moindre, sont toujours venues alourdir la digestion. Et No Cross No Crown n’échappe pas à la règle. Que de moments enthousiasmants pourtant sur cet album ! Les riffs foisonnent (« Wolf Named Crow », « Cast The First Stone », « A Quest To Believe (A Call To The Void) »), Pepper cabotine un peu certes mais trouve toujours quelques textes qui feront remuer la fosse (« Nothing Left To Say »), même si tout ici reste de magnitude 5 ou 6 maximum sur l’échelle de « Clean My Wounds ». Mais 10 titres et 4 interludes c’est beaucoup en 2017. Pas seulement que notre capacité d’attention ait baissé, c’est aussi et surtout que le heavy rock a quelques milliards de kilomètres au compteur. Donc à moins de n’accoucher que de titres inoubliables, il est de bon ton de tout faire rentrer sur un simple LP. De filer la métaphore des 70’s jusqu’au bout en somme. Pareil pour les interludes. J’ai bien saisi le précepte de respirations mais de là à ce que nous poumons soient au bord de l’explosion il y a une marge que COC a tranquillement rogné, atteignant ici les limites inhérentes à la production d’un album sans contrainte, artistique ou temporelle (le groupe avait un temps presque infini en studio) ni de la part d’un label semblant avoir offert un blanc-seing (nucléaire), ni de la part d’un producteur qui les a semble-t’il surtout accompagné, en bon ami qu’il est (John Custer, derrière tous les albums du groupe depuis Blind en 94).

Finalement, No Cross No Crown est exactement l’album que nous nous attendions à entendre de la part d’un groupe en pleine retrouvailles : un grand déballage de complicité musicale parsemé de moments de bravoure dont émane quelques saveurs inutiles, évitant de justesse l’écueil redouté : que tout le sel de cet album ne réside qu’en le retour de Pepper.

 

Point Vinyle :

Nuclear Blast la joue simple et efficace, avec un peu de couleur pour les diggers (500 en Purple Splatter, 300 en gris, 300 orange) et du noir c’est noir pour ceux qui n’ont plus d’espoir. Le tout en un double vinyle trop long, sans parler de cette vilaine pochette qui saura indisposer au mieux vos invités lors de vos diners mondains.

Note de Desert-Rock
   (7/10)

Note des visiteurs
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