Gonga – Concrescence


gonga

Il faut bien chercher ces derniers temps pour trouver un trio instrumental un peu excitant… Karma To Burn est devenu une petite usine à bûchettes, producteur de riffs efficaces exempts de groove (on ne se sépare pas de la paire rythmique Oswald / Mullins sans sacrifice), et leur production vinylique ne tient plus la distance. Yawning Man fait le même album depuis dix ans sans que personne ne constate la supercherie. Tia Carrera tient encore le flambeau, mais ne pose jamais ses amplis au-delà d’un rayon de vingt kilomètres autour de leur piaule. Certes, on a aussi Domadora (en presque instru) qui pointe derrière. Quoi qu’il en soit, il y a désormais une place à prendre sur ce segment musical un peu sinistré et pourtant plein de potentiel. Ni une ni deux, les anglais de Gonga déboulent sans fausse modestie, avec l’arrogance de jeunes cons frondeurs, et proposent ce Concrescence qui fait du bien par où il passe.

Six titres seulement, entre six et dix minutes par tête de pipe, en gros, ça donne une idée du bébé : trois gros quarts d’heures de riffs, de grosse rythmique, de soli, etc… En fait, très vite, on constate que Gonga propose quelque chose de pas fondamentalement original (avouons-le, le genre ne s’y prête pas… et n’en a pas besoin non plus !), dans le sens où il propose une synthèse de plein de choses foncièrement excitantes… « Miasma » déroule ses dix minutes au gré d’un riff presque doomeux, en direct héritage des grandes heures du Sabbath Noir, pour se transformer sur sa seconde moitié en une emballée digne de Karma To Burn. Et là où la synthèse confine au brillant, c’est quand, sur ce socle riffique roboratif, le groupe s’aventure dans des jams impeccables, entre la pure improvisation d’un Tia Carrera et les passages bien charpentés d’un My Sleeping Karma. Jouissive outro. « Calumet Altar » traîne dans le sillage de son fuzz dégoulinant des sonorités désertiques et un groove que ne renieraient pas Brant Bjork ou Yawning Man. Comme tous les titres de la galette, ce morceau « poupée russe » nous emmène sur plusieurs séquences dans des ambiances différentes, sans jamais que ne pointe une once d’ennui. Même chose pour « Another Day Gone », doté de quelques passages en arpège plutôt bien foutus, donnant une subtile connotation prog rock à ce titre, avant de retomber dans un traquenard fuzzé comme on les aime. « Mount Gonga » engage les hostilités sur une séquence qu’aurait pu revendiquer Karma To Burn (ligne de basse bien groovy à l’appui), même si le titre tire un peu en longueur à la fin. Pour finir, « Tungsten Gold » balade ses six minutes de plans groovy fuzzés complètement jouissifs, avant de passer le relais à « Solar Maximum », un mid-tempo qui commence par des plans très Kyuss-iens, avant d’engager une séquence plus aérienne, chargée en soli encore une fois redoutables d’efficacité.

C’est vraiment quand on s’y attend le moins que les claques discographiques sont les plus percutantes, ce qui est le cas ici. Sur son dernier album, Gonga étale sa parfaite maîtrise de l’exercice bien précis lié à sa configuration à trois têtes. Le groupe est encore jeune, et certains plans peuvent sonner un peu bâclés ici ou là, mais on est quand même dans le haut du panier. Du très bel ouvrage, et surtout un très gros potentiel, à suivre de très près.

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