Huata – Atavist Of Mann


huata-atavist

Toujours sur la brèche de l’actu, à Desert-Rock, on décide de vous parler de ces p’tits jeunes de Huata ! Heureusement nos frenchies ne nous ont pas attendu pour voir leur réputation croître et leur talent être validé par les plus grandes autorités internationales. Huata donc, c’est un groupe de doom français (ou plutôt breton…) qui fait insidieusement parler de lui depuis des mois et dont nous ne pouvions pas ne pas nous faire l’écho. Surtout qu’on peut le confirmer : c’est vraiment bien.

Il faut être prévenu néanmoins : la musique du quatuor extrême-occidental n’est pas des plus accessibles, et il faut donc s’investir un peu, décrasser les trois ou quatre premières écoutes pour voir apparaître le petit trésor musical qui se cache sous cette couche un peu sombre au premier abord. Effectivement – et l’on peut s’interroger sur la part intentionnelle de cet état de fait – le groupe parvient à en quelque sorte « stratifier » sa musique : sous une couche de doom traditionnel impeccablement exécutée, Huata injecte des passages plus mélodiques, ambiants, des faits de production différenciants, du groove, … Pour en arriver, donc, à une richesse musicale que l’on ne perçoit vraiment qu’en seconde approche.

En six titres, Huata élabore les différents chapitres d’un serment respectueux vis-à-vis du doom le plus conventionnel, en démontrant si besoin était que le genre est loin d’être ni sclérosant ni sclérosé. Cet exercice de style passe par des compos longues et sinueuses (plus de dix minutes chacune en moyenne), larvées de passages plombés et lugubres, et percées occasionnellement de plages plus ambiantes. Illustration de cette richesse sur « Lord Of The Flame », dont on retiendra la panoplie de riffs heavyssimes abattus sur le premier segment du titre, avant de passer à une seconde moitié bien amenée par un pont mélodique impeccable de plusieurs minutes, propice au décollage progressif d’une armada de grattes assommantes, qui se voient au final rejointes par quelques accords dissonants d’orgue Hammond et d’extraits audio de vieux films. C’est l’occasion de mettre l’accent sur le très bon usage fait de ce son cérémonieux au possible du Hammond, parfaitement adapté à la musique du combo, et utilisé, précisons-le, avec parcimonie. Derrière un riff et une ligne mélodique bien efficaces, « Operation Mistletoe » dissimule ponctuellement une violence presque punk, bien servie par des vocaux puissants et gutturaux, sortes de cris de guerre mêlés à des complaintes agonisantes (un autre point fort de l’album). Pièce de choix de l’album, « Thee Imperial Wizard » vient traîner son gros quart d’heure au travers d’ambiances musicales variées, chacune portée par des arrangements de production parfaitement appropriés (samples vocaux, backing vocals, claviers, etc…), pour se clôturer par plusieurs minutes de clavier et de chants psalmodiés. Ambiance ! Et c’est ainsi sur les autres titres de l’album, qui recèlent chacun de bonnes surprises, même si la face B semble quand même moins « riche », peut-être un peu plus austère.

Evidemment on pense souvent à Electric Wizard, pas mal, mais aussi ponctuellement à des passages de Cathedral (période « Ethereal Mirror » jusqu’à « Endtyme » en gros), de Church Of Misery (pour les montées d’adrénalines et les fulgurances rythmiques notamment), de Coven pour les atmosphères occultes travaillées…
Il est utile probablement de noter que la richesse de ce disque le rend, in fine, intéressant pour tout amateur de gros son un peu averti et curieux, même sans être un fanatique de doom pur et dur. Ce constat seul est déjà assez rare pour être signalé. Au-delà, on reste surpris par la carrure musicale de ce groupe qui aligne des compos couillues, des initiatives audacieuses, sans jamais dévoyer un genre musical ultra balisé dont ils s’inscrivent dans le plus grand respect. L’aspect lyrical et conceptuel vient rajouter la dernière couche de vernis à cette rutilante rondelle. Quant au concept « cérémonial » et occulte de leurs prestations, elles garantissent à cet ensemble une expérience live qui doit valoir le coup.
PS : il existe une reprise du « Black Sabbath »… de Coven (oui, le doute était permis…) disponible sur quelque édition de ce disque (version double LP a priori), soyez vigilants donc pour ne pas rater cette aubaine.

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