Lonely Kamel – Death‘s-Head Hawkmoth


 

Shit City, leur album précédent, a pu représenter une sorte de plateau pour les norvégiens : le groupe perfectionnait son style et ronronnait humblement sa musique, un peu en mode automatique. L’album contient son lot de moments forts, tout en ne s’éloignant pas trop du cahier des charges espéré par Napalm Records à l’époque. Pas de révolution, prise de risque limitée, efficacité au taquet. Les prestations live du groupe ont été à l’avenant : solides et puissantes, sans folie toutefois ; on en a toujours eu pour notre argent. Mais la jolie mécanique scandinave a connu quelques ratés : Lukas Paulsen, soliste flamboyant et caution cool du groupe en live, a quitté le groupe. Contraint par l’obligation d’assurer une série de dates quelques semaines plus tard, le désormais trio jette vite son dévolu sur leur pote, le jeune Vegard Strand Holthe, qui fait le job. Plus que ça : le six-cordiste se retrouve impliqué dans la composition de ce Death‘s-Head Hawkmoth (atchoum) et par la même bombardé quatrième membre officiel du groupe. Plus étrange encore : alors que sur une autre série de dates le nouveau venu se retrouve lui-même indisponible, le groupe demande à Jøran Normann de le remplacer et… l’embauche lui aussi ! Lonely Kamel est donc désormais officiellement un quintette (!!), sans que l’on sache vraiment ce que ça signifiera concrètement, notamment en live. Pour couronner le tout, le groupe a changé d’écurie, passant chez les excellents Stickman. Un plus petit label toutefois, bien moins exposé que Napalm, dont ils faisaient pourtant partie des plus anciennes signatures… Et cerise sur le gâteau, Death‘s-Head Hawkmoth (à vos souhaits) marque aussi les dix ans de carrière du groupe. Bref, toutes les bases d’un album WTF sont posées, on est bien…

Death’s-Head Hawkmoth(à vos amours) est un album ramassé, dense : six « vrais » titres seulement, allant de 5 min à 11 min (on ne comptera pas l’intermède « Move On » qui est en réalité l’intro de « Inside »), pour un peu moins de 45 minutes au total. Pas de gras dans la viande, que du muscle. Comme sur tous les albums du chameau solitaire, il y a quelques titres plus dispensables en revanche : même s’ils ne font pas du remplissage, des morceaux comme « Psychedelic Warfare » n’apportent pas grand-chose au global : ça riffe bien, ça chante bien, ça groove bien, ça joue bien… Mais l’étincelle ne jaillit jamais vraiment. Idem pour le très génant « More Weed Less Hate », hommage up peu trop évident et un peu lourdingue à Motörhead, qui n’apporte pas grand-chose au final.  En revanche, le disque comporte un lot assez remarquable de très belles pièces, à l’image de ce « Inside » de belle facture, somptueuse pièce maîtresse allant même taper dans des contrées space rock à la Monster Magnet pour amener une orgie de guitares (leads, riffs, soli, harmonies…) du plus bel effet. On mettra aussi en avant le très bon « Inebriated », du Lonely Kamel classique, mais exécuté à la perfection : mid-tempo riffu à souhait, dense en soli et doté d’un refrain bien catchy. Dernière pièce maîtresse du disque « the Day I’m Gone », morceau fleuve de onze minutes à l’intro pourtant un peu mièvre, qui amène l’auditeur vers des sentiers étriqués ouvrant la voie à une armada de nappes de guitare enchevêtrées dans une sorte de jam orgiaque aux frontières du psyche. De quoi finir son trip avec la banane.

Quoi qu’il en soit, avec cet excellent Death’s-Head Hawkmoth (un mouchoir ?), Lonely Kamel ne propose toujours pas la pièce maîtresse qu’il a probablement le talent de produire, l’album parfait et référentiel qu’il a certainement encore sous la pédale. En revanche, le potentiel qu’il confirme ici, sur un album qui constitue de tant de manières un virage dans la carrière du groupe, laisse entrevoir de grandes choses pour le groupe, s’ils se donnent les moyens de s’appuyer sur ces acquis et parviennent à réunir les conditions ad’hoc. Si l’on tient compte du fait que ces enregistrements datent déjà d’il y a plus d’un an ( !!) , espérons que les prochaines prestations live du groupe nous donneront confirmation de la solidité et de l’efficacité de son line-up actuel. Auquel cas le prochain effort pourrait bien être dantesque.

Note de Desert-Rock
   (7.5/10)

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