Mars Red Sky – Stranded In Arcadia


mrs-stranded

La rythmique est lourde, sourde, sombre, à un point que l’étouffement pourrait nous prendre dès les premières secondes. Mais les lumières percent : une guitare, de la reverb, un chant, haut et lointain. Des couleurs apparaissent : jaune, ocre, rouge. Nous voilà sauvés mais déjà loin, si loin…
Voici en peu de mots l’effet Mars Red Sky.
L’artwork de la pochette laisse maintenant place au doute. Sommes nous sur un semblant de Mars avec ce simili-cercueil déjà présent sur leur EP ? Sommes nous finalement sur une terre ravagée, comme pourrait nous le laisser subodorer le Christ Rédempteur à l’horizon ? Ce rocher extrait de l’eau par le trio ne serait-il pas le météore de leur premier album ? Depuis refroidi, digéré ? Il me semble qu’on peut voir ici un message quand à ce qui nous attend : une évolution.

L’introduction du premier morceau (« The Light Beyond ») n’est pas sans rappeler celle de leur collaboration avec Year of No Light. Quelques notes lointaines pour mieux vous surprendre et quand la voix de Julien Pras arrive vous êtes déjà transportés. On retrouve bien sûr tout de suite leur style et ce avec plaisir. Mais, au bout de cinq minutes nostalgiques, commence une montée riche en émotion qui trouvera son paroxysme dans les cris libérateur d’une voix plus intense que jamais. Passons tout de suite à « Holy Mondays » qui est certainement le morceau le plus entraînant de l’album. Une base lancinante et un refrain si entêtant que votre cerveau l’intégrera dès la première écoute. En un mot : efficacité.
Nous voilà arrivés au cinquième morceau, celui qui donne en partie son nom à l’album : « Arcadia ». On est là face à un instrumental de presque six minutes en forme de longue complainte mélancolique. La section rythmique, menée par Jimmy Kinast (basse) et Mathieu Gazeau (batterie), reprend un motif simple et lent jusqu’à épuisement. Par dessus, la guitare surnage. Le tout finit quand, dans une apothéose orgiaque, la guitare active la fuzz, reprend le motif, l’accélère puis le laisse filer… Voilà une dose pure de psychédélisme.
Pour « Seen A Ghost » déjà présent sur l’EP inter-albums la ligne de voix est étrange. Elle semble avoir été extraite d’un morceau pop puis mixée avec un cantique pour être ralentie, compressée, dénaturée. L’effet peut être déstabilisant. Pourtant l’intégration est parfaite et marque une expérimentation réussie.
Le dernier morceau (« Beyond The Light ») sert d’outro et reprend le premier motif de l’album pour boucler la boucle, comme on dit. L’ajout de vagues sonores permettant de voguer tranquillement vers la réalité.

Je vous laisse la découverte du reste mais sachez que la galette ne semble posséder aucune faiblesse. Chaque morceau évite la redite et possède son originalité, ses subtilités. Le rythme est totalement maîtrisé et nous entraîne sans difficultés, en alternant les plaisirs et les émotions, jusqu’à la fin. L’album semble en fait plus ambitieux que le précédent. Les greffes apportées à leur style en sont la meilleure illustration. La voix, plus affirmée et nouvellement enrichie de nombreuses variations, permet la création de nombreuses ambiances. Les expérimentations instrumentales vont aussi plus loin, plus souvent, plus longtemps. Pour finir, la production est d’excellente qualité. Elle évite le marasme sonore et garde un côté très « naturel ». En somme, le seul reproche pourrait se porter sur la durée avec 7 morceaux et demi pour une quarantaine de minutes. Je crois que je suis simplement trop gourmand mais bon sang que ces Bordelais sont bons !

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