Monster Magnet – Milking The Stars : a re-imagining of Last Patrol


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Difficile de cerner la démarche de Monster Magnet. Quelques mois après la sortie de leur album « Last Patrol », ils sortent ces jours-ci ce « Milking The Stars : A Re-Imagining of Last Patrol », et tout est dit dans son titre : il s’agit d’une sorte de nouvelle interprétation partielle de « Last Patrol », un excellent disque qui avait en l’état fédéré la quasi-intégralité des fans, médias, etc… A partir de là, quel intérêt d’en proposer une nouvelle version, si l’original a si bien marché ? Pas pour gagner du fric en tout cas, le niveau de rémunération issu des ventes de disques de nos jours ne rendant pas très rentable l’investissement de temps associé à l’opération… Quoi qu’il en soit, on se retrouve à décortiquer la fameuse galette, essentiellement le fruit du travail de l’hydre à deux têtes aux manettes de l’aimant à monstre, Dave Wyndorf / Phil Caivano.

On commence par un inédit, « Let The Circus Burn », qui à défaut d’être intéressant, donne le ton : une plage de 7min25 chargée d’orgue à tous les étages (en lead, hein, pas de vulgaires nappes spacy par derrière), sur une rythmique basse-batterie lancinante, avec des fulgurances guitaristiques déstructurées. « Mindless Ones ’68 » ensuite reprend quasiment à l’identique « Mindless Ones » en substituant la guitare lead par… des plans d’orgue ! C’est papa Wyndorf qui s’est fait plaisir… Résultat, une vision complètement psyche de ce titre qui semble atteindre l’objectif visé : quelques aménagements peuvent, dans certains cas, donner une interprétation du titre complètement différente. On retrouvera plus loin « Hellelujah (Fuzz And Swamp) » qui lui aussi revisite « Hallelujah » avec une gratte sèche omniprésente, lui donnant une tonalité « cajun » étonnante, et moins « blues » que la version originale. Distrayant.

On passera pudiquement sur les versions sans grand changement de « No Paradise For Me » (réinterprétation de « Paradise », un peu rallongée, sans réelle valeur ajoutée) ou « The Duke (Full On Drums ‘N Wah) » (effectivement doté comme son nom l’indique de batterie en remplacement des percus initiales et de quelques soli bien chargés de pédale Wah-wah)…

« End Of Time (B-3) » (resucée de « End Of Time » – vous suivez ?) ne change pas complètement la vue de ce titre, mais lui apporte une fraîcheur intéressante, notamment via l’incorporation de soli en duo clavier – guitare assez saisissants sur la seconde partie du morceau. Dans une veine légèrement différente, la nouvelle version de « I Live Behind The Clouds » propose un changement de production original : finis les vocaux la tête et les épaules au dessus du reste des instruments dans le mix, et finis aussi les soli cristallins, place aux soli plus « bruts », pour un morceau finalement plus dense, pas inintéressant. « Stay Tuned (Even Sadder) » comme l’indique son nom déploie tous les artifices instrumentaux les plus lourdingues (orchestrations grandiloquentes, écho, soli larmoyants…) pour tirer ce titre initialement assez dépouillé vers un pathos un peu trop ostentatoire pour être honnête.

Côté inédits, on trouve un peu plus loin « Milking The Stars », un titre de space rock qui tire un peu en longueur, dénué du moindre riff digne d’intérêt… Ce titre était, si l’on en croit la rumeur, initialement prévu pour « Last Patrol » ; clairement il n’était pas au niveau, et le processus de sélection naturelle a bien joué son rôle. Autre inédit, « Goliath Returns » est une nouvelle plage instrumentale (bruitiste ?) dans la tonalité (atone ?) de « Let The Circus Burn »… Next !

Ah ben tiens, pas de « next », ça s’arrête là car la version promo du disque ne dispose pas des deux titres live, « Last Patrol » et « Three Kingfishers », qu’on nous vend comme « rallongés et réarrangés »… Dommage ! Après de très nombreuses écoutes, on se retrouve toujours un peu désarçonné lorsqu’il devient nécessaire de donner un avis sur le disque. En tant qu’entité autonome (comprendre : sans lien avec « Last Patrol »), le disque n’est pas inintéressant, même s’il est un peu hétérogène (c’est une évidence). En tous les cas, il ne donne pas une illustration de ce qu’est Monster Magnet. En tant que « variation » de « Last Patrol », il apporte certes un regard parfois intéressant, même si parfois trop superficiel pour être probant. On peut par ailleurs questionner la pertinence de cette sortie, maintenant : on comprendrait l’intérêt de ce travail sur un vieux disque, une production devenue datée et culte, qui tirterait bien bénéfice d’un effort réjuvénateur de ses géniteurs. Mais là, ça ressemble plus à un petit plaisir des musiciens, qui n’ont pas vraiment en cible la satisfaction de leurs fans. La démarche n’est pas condamnable en soi, mais le risque est grand que les fans n’apprécient pas tous ce petit caprice.

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