Rescue Rangers – Join Hate


Finalement lorsqu’on y repense, Rescue Rangers n’a jamais été autre chose qu’un groupe grunge tombé par (un relatif) hasard au sein des rangs du stoner français. Ce postulat était clair dès les premières notes de « Sounds of the Katana », ouvrant Guitars and Dust Dancing, le premier (vrai) album du groupe en 2008. Mais quelques concerts avec Nick Oliveri, Mondo Generator, Hermano et Red Fang plus tard, ainsi qu’« Hassan Sabbath », délicieuse pièce psychédélique (que l’on sait aujourd’hui tenir d’une obsession certaine pour Pink Floyd) ont eu vite fait de classer nos rangers du risque au sein de la communauté fuzz hexagonale, en pleine expansion en ce début des années 2010. Pourtant la publication de Manitoba en 2012 aurait dû nous (re)mettre sur la piste : malgré quelques titres quelques peu embrumés, l’album est direct, comme un bon coup de Converse sur la clenche d’une pédale Big Muff. Foisonnant de riff punkoïdes, ce qui reste – à mon sens – le meilleur effort du trio est en vérité un disque grunge qui ne dit qu’à moitié son nom.

Qu’à cela ne tienne. Incompris, en marge d’une scène qui s’est trouvée d’autres idoles à applaudir, Rescue Rangers se mue dans le silence. D’essais peu concluants de musiciens en concerts discrets, d’aucuns (et moi le premier) pensaient que le groupe avait jeté l’éponge. Mais voilà que la formation marseillaise revient avec Join Hate, troisième opus issu de sessions avec Page Hamilton à la production. Oui Page Hamilton, celui de Helmet (le groupe les prendra sur la route pour quelques concerts début 2017). Join Hate, un album garanti avec 0% de stoner dedans. 11 titres, jamais rien au dessus des 3 minutes (enfin si 3 minutes et 1 seconde, pour me faire mentir), du riff punk et du refrain oscillant entre grunge et hardcore. Entre Nirvana et Unsane. A la Helmet quoi. Le son est impeccable et l’album est pétri des qualités inhérentes à son compositeur et seul maitre à bord : Pascal Mascheroni. Bravo.

Il se dessine là la limite de votre serviteur quant à parler plus en détails d’une musique qui sort clairement du champ de sa compétence. Alors, tout en vous invitant à jeter une oreille au disque, je me permets de crier mon désespoir quant à la façon dont il a été publié. Page Hamilton est venu en personne à Marseille enregistrer Rescue à l’été 2015 et le résultat de ces sessions est publié deux ans plus tard, sur F200, un label qui n’existe pas (encore ?), juste assez tard pour que le trio ne l’ait pas en main lors de sa tournée en ouverture d’Helmet. Ajoutez à cela une communication inexistante (la page Facebook du groupe est très peu alimentée, parfois pendant 1 an, avec simplement une photo de… chat), une vraie instabilité du personnel et un nombre de dates famélique et vous obtiendrez la chronique d’un échec programmé.  Je veux bien passer ma vie à crier au manque de reconnaissance des nombreux groupes de qualité émaillant la scène française, mais à ce niveau, Join Hate n’est rien d’autre qu’un météorite rock s’écrasant sur le corps d’un suicidé. Triste à pleurer.

 

Point vinyle:

Aucune info n’a filtré du label qui n’existe pas. Pour le moment la sortie est dématérialisée, en attendant le CD, annoncé au 8 septembre. Autant vous dire que je suis pessimiste quant à la publication d’un vinyle.

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1 commentaire
  • ARGH!!!! (crie d’horreur à la lecture du début de la chronique)
    Non Rescue Rangers ne font pas du stoner ou fuzz, donc effectivement, essayer de les chroniquer sur la base habituelle est vouée à l’échec.
    Join Hate est « juste » un putain d’album de rock. Le meilleur entendu en France depuis que les Thugs ont jeté l’éponge.

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