Sourvein – Aquatic Occult


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Sourvein fait partie des vieux de la vieille. Cette formation américaine de Caroline du Nord exerce son courroux depuis 1993. 23 ans au service d’une musique poisseuse à l’accent du Bayou (bien qu’elle ne vienne pas de Louisiane, donc). Cette longévité est due à la ténacité d’un seul homme, T-Roy, frontman et unique membre permanent depuis la création du groupe. Oui, Sourvein est toujours debout, et ce Aquatic Occult en est la preuve vivante, et flottante.

La région du Cape Fear qui a vu grandir T-Roy est assez éloignée de l’image des villes côtières américaines qu’ont voulu nous imposer David Hasselhoff et son moule-burnes.
Le bronzage et le surf n’est pas ce qui a marqué l’enfant et qui a construit l’identité de son futur groupe, Sourvein. Loin de ce bonheur édulcoré, il retient la misère de Carolina Beach, une plage où le célèbre pirate anglais Barbe Noire se planquait il y a deux siècles et qui a maintenant laissé la place aux dealers et au port du cran d’arrêt.
Sourvein, c’est donc ça, un sludge rustre, vigoureux, et ne laissant filtrer aucun rayon de soleil. Avec une grosse discographie (3 albums, 8 splits et 3 EP) et un nombre incalculable de tournées aux États Unis et ailleurs aux côtés de Saint Vitus, High On Fire ou Bongzilla pour ne citer qu’eux, Sourvein s’est taillé une solide réputation dans le milieu. Malgré tout, la reconnaissance n’a jamais été à la hauteur de son talent, et la persévérance de T-Roy a de nombreuses fois failli s’éteindre.

Enfin, mes années de dur travail ont payé, nous dit T-Roy concernant son petit dernier, Aquatic Occult, sur lequel il a convié certains des ses amis, comme Randall Blythe (Lamb Of God) ou encore Mike Dean (Corrosion Of Conformity), producteur de l’album. En 2011, alors qu’il erre entre les hôtels miteux et le sable pernicieux de Carolina Beach, il commence l’ébauche de Aquatic Occult. Mais le cœur endolori par la perte récente de sa mère, il donnera naissance au sauvage Black Fangs, incapable de taire ses maux. Aujourd’hui, le calme est revenu et Aquatic Occult a profité de cette éclaircie pour voir le jour. C’est en partie grâce à Metal Blade Records, son nouveau label, qui, n’ignorant pas le potentiel du bonhomme, est allé chercher T-Roy pour lui tirer les notes des mains. Des labels, il en a vu défiler, mais celui là semble le bon. Gageons que cela soit vrai. Toujours est-il que Aquatic Occult marque une volonté de changement évidente dans la carrière du groupe.

D’abord, T-Roy n’a jamais autant utilisé sa voix claire. Ce choix change complètement l’ambiance de chacun des titres et éclaire le groupe d’une lumière nouvelle. L’eau a lavé une bonne partie de la crasse ambiante et montre un groupe plus frais. Des titres comme « Avian Dawn » ou « Capsized » pourraient presque faire penser à du Fu Manchu, c’est dire. Évidemment, la noirceur n’a pas disparu mais demeure cette fois-ci dans un style plus léger et romanesque. Le groove, lui, est là du début à la fin. C’est que l’homme brille magnifiquement dans la composition de riffs entêtants et captivants. « Aquanaut », « Urchins » ou encore « In The Wind » sont de purs bijoux de mélodie, en plus d’être de belles déclarations d’allégeance au grand Sabbath. Le plus déroutant reste la présence de trois titres courts parsemant l’album : « Mermaids » et sa guitare suraiguë et maladroite, sonnant comme un hymne entonné par les dockers du port qui ne pensent qu’à boire. « Cape Fearian », où T-Roy, porté par le bruit des vagues, nous récite un poème. Enfin, « Bermuda Sundown », une ballade à la basse accompagnée d’une voix passée dans les pales d’un ventilateur. Le dernier morceau, « Oceanic Procession », a même l’audace d’intégrer quelques claviers.

T-Roy souffle sur son habituel sinistre sludge une légère bise qui gonfle la voile et porte le vaisseau Sourvein sur de nouveaux rivages. Ajoutant une certaine désinvolture à une lourdeur toujours présente, il donne naissance à son album le plus dynamique, mais surtout le plus riche et abouti musicalement, regorgeant de surprises et de virages inattendus, sans jamais se prendre un iceberg. Au cours de ce voyage de 14 titres, dont le plus long titre à 4 minutes 20, vous croiserez entre autres des sirènes, le trident de Poséidon, le Cape Fear, et vous oublierez rapidement la terre ferme.

Le témoignage d’un marin enfin au sec après une longue et pénible traversée en mer, d’un marin battu par les flots, mais qui ne sombre pas.

À déguster avec : des oursins (aux pointes acérées mais au cœur moelleux)

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