CONAN + MONOLORD (+ Powder for Pigeons) – 10/10/2017 – Bordeaux (Void)

Nous nous devions d’être présents à la date parisienne de cette tournée Monolord + Conan, qui se retrouvait affublée d’une paire de super groupes supplémentaires (voir notre chronique ici). Mais nous n’avons pas hésité longtemps pour aller voir une autre date de cette tournée impressionnante, deux jours plus tard à peine, dans un format plus « traditionnel », afin d’évaluer le poids (le mot n’est pas usurpé) de ce plateau, dans une configuration plus « normale ».

Nous voilà donc à Bordeaux où les maîtres du doom font une escale grâce aux Make it Sabbathy. Le public, pas toujours des plus véhéments dans cette ville, n’a pas boudé ce soir, remplissant très correctement le petit Void.

 

Un public pas encore au complet lorsque le duo australo-allemand de Powder for Pigeons prend la scène, grâce à une excellente opportunité de tournées concomitantes, permettant au duo de se produire en introduction de cette tournée des deux géants du doom. On pouvait craindre en revanche que le jeune groupe se retrouve un peu « léger » face à ces poids lourds, dans tous les sens du terme. Dès les premiers accords, il apparaît évident que le groupe compense par son énergie son déficit de lourdeur musicale : ne travestissant pas leur musique, ils se donnent à 100% et finalement proposent une introduction rafraîchissante et bienvenue. Il faut dire que sur scène c’est carré, ça joue, et ça envoie ! Guitares velues et fuzzées de Rhys, batterie punchy et parfaitement en place de Meike : le duo fonctionne parfaitement et le set laissera un très bon souvenir.

 

Très attendu, Monolord prend la scène juste après, clairement prêts à en découdre. Niveau énergie, Monolord c’est un peu ce qui se fait de mieux au niveau du doom, pile poil entre la nonchalance emblématique du genre et l’exubérance absolue : ni trop, ni trop peu. Mika Häkki est comme à son habitude déchaîné, maltraitant sa basse pour en tirer des riffs (oui oui, des riffs de basse… on en est là !) lourds et gras, et des rythmiques nerveuses, soutenu en cela par un Esben Willems qui, l’air de rien, caché derrière son kit, frappe comme une mule sans jamais flêchir. Thomas Jäger n’est pas en reste, moins exubérant scéniquement, il débite les bûches à l’envie, et enrobe le tout de vocaux qui, s’ils n’ont jamais impressionné quiconque par leur originalité ni leur génie, font encore ce soir impeccablement le job. Les titres du dernier album, comme « Rust » et « Where Death meets the Sea » en intro, passent bien l’épreuve du live (on n’était pas trop inquiet…), malgré certains arrangements perfectibles ici ou là. Comme toujours, la conclusion sur « Empress Rising » emporte tous les suffrages, d’une manière devenue un peu irrationnelle, mais on ne s’en plaindra pas, les zicos se déchaînant sur la fin du set. Très belle claque, et le public est incandescent.

 

Pas un vrai cadeau pour Conan que ce slot de tête d’affiche. Le trio anglais ne l’a pourtant pas volé, ni par sa carrière, ni par son talent. Pourtant depuis quelques années le solide combo se fait un peu tailler les croupières par la jeune garde doom, emmenée elle-même par des combos comme… Monolord ! Pourtant le groupe de Jon Davis ne se préoccupe pas de ces considérations au moment de fouler la scène sur le solide « Crown of Talons ». Le patibulaire et bonhomme guitariste se cale en bord de scène et lâche ses gros riffs, un à un, avec l’assurance du gars qui n’est pas dupe sur l’efficacité d’une bonne compo doom. Le public de son côté sait en reconnaître une quand il en entend une, soit dit en passant, et les nuques commencent à battre en cadence jusqu’au fond de la salle. Une cadence bien plus lente et pesante que pour Monolord : on est dans un doom plus classique ici, Conan n’amène jamais très haut le compteur des BPM. De temps en temps, Davis se rapproche du pied de micro pour venir hurler quelques vocaux sanguinaires bien sentis, bien aidé en cela par un Chris Fielding qui apporte un contrepoint beuglé plutôt sympa en terme de nettoyage auriculaire. Le gars est furieux derrière sa basse. Le nouveau batteur (encore un…) assure, c’est carré, pas de soucis. Le set se termine sur un « Total Conquest » qui ne laissera planer aucune ambigüité sur la qualité du concert de ce soir : bien moins dynamique et énergique que Monolord, Conan a fait ce qu’il sait bien faire : déclencher un déluge de riffs pachydermiques dévastateurs sur un public qui les digère un à un, mais s’alourdit un peu plus à chaque nouvelle cartouche, pour finir quand même bien amoché. Une autre vision du doom, et c’est bien ce qui rendait ce plateau et cette tournée particulièrement intéressants. Le doom n’est pas mort !

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