MAIDAVALE (+ Denizen) – 21/02/2018 – Bordeaux (Void)

Peu familier de Maidavale, c’est avec une certaine circonspection que je m’engouffre ce mercredi soir dans l’antre du Void. Les soirées Make it Sabbathy ne m’ayant encore jamais déçu, ça a fini de me convaincre d’affronter le froid girondin…

C’est les montpelliérains de Denizen qui ouvrent le bal ce soir. Groupe français passé sous mon radar depuis des années, je découvre un quatuor de grande qualité. Trop peu de concerts ? Rendez-vous manqués ? Promo mal ajustée ? Mauvais timing ?… Les raisons de cette découverte tardive sont à trouver quelque part là dedans, mais peu importe : apprécions le moment présent ! Le set déroulé sous les yeux d’une assistance de bonne composition (à vue de nez un Void à peu près moitié rempli, ce qui n’est pas mal du tout pour des groupes de notoriété intermédiaire et une date pendant les vacances scolaires) est de très bonne facture : c’est carré, ça joue bien, et le groupe dispense une énergie sur scène qui n’est pas forcément habituelle chez leurs homologues. Faut voir Fabien le chanteur arpenter dans tous ses recoins la micro-scène du Void et headbanguer dans tous les sens, si possible en bousculant ses potos musicien (là où y’a de la gène…) voire en allant se frotter au public en allant beugler depuis le pit. A l’aise. La communication passe bien avec le public, le chaleureux accent du Sud du lascar participant à l’ambiance bonenfant de l’ensemble. Musicalement, si on n’est pas transcendés par l’originalité de la chose, on apprécie les plans maîtrisés allant de passages trippants limite psyche à des tombereaux sludgesques de bon goût, agrémentés d’une profusion de passages à forte teneur Kyuss-ienne. Rien à jeter. Un groupe à suivre (oui, je suis bien conscient de l’absurdité d’un tel commentaire pour un groupe qui va gentiment sur ses 15 ans de carrière… Mais mieux vaut tard que jamais !).

Denizen

 

Même posture vis-à-vis de Maidavale : à peine survolé sur album, je m’attendais à un énième groupe de retro rock dans l’aspiration Witchcraft/Kadavar/Graveyard. Et bien on a eu exactement ça… mais en très bien ! Pour être honnête, Maidavale se distingue de la « meute » par un spectre musical bien plus vaste, et une énergie complètement atypique. Musicalement, oui, on est bien tombé pieds joints dans les 60s/70s, blues rock à la base, et chargé en psyche trippant du meilleur aloi. Jusque là rien d‘extraordinaire sur le papier. Sauf que le quatuor suédois injecte dans sa mixture non seulement des incartades stylistiques fort bienvenues (on pense aux plans percus limite tribaux qui font tout le sel de groupes comme Goat, usés ici avec parcimonie mais grande efficacité) mais surtout une efficacité instrumentale et musicale redoutable : on apprécie la véritable osmose musicale, qui associée à une très bonne maîtrise technique offre à l’auditoire conquis des morceaux solides, à l’interprétation sans faille. Il faut voir cette base rythmique basse-batterie remarquable à l’œuvre pour comprendre ! Ne reste plus alors qu’à Sofia Ström à caler ses excellents solo ou ses riffs et on est au top !

Maidavale

Scéniquement ces dames ne sont pas les plus déjantées, mais tout est quand même assez maîtrisé, et on peut compter sur Matilda, en grande prêtresse du micro, pour dynamiser la présence scénique de l’ensemble. Reste « l’éléphant dans la salle », à savoir que oui, c’est un groupe 100% féminin. Sauf que ça ne devient plus un sujet passées les cinq premières minutes et les premiers riffs dégainés. Forcément il y a toujours le gros lourd du coin qui provoque des rires gras avec des remarques bien relous type « will you marry me » (on a beau avoir vécu les vagues #metoo ou #balancetonporc, manifestement certains sont restés bloqués quelques décennies en arrière), mais le mépris affiché par les membres du groupe est la seule posture valable. Vite oublié.

Maidavale

Le gros du public est de toute façon complètement conquis et ondule avec le sourire pendant toute la soirée. La rupture à la fin du set est d’ailleurs tellement brutale que le public exige un rappel à corps et à cris, et obtient gain de cause sur un dernier « The Greatest Story Ever Told », titre-somme quasi-épique qui vient synthétiser les plus grandes qualités du groupe. Il n’y a pas de meilleures soirées que celles dont on n’attendait pas grand-chose et qui nous font repartir avec une paire de disques sous le bras !

1 commentaire
  • William Hertz

    Bien content que Maidavale ait gagné ton estime et bénéficie d’une chronique élogieuse !! Hâte de découvrir leur nouvel album prévu au Printemps !

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