MOTOCULTOR 2016 – 19-20-21/08/2016 (St Nolff)

St Nolff et son site de Kerboulard fait partie de ces charmantes petites bourgades annuellement envahies par une cohorte d’individus peu discrets et en perpétuelle déshydratation : nous. Le Motocultor donc, ses trois scènes aux noms délicieux et sa programmation éclectique, qui laisse chaque année une place de plus en plus importante à nos groupes chéris. Il ne nous en fallait pas plus pour traverser la France et aller vous reporter ces trois jours en Britanie, parsemés de bûches et d’embûches, depuis le trajet jusqu’à la rédaction de cette chronique, en passant par la météo (toutes nos excuses d’ailleurs pour ce délai inhabituellement long et indépendant de notre volonté).

JOUR 1 : Papa c’est quoi le death metal ?

THE MIDNIGHT GHOST TRAIN

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A peine (enfin) arrivé sur l’agréable site du festival qu’une voix bourbonnée nous fait hâter le pas pour rejoindre la Massey Ferguscene, le plus petit des deux chapiteaux. The Midnight Ghost Train y taquine comme à son habitude stoner du désert vitaminé et bluesy, mêls à une énergie aux frontières du punk hautement communicative. Un des points forts du combo du Kansas, qui participe grandement à faire entrer dans sa danse un public qui ne demandait que ça, c’est la proximité de l’intenable Steve Moss avec son audience, qui s’en donne elle aussi à cœur joie. Il faut dire que les compos du trio sont taillées pour le live et incitent clairement les festivaliers à se chauffer pour la suite. Ces derniers ne se font pas prier, répondant généreusement aux nombreuses sollicitations du frontman vers qui la majorité des regards sont tournés. Non pas que la section rythmique, pêchue et groovy à souhait soit inintéressante, mais ce trublion de guitariste/chanteur occupe quasiment à lui seul la totalité de l’espace scénique. Sa guitare parait toute petite et quand sa grosse voix rauque résonne, on a fatalement tendance à écouter ce que ce monsieur a à nous dire, encore plus spécialement lorsqu’il dédie le dernier morceau, un blues interprété à capella en forme de pied de nez, à son père… Un set déroulé à un horaire parfait pour TMGT qui aura assurément gagné de nouveaux fans malgré un son assez mal équilibré, faisant la part belle aux fréquences basses superflues et désagréables (une tendance qui apparemment se sera pourtant améliorée au cours de cette première journée).

Confirmation en passant voir Grave puis Rotting Christ sous la Dave Mustage, pour qui la technicité exige une propreté sonore autre qu’un déluge de grosse caisse…

ENTOMBED A.D.

Fort heureusement il en sera tout autre en découvrant la Supositor Stage, la seule (petite) scène extérieure idéalement entourée d’arbres et dont l’accès en pente est très agréable pour la visibilité de tou(te)s. En assistant aux balances d’Entombed A.D., on sent qu’il va se passer un truc costaud. Plus facile que sous les chapiteaux de gérer la diffusion des basses et le son va ici être à la hauteur de la carrière des suédois. Les craintes dues à l’éclatement du groupe s’envolent avant même les premières notes, les gaillards sont en grande forme et vont nous envoyer un petit best-of de leur death reconnaissable à l’accordage bien plus bas que la normale. Car depuis plus de 20 ans et le mythique Wolverine Blues, toujours bien présent dans ses playlists, le groupe s’est employé à alourdir sa musique, si bien qu’on est dans un groove régulièrement pas si loin de nos tumultes habituels. La bonhommie de L-G Petrov n’ayant d’égal que sa sympathie, tout le monde s’en donne à cœur joie de part et d’autre des crash-barrières.

Après une petite escapade champêtre aux abords du chapiteau où Fleshgod Apocalypse s’emploie à essayer de rendre son death technique et symphonique compréhensible, vient le tour les norvégiens de Shining dont la réputation accapare la majorité des festivaliers restants.

 J.C. SATAN

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Mais malgré des températures en dessous des normales de saison, la curiosité et le charme de la Supositor nous attirent plutôt vers J.C. Satàn. Les bordelais(es) vont remplir leur mission du soir en en surprenant plus d’un(e) à l’aide de leur mélange déluré. Bouffant à pas mal de râteliers, on passe en gros d’un garage rock punkisant pour glisser petit à petit vers un côté plus psyché au fur et à mesure du set, bienvenu pour éviter de frôler l’indigestion. Une chanteuse dans la grande tradition noise vit ce qu’elle raconte et prend un malin plaisir à triturer la justesse de ses cordes vocales. Un grand type s’amuse lui aussi à jouer avec les dissonances, planté derrière ses claviers et autres joujous. Une bassiste discrète mais impeccable dans son rôle de grooveuse, un batteur au kit minimaliste et au jeu très percussif forment une section rythmique qui sait insister sur la répétition sans trop lasser. Ce qui laisse la place au guitariste à la fière moustache d’exercer pas mal de facéties, batterie d’effets à l’appui, avec des riffs ou des solos plus ou moins noisy, mais souvent très blues au fond et que n’auraient probablement pas renié un certain Josh Homme. Qui plus est bien au delà du simple accompagnateur et taquin derrière son micro. Une surprenante et bien sympathique découverte, un set assurément bien rodé et pour lequel l’effort fourni afin de se mettre dedans aura été récompensé. S’ils passent près de chez vous…

Point bière/cidre : Bretagne oblige, outre les trois types de bières (la Motoc’ et l’ambrée étaient bien bonnes), on a le choix entre plusieurs cidres (tous artisanaux et fort rafraîchissants). Avec Modération bien sûr, celui qui n’est jamais là (il déteste les festivals…).

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JOUR 2 : L’apocalypse selon St Nolff.

Les « nuits » en festival étant ce qu’elles sont et le « pèlerinage » ravitaillement étant ce qu’il fut, un besoin irrémédiable de gras se dut d’être comblé.

FANGE

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Et comme parfois les choses sont bien faites, c’est à Fange qu’est revenue la lourde tâche de palier ce manque. C’est qu’en termes de gras, les Rennais savent de quoi ils parlent, merci bien. Un gras crade et poisseux, qu’ils nous pressent vicieusement sur la tronche. Bien connus des services du coin et donc attendus, les quasi-locaux disposent de tout l’arsenal à sludger nécessaire. En particulier le guitariste qui comble l’absence de bassiste lui-même et constitue à lui seul une bonne partie de la tessiture du groupe. Un matos imposant exploité avec les accords et effets qui font mal, complété par un gars qui triture des sons à l’aide de pédales, ajoutant larsens et autres joyeusetés disgracieuses. Sont vraiment pas contents, et la sono de la Massey Ferguscene en gronde de plaisir. Le batteur cogne un peu trop fort pour des pieds de cymbales qu’il faudra sans cesse resserrer, quand ce n’est pas son chanteur qui fait tomber ses pieds de micros. Car ce dernier n’arpente pas seulement la scène sans arrêt, il la fracasse, la martyrise et semble vivre ces moments comme une torture exutoire, éructant de façon grave ou aigüe avec la même hargne, parfois même avec le micro plus près des cordes vocales, ou avec deux tours de jack enroulés autour du coup. Et puisqu’il n’y a pas que le sludge qui est dégueu, nos gentils amis n’hésitent pas à lorgner parfois côté d’un death voire grind poisseux (rappelant même certaines ritournelles d’Entombed A.D. la veille), alors que la pluie dégouline elle aussi de part et d’autre du chapiteau. « Eh ben putain ça fait du bien » serait-on tenté de dire mais y’a la bienséance, bordel.

Ce samedi est placé sous le signe du contraste (tant musical que météorologique) et les grands écarts stylistiques sont nombreux : on passe donc du sludge au hard rock rafraichissant de Giuda, puis au metal moderne fourre-tout mais bien foutu d’Hypno5e. On glisse à nouveau complétement, du côté punk rock aquatique cette fois avec les vainqueurs du tremplin, Sordid Ship, qui transforment la Dave Mustage en joli foutoir à l’aide de bouées et autres requins gonflables, toujours fun. Certains se retrouveront d’ailleurs devant Goatwhore, qui enchaînent là-bas dehors et qui va nous mettre une bonne taloche avec son black thrash vingt ans d’âge made in New Orleans, teinté de punk et d’un savoir faire indéniable.

VALIENT THORR

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Mais revenons à nos moutons du désert sous la Massey Ferguscene, où Valient Thorr, visiblement remis de sa dure soirée de la veille, s’apprête à investir les planches. Le son du combo privilégie la puissance à la clarté, suffisante tout de même pour apprécier l’habileté des protagonistes. Déjà couillue sur album, la musique des Thorrs en prend une paire de plus en live. Survitaminés dans ce contexte, les titres sont immédiats, les breaks, bien sentis, marchent à tous les coups et malgré leur côté parfois téléphoné, ça suinte tellement le rock ‘n roll qu’on en a cure. Les solos, en duel ou harmonisés fleurent bon le heavy (crédo également du solide bassiste), sacrée paire de gratteux que nous avons là, poussée dans ses retranchements par un batteur disons sportif, qui castagne tout le long du set avec une intensité qui le fait lui même sourire et donne cette urgence punk aux morceaux. Et puis il y a ce frontman inénarrable, Valient « you know what I’m talkin’ ’bout » Himself, que juste chanter semble ne pas contenter du tout. Alors il fait son sport en même temps, et entre pas de danses/footing et pompes, finit vite par tomber quelques couches vestimentaires. Doté d’une longueur de barbe et de cheveux équivalentes, le sieur balance ses vocaux un peu braillards avec une rapidité de diction plutôt au dessus de la moyenne, qui fait une grande partie de son attrait. Et même essoufflé, ce joyeux drille ne perd pas une seconde de son temps de parole, usant de sarcasmes sur les quelques travers de notre belle société.

Conséquence logique de tout ça, le quintet de Caroline du Nord se taille un beau succès mérité sous une tente de plus en plus mouvante, et prouve qu’il est l’un des groupes qui montent actuellement, à suivre d’ailleurs en tournée avec Clutch.

CULT OF LUNA

Le constat est accablant : il est inutile d’assister à un show de Cult of Luna depuis les premiers rangs dans l’espoir de mieux voir jouer les musiciens, ceux-ci n’étant quasi jamais éclairés de face. Même chose concernant le so n: le septuor s’étant fait spécialiste de l’occupation de l’espace sonore, l’utilisation de la stéréo prend avec lui tout son sens en étant placé au milieu des enceintes. Pour capter au mieux les subtilités des véritables toiles sonores que tissent les quatre manches, les deux batteries et les différents artifices créateurs de climats. Difficile de décrire l’imposante unité du rendu provoquée par tout ce petit monde… La petite tente est déjà bien garnie lorsque le groupe entame la vingtaine de minutes de « Vicarious Redemption ». Risquée mais réussie, cette entrée plonge directement le public dans l’ambiance froide et hypnotique chère aux suédois, capable d’immerger chacun dans ses propres méandres. Le nombre de slams par minute en prend un sacré coup. Axé étrangement aux trois quarts sur l’album Vertikal avec les interprétations des excellents « I: The Weapon » et « In Awe Of », le set sera ponctué par « Ghost Train », planant et propice à un light show épileptique, lunettes anti-éclipses conseillées. Aucun titre de Somewhere Along The Highway, pourtant joué en intégralité sur la dernière tournée, mais des morceaux choisis et enchaînés méticuleusement pour faire de ce bien trop court concert un moment hors du temps. Seuls quelques légers problèmes de son très ponctuels n’entacheront qu’à peine une prestation proche de la perfection.

NEUROSIS

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Dur d’enchaîner direct après ça, surtout avec les parrains du genre, qui vont enfoncer le clou sous la Dave Mustage d’à côté. L’atmosphère pesante est évidemment toujours de rigueur chez Neurosis, trois décennies au compteur, tout de même, au service de la chape de plomb, quand même. Une noirceur menée différemment de leurs fils spirituels que l’on vient de quitter. Plus brutes dans leurs constructions, les compos du quintet font l’effet d’un rouleau compresseur, qui sait se faire subrepticement oublier pour mieux vous aplatir. Scott Kelly, grisonnant mais toujours véhément, et ses fidèles sbires sont plus que rompus à l’exercice et se passent même depuis quelques temps de tout artifice lumineux, seuls quelques spots éclairent la scène et ne changent qu’à peine de teinte entre les morceaux. Une démonstration de gestion des ambiances uniquement musicale donc, et personne n’en met une à côté, certainement pas Jason Roeder (à ses heures perdues batteur chez Sleep…) qui sait mener une barque et allier puissance et finesse. Mention spéciale également à Steve Von Till à la deuxième gratte, qui appuie quelques vocalises, ajoutant encore en profondeur à l’ensemble plutôt bien mis en son, si l’on excepte quelques machines parfois difficilement discernables dans un mix qui défrise. Les californiens ont ainsi réaffirmé leur position dans le monde du post-hardcore plombé, si besoin était, « coincés » entre deux groupes dont ils sont une influence majeure.

Carpenter Brut va ensuite apporter fraîcheur et surprise avec leur metal electro dansant, en grande partie pour cause de perte du running-order manuscrit du jour. La toile tendue en fond de la Massey Ferguscene laisse à penser que c’est Amenra qui va investir les planches. Mais ce sont bien les frenchies, fans du John cinéaste dont ils empruntent patronyme et images, qui vont y mettre le feu. Kitch très 80’s et excellent son.

AMENRA

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Pour parachever cette soirée du post, nous avons droit à l’étoile montante du style, les belges d’Amenra. Le côté visuel est soigné, alternant pénombre, visuels souvent fixes et glauques en fond de scène ou lumières plus présentes selon l’enveloppe musicale du moment. Côté sono ça crache très fort et le quintet va prouver qu’il a très bien étudié le style, qu’il pousse dans ses retranchements. On serait tenté de réduire leur musique à un mélange des deux groupes maîtres du genre passés un peu avant, mais il faut leur reconnaître une personnalité et une façon de composer qui leur est propre. Globalement plus violent, ce post-hardcore là est aussi plus abrupt dans ses enchaînements et ses breaks qui plongent la grande tente bien remplie dans un climat asphyxiant et donne envie de se (re)plonger dans l’œuvre des flamands. Cette nuit les rêves vont être étranges…

Excellente idée que de nous avoir proposé ce triptyque éprouvant, qui aura fait planer un parfum de Roadburn en terres bretonnes.

Point bouffe : Parce que oui de temps en temps il faut se sustenter avec du solide et le Motocultor propose une carte relativement variée et correcte au niveau qualité, aux prix conformes à ceux pratiqués habituellement en festival.

 *****

JOUR 3 : Du gras, du thrash et du gras.

On quitte des belges la veille pour en trouver d’autres, pour le coup ceux de Leng Tch’e qui se sont occupés du traditionnel réveil en douceur du dimanche, à l’aide d’un death grind mené par un chanteur sacrément volubile. Ultra-communicatif derrière des musiciens indéfectibles, son growl est assassin et il fait presque à lui seul le charme de ce show. Partageant son micro avec ses fans, dans la fosse ou carrément sur scène, appelant ces derniers à un « gang-bang interracial » (comprendre wall of death avec lui en plein milieu, le bonhomme étant d’origine africaine). Sans oublier l’inévitable slam. Revigorant.

STONEBIRDS

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Après leur apparition remarquée, entre autres, au Hellfest, les StoneBirds bénéficie d’une place de choix sur la Massey Ferguscene, forts d’un album sur lequel ils ont su s’émanciper d’un stoner assez classique pour tendre vers quelque chose de plus abouti et personnel. Les compos sont longues et pas forcément immédiates, avec des constructions plutôt alambiquées et variées dans leurs ambiances, globalement sombres et introspectives, aux confins du doom, du sludge et du post. On reste bien accroché dans le set, regrettant néanmoins de ne pas s’être préalablement imprégné de la musique du désormais trio centre-breton. La façade est plutôt bien réglée mais le chant, plus rock dans l’esprit et peut être mixé un poil trop en avant, va régulièrement souffrir de problèmes de justesse sur ses passages les plus ardus. C’est que le garçon a placé la barre très haut, avec ses vocaux intransigeants et recherchés mariés à un jeu de guitare riche et travaillé. On mettra donc volontiers cela sur un jour (à moitié) sans, d’autant qu’on peut se délecter d’un jeu de basse fretless et donc souvent en glissés, lui aussi minutieux et délicat, chacun se complétant ou se laissant le soin de donner la teinte du moment. Quelques chœurs venant de la gorge s’invitent de temps à autre, et derrière les fûts ça cogne juste et propre. En gros il semblerait bien qu’il faille compter sur StoneBirds, qui s’invite dans le club fermé mais ouvert des groupes, français ou non, qui poussent le bouchon pour développer une personnalité qui commence à faire souvent défaut ces derniers temps… Plus qu’à suivre.

En guise de goûter, les thrashers de Lost Society vont nous faire faire un bon dans l’espace temps pour nous rappeler avec plaisir et brio la fougue d’un Metallica des débuts. Les (jeunes) finlandais vont déployer énergie hors du commun, technique irréprochable et retourner la Dave Mustage. Le service de sécurité, irréprochabe durant ces trois jours, aura eu du fil à retordre.

Dommage pour Vektor dont le thrash, plus tarabiscoté, sera plus compliqué à déchiffrer, malgré des musiciens de très haut niveau, en particulier un batteur/viking spectaculaire.

CONAN

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Épique, Conan l’est dans sa musique, bien sûr. Dans son rythme de tournée, aussi. Présent sur tous les fronts, le trio anglais taille vaillamment sa route, à coups de hache à trois mains. Retour de Chris Fielding à son poste derrière sa basse et son micro. La guitariste de Samothrace, Renata avait assuré l’interim avec brio ces derniers mois mais n’avait forcément pas l’amplitude vocale nécessaire pour compléter Jon Davis et ses phrasés scandés si particuliers. Si l’évolution du groupe sur son dernier rejeton Revengeance a pu décevoir certains fans, l’exécution live reste colossale de pesanteur. Servi par un mix impressionnant, une constante voire un point d’honneur chez Conan, ce doom massif nous transporte sans peine sur son champ de bataille, même dépourvu des excellents visuels qui renforçaient naguère l’immersion dans un concert du groupe. Rich Lewis est toujours aussi monstrueux derrière son kit qui ne l’est pas moins. Son jeu plus foncièrement metal, aux touches parfois jazzy et sa façon de tripoter ses cymbales ont vraiment apporté quelque chose de différent, qui explique probablement en partie la direction musicale empruntée et ses morceaux plus rapides. Blood Eagle est logiquement bien représenté avec ses « tubes », mais les débuts sont boudés, au profit bien sûr du petit dernier. Les dix minutes de « Earthenguard » concluent d’ailleurs les hostilités comme elles concluent l’album, en plongeant avec brio le chapiteau dans une lourdeur planante.

GRAVEYARD

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Surprise et volupté de retrouver Graveyard à l’affiche de ce Motocultor, probablement le groupe le moins « metal » de ces trois jours. Coutumiers du fait puisque régulièrement présents sur les plus gros festivals du genre, les suédois n’hésitent pas à introduire leur set par une ballade, « Slow Motion Countdown » en l’occurrence. Ils vont d’ailleurs insister sur cette facette de leur discographie avec quasiment un titre calme sur deux. Pari osé mais les festivaliers présents ne semblent pas s’en plaindre, loin s’en faut. Il faut dire que le son est plutôt bon et Joakim Nilsson est en voix. Axel Sjöberg va lui aussi marquer un bon paquet de points avec son jeu de batterie bien loin des codes du metal mais tout aussi (voire plus) impressionnant avec ses roulements insistants. Les extraits du dernier effort studio du groupe passent vraiment bien, notamment le très blues « Too Much Is Not Enough » (sans ses choeurs gospel) et un « From A Hole In The Wall » bien plus enlevé, chanté par Truls Mörck, le bassiste à la Rickenbacker. Une sensation de demi-teinte se dégage malgré tout de ce concert, de part le choix de la setlist, celui de la Dave Mustage un peu clairsemée et l’horaire, pas vraiment idéal pour apprécier au mieux du rock entre du doom et du sludge.

BONGZILLA

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Mine de rien, l’heure est venue d’assister au premier concert de Bongzilla dans nos contrées, vingt ans de sludge cradingue et fumeux à son actif, à base de riffs propices au jam. Je m’en foutistes jusqu’au bout des ongles, les ricains débarquent plus que tranquillement, prenant comme à leur habitude le temps de (beaucoup) fumer avant de commencer à faire larsenner leurs amplis, qui vont eux aussi fumer. Bon, on adhère ou pas au côté apologie de l’herbe du combo mais il faut avouer que ça met une drôle d’ambiance sur comme sous la Massey Ferguscene (Je rêve où tout le monde autour de moi est en train de fumer !?). « Gestation » déboule, délicieusement plombée et les nuques se délient immédiatement, sous la surveillance de Jon Davis (de Conan) qui a prêté ses baffles au guitariste/ »chanteur ». Un Mike « Muleboy » Makela en forme, dont on se demande comment les cordes vocales arrivent à supporter ce qu’il leur inflige. Le matos est très vert/orange, le son en façade est très bon et la petite heure de set va passer bien trop vite, pour le public comme pour le groupe, qui va un peu trop étirer des versions par ailleurs énormes de « Keefmaster » et « Grim Reefer », dont les breaks centraux improvisés seront prétextes à s’en refaire tourner un petit. Un nouveau morceau, le premier depuis dix ans, nous est offert et apparemment les gars du Wisconsin ne sont pas encore prêts de lever le pied sur l’épaisseur. Au contraire même puisqu’ils ralentissent quasiment tous les tempos, à tel point qu’un dernier morceau n’aura pas le temps d’être joué. Conséquence de cette nonchalance extrême, le set se conclue un peu en eau de boudin sur un jam qui commençait à traîner plus que de raison. Un concert jouissif mais alors quelle bande de sales gosses…

Le temps ensuite de se dire avec Soulfly que Max Cavalera ferait peut être mieux d’arrêter de se ridiculiser, les Nashville Pussy s’installent à côté pour faire la fête. Indéboulonnable, le groupe reste fidèle à sa réputation et balance un set impeccable en forme de greatest hits. Ce fameux couple Ruyter Suys/Blaine Cartwright tire son épingle du jeu et met une bonne ambiance sous la Massey Ferguscene qui n’en demandait presque pas tant. Elle intenable et lui débonnaire, l’alchimie est toujours présente et c’est tant mieux.

La fatigue finit de commencer à opérer mais les organisateurs ont prévu de quoi nous maintenir en éveil et en émoi. Les vétérans du thrash Testament vont atomiser la pauvre Dave Mustage qui commencerait presque à se démonter toute seule tellement tout est imposant chez les ricains : le son, les lights, Gene Hoglan… Un groupe et un line up de tueurs qui n’a pas finit de faire headbanguer les foules.

Plus que compliqué après ça de rentrer dans le set de Batushka et son black doom théatral et intrigant…

Et histoire de se finir gentiment, Ministry va finir de nous fracasser le cerveau à l’aide de son metal indus très metal et très indus. Son violent, lumières violentes, images violentes et Al Jourgensen est définitivement un frontman hors pair. Rideau.

Point camping/orga : Apparemment un des points faibles des éditions précédentes, l’organisation très amateure semble avoir fait un bond en avant. Malgré ce problème d’impression de running order et le manque d’affiches récapitulatives sur le site, on retiendra une jauge tout à fait confortable que ce soit pour les concerts ou les commodités. Quelques heures de pointes inévitables aux bars ou au point restauration, des toilettes sèches en nombre suffisant, le site et le camping sont assez bien aménagés et pensés. Bon point aussi les battements entre les concerts permettant quelques pauses sonores bienvenues. Espérons que l’aventure puisse se poursuivre et s’améliorer dans les années à venir !

[Crédit photos : droits réservés Motocultor Festival / F. Lampin, G. Mathieu, M. Wino]

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