GREENLEAF, FATSO JETSON, Blackbird Hill – 05/10/2016 – Bordeaux (Void)

On ne savait pas trop à quoi s’attendre sur cette date à l’affiche atypique (Fatso Jetson en tournée avec Greenleaf ??!), sur un mois d’octobre rempli jusqu’à l’indigestion de concerts et tournées de grande qualité, dans une ville au public versatile et insondable, en plein milieu de semaine… Et pourtant !

BLACKBIRD HILL

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Bon, lorsque les locaux de Blackbird Hill prennent la scène, on n’est pas méga rassurés par l’affluence dans la petite salle du Void : les premiers accords folk blues du duo sont entendus par une demi-douzaine de paires d’oreilles seulement. Heureusement, petit à petit le public – qui était essentiellement massé au bar à l’étage ou dehors à profiter d’une chaleur quasi-estivale – commence à garnir gentiment la salle, et semble apprécier la musique atypique de ce duo guitare-batterie pas inintéressant : reposant largement sur des accents blues-rock, le combo n’hésite pas à cracher quelques plans limite country-bluegrass pas déplaisants. Le set est maîtrisé et maintient l’attention d’un public assez bienveillant. Sympathique découverte (pour quiconque est assez ouvert d’esprit), on reverra ce groupe sans déplaisir.

FATSO JETSON

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En quelques minutes à peine, une petite tornade vient débarrasser la minuscule scène pour voir s’installer pieds de micros, guitares et basses, et quelques pédales bien senties. Du coup, très vite les parrains du desert rock prennent la scène, dans une configuration quelque peu atypique en live : le groupe protéiforme s’appuie généralement sur une structure de power trio, or sur cette tournée Dino, le fils de Mario Lalli, vient épauler le groupe avec une seconde guitare. Avec l’indéboulonnable (et impeccable de bout en bout) Tony Tornay à la batterie, et Mathias Schneeberger, leur pote qui dépanne à la basse (il remplace le cousin Larry), Fatso Jetson se présente sous un jour nouveau… Et quelle (r)évolution ! Au-delà de l’énergie de la jeunesse (et du dynamisme qu’elle apporte aux compos), ce nouveau son, ainsi que le potentiel instrumental supplémentaire, sont un vrai bain de jouvence pour le groupe : il faut les voir jouer certains plans en parfaite synchro, ou alterner rythmique et lead (profitons-en pour louer le talent du pourtant encore jeune Dino) pour mesurer la valeur ajoutée apportée par cette combinaison familiale atypique mais bienvenue. Fatso n’a jamais été un groupe à jouer la facilité, et leur set list du jour en décontenancera donc plus d’un : la quasi-totalité du set est issue du nouvel album… qui sort quelques jours plus tard ! Personne ne le connaît donc encore, mais ils s’en foutent : leur confiance dans ces compos est inébranlable, et ils ont bien raison. Après une version un peu biscornue du classique « Magma », ils enchaînent les nouveaux titres, avec une efficacité qui va crescendo. Il faut dire que depuis le début de leur set, la salle du Void s’est blindée d’un public enthousiaste, et l’ambiance est au top. Les impeccables « Then and Now » et « Nervous Eater » constituent un enchaînement irrésistible, sur lequel le barré « Portuguese Dream » (avec Dino au chant bien destroy) vient s’appuyer. Les titres défilent sans temps mort, avec des zicos à fond, et le set se termine par un vieux mais furieux « The Untimely Death of the Keyboard Player », largement déstructuré mais toujours aussi jouissif. Carton plein !

GREENLEAF

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Là encore, il ne faut pas longtemps pour préparer la scène à la configuration du quatuor suédois qui tient aujourd’hui la tête d’affiche. Il faut dire que nos lascars ont ces dernières années arpenté les routes d’Europe en long et en large et n’ont pas volé leur place privilégiée sur cette tournée des clubs (et quelques festivals). Dès qu’ils montent sur les planches, on prend acte de la robustesse scénique et du professionnalisme des scandinaves. Ils commencent par le dynamique « Our Mother Ash », et enchaînent les extraits de leurs deux dernières galettes (les albums avec Arvid au chant, quoi). L’efficacité est remarquable, et musicalement les bonhommes sont au top. Scéniquement aussi, tout le monde se donne à fond sur cette scène de 3 m², à commencer par le démoniaque Tommi qui fait voler sa casquette au bout du 1er headbang après 23 secondes… Le public semble apprécier, encore plus tassé que pour Fatso, le sourire aux lèvres. Il nous manque pourtant un petit quelque chose, à nous petits pinailleurs, difficile à définir toutefois : cet enchaînement de compos qualitatives laisse pourtant admiratif, mais leur transposition en live, même si impeccablement exécutée, n’apporte pas la fièvre que l’on pourrait espérer, et tout semble un peu téléphoné. Même l’instru « Electric Ryder » qui voit Arvid s’éclipser quelques minutes pour ce qui est finalement un long solo de Tommi (et ça fait toujours plaisir) n’apporte plus l’excitation des premières fois. Le titre serait pourtant possiblement prétexte à quelques passages jammés bien sentis… « Stray Bullit Woman », toujours aussi soul, apporte toujours une plateforme bien sentie à Arvid pour déployer tout son feeling, mais ces deux incartades sur la discographie pourtant riche de Greenleaf sont rattrapées par deux titres du dernier album en conclusion, « Tyrants Tongue » et « Pilgrims », encore une fois parfaitement interprétés. On finit le concert un peu partagé entre deux sentiments : la satisfaction d’avoir vu un très bon groupe interpréter de très bonnes compos devant un public enthousiaste est le sentiment qui prédomine. Mais l’on aimerait aussi voir ce groupe hautement talentueux se mettre un peu en difficulté, se confronter à de l’inédit, du old school, des compos moins « policées » que celles des deux derniers albums, de l’impro… Quand on voit le potentiel de ces musiciens, on regrette un peu qu’ils jouent la facilité. Mais on est très tatillons, avouons-le. C’était quand même du grand Greenleaf.

La soirée fut excellente, le public au rendez-vous, on peut donc remercier les Make It Sabbathy d’avoir monté ce plateau en terres girondines !

3 commentaires 
  • Halukard

    Hello,

    Dans l’ensemble je suis d’accord avec vous Blackbird hill bonne decouverte de la scene bordelaise qui sur le papier pouvait detonner avec le reste de l’affiche mais perso j’ai bien ete transporter.

    Mais je vous trouve dur avec Greenleaf je n’ai pas eu l’occasion de les voir avant et j’ai grave pris une fessée, du gros son maîtrisé, une technique de fou avec un public au taquet (mais peut etre pas assez j’aurais bien pogoter un peu sur certains morceaux). Je suis d’accord pour dire qu’il y a moyen de sortir des compos classiques vu le niveau des musicos mais ils sont assuré et avaient l’air d’avoir aimé partager leur set.

    Je n’ai plus eu de voix et des courbatures le landemain good job : )

  • Hey Halukard, si tu lis bien on dit à peu près la même chose que toi 🙂 Juste nous on les a vus plein de fois Greenleaf, on les aime beaucoup mais on aimerait qu’ils prennent plus de risque, voilà tout ! Là c’était un peu l’assurance tous risques : ça fonctionne très bien, on est d’accord !

  • bébert

    Complètement en phase avec votre ressenti sur les 3 groupes. Comme vous, je fus un peu déçu par Greenleaf. Je les avais vu il y a 2 ans en 1ère partie de Weedeater dans cette même salle (elle s’appelait encore L’Hérétic) et leur rock racé et aérien avait été d’une toute autre tenue, plus tendu, plus dans l’urgence, sur la brêche. Là, c’était sérieux et carré, mais ronflant, voire parfois emprunté. Et surtout, avant eux il y eut la tornade Fatso Jetson. Je ne connaissais pas du tout ce groupe, même pas de nom (bouh la honte) et ça a été une révélation. Classe, facile, original à mort, balayant et mixant une douzaine de genres différents (kraut, prog, garage, surf, stoner, punk, funk, etc.), ils m’ont mis la tête à l’envers. A mes yeux Jatso Jetson a été la vraie tête d’affiche de cette soirée bien cool.

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