DOPETHRONE (+ Fistula + Grime + Fange) – 26/10/2016 – Paris (Glazart)

Nous, gens du désert, ne faisons pas que vanter les mérites du chanvre et du houblon avec un t-shirt Karma to Burn et une casquette Dozer. Parfois, lorsque l’humeur se fait plus taciturne, on troquerait volontiers cet accoutrement de joyeux drille pour une bonne dose de violence lavée à sec et sans adoucissant. Ça tombe bien, car le 26 octobre dernier, les Stoned Gatherings ont décidé de nous tendre gentiment la bassine pour y cracher notre fiel. 4 groupes préposés au châtiment, avec, dans l’ordre, Fange, Grime, Fistula et Dopethrone. En résumé, du sludge, des cris, de la tension et du chaos. Alors virez-moi votre patch de la NASA et remplacez-le plutôt par celui du GIGN.

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Après une courte intro d’un morceau de rap dont notre faible culture dans le domaine ne nous permet pas d’identifier l’auteur, les rennais de Fange montent sur scène. Alors que les premiers sons terriblement lourds se font entendre, le chanteur fait les cent pas, remonté à bloc et prêt à exploser à la moindre occasion. Cet électron libre occupe toute la scène de ses mouvements désarticulés, joue avec le micro et réussit à capter toute l’attention du public. Cette prestation scénique parfaite pallie une musique plus difficilement convaincante, mélangeant mid et low-tempo avec parfois un peu de grind. L’alliance du guitariste, faisant plutôt office de bassiste car surement accordé en drop Z, d’un autre bidouillant des effets sonores non identifiés et poussant la gueulante au micro de temps en temps et des hurlements du chanteur, nous donne un pâté sonore très noisy et dur à digérer.

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Au tour des italiens de Grime de prendre la suite. Rien de surprenant dans le sludge du groupe : des riffs coup de poing, une atmosphère lourde et angoissante, et le spectre de Eyehategod jamais très loin. Malgré tous ces points positifs, il manque le petit détail pouvant faire la différence. On passe un bon moment, mais on n’est jamais vraiment séduit. Peut être que le chant, réduit à de simples hurlements, y est pour quelque chose. A tous ceux qui ont déjà osé dire « mais là il chante pas le gars, il crie » (de la même espèce qu’un « mais même un gosse de 4 ans pourrait faire ce Picasso »), nous aurions dû leur imposer l’enchainement très contrastant de Grime suivi de Fistula, pour leur faire comprendre que non, le chant câlin du sludge n’est pas chose aisée.

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S’en suit Fistula, donc. Avec pas loin de deux décennies d’existence et une discographie aussi longue qu’un dimanche de fiançailles chez Jeunet, les gars de l’Ohio font figure de piliers du genre doom/sludge crado/cul de joint/fragrance whisky. Se faisant plutôt rare en France, on est donc assez content de les voir ce soir. Après quelques légers problèmes de retour énervant notre chanteur au front judicieusement tatoué « rock’n roll victim », le groupe peut dérouler en toute tranquillité son set, piochant dans ses nombreux albums, même les plus anciens.
En plus du chant évoqué plus haut, le niveau général est monté d’un cran. Les compos sont mieux ficelées, mieux maîtrisées, les ambiances sont plus variées, et la fosse commence à connaître ses premiers émois, au rythme entêtant des battements de mon cœur. Transition parfaite pour le prochain groupe qu’on ne présente plus.

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Après trois albums déjà très bons dans leur besace, Dopethrone décidait en 2015 de s’imposer comme chef de file du néo-sludge avec leur quatrième et excellent opus « Hochelaga », blindé jusqu’à l’overdose de riffs géniaux et teinté d’une atmosphère sombre et savoureusement putride. Un an après, les montréalais nous ont sorti un split avec Fister et un EP intitulé « 1312 ». L’occasion était suffisante pour revenir nous faire un coucou au Glazart, « la maison », comme l’aime à l’appeler Vincent Houde, le guitariste chanteur. Les mecs se sentent chez eux, et ça se sent. Malgré des riffs à glacer le sang et une section rythmique tout simplement écrasante, l’ambiance est sacrément conviviale et bon enfant. Entre deux titres, Vincent nous balance quelques anecdotes bien barrées et joue de bon cœur son rôle de représentant d’un mode de vie délétère, préférant la vodka à l’eau et le THC à l’oxygène. Sur « Scum Fuck Blues », Dopethrone fait même monter ses potes pour partager le micro, notamment le guitariste de Fange. Au milieu de ces festivités, on retrouve pêle-mêle « Dry Hitter », « Dark Foil », « Devil’s Dandruff », le plus récent « Shot Down », ou leur fameuse reprise de « Ain’t No Sunshine », qui passe étonnement bien dans sa version Bill Withers zombifié.

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En résumé, une soirée qui a démarré doucement, avec quelques petites étincelles, pour finir en feu d’artifice.

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