BLACK SABBATH – 04/02/2017 – Birmingham (Genting Arena, Angleterre)

Une anecdote légendaire résume à elle seule l’importance de Black Sabbath sur les musiques stoner et doom : Chris Goss aurait accepté de produire Blues For The Red Sun lorsque Josh Homme, alors jeune rouquin adepte du mauvais traitement sur guitare, lui aurait répondu qu’il ne connaissait pas Black Sabbath après un concert lourd et ravageur donné par Kyuss dans un club de los Angeles. Car Sabbath ce n’est pas du stoner, ce n’est pas du doom, ce n’est même pas du metal, c’est un préalable à toute idée de musique heavy. Tony Iommi et sa bande ont, à l’aube des années 7O, défini les jalons du genre qui nous rassemble aujourd’hui. Alors, à l’heure où le monstre décide de prendre sa (énième) retraite sur ses terres natales, nous ne pouvions nous empêcher d’être présent.

Birmingham n’est pas ce qu’il convient d’appeler une ville riante. Friche industrielle en mal de reconversion, l’ancien antre métallurgique anglais fût, outre un haut lieu de production automobile, le berceau de Sabbath, Judas Priest, Godflesh, Esoteric, Napalm Death ou Doom. Robert Plant et Glen Hugues aussi sont du coin. Autant dire que oui, Birmingham est une terre de metal et c’est tout naturellement que les pères fondateurs reviennent tarir définitivement la source qu’ils ont eux même forée.

Samedi 4 février donc me voilà devant la Genting Arena – sorte de gros Bercy – juxtaposée à un complexe hôtelier, en périphérie de la ville, entre aéroport et autoroute. Quelques milliers de fans sont déjà rassemblés dans l’immense hall, se ruant sur les nombreux stands, bouffe, boisson et merchandising, dont les prix affichés, combinés à l’affluence donnent à penser que la retraite sera dorée. La salle sera pleine et déjà, lorsque Rivals Sons, chanceuse première partie de l’ensemble de la tournée d’Adieu des ¾ de Black Sabbath, monte sur scène, la fosse est bien garnie. Soyons honnête, vu mon état d’excitation à l’idée de dire au revoir à mes idoles, si gâteuses et incontinentes soient elles, j’aurais pu assister au concert de Jimi Hendrix en première partie sans lui trouver une once de talent. Je me garderai donc de jauger avec honnêteté la prestation de Rival Sons, combo hard rock revival sensuel poseur dont je pense déjà le plus grand mal en temps normal. Les quinquas anglais qui m’entourent ne sont pas avares en applaudissement quant à eux. De mon côté je saluerai uniquement leur sortie de scène, ne me séparant plus que de 20 minutes du vrai tomber de rideau.

Lorsque le backdrop (projeté) affiche en lettres nobles le nom de la bête, tout Birmingham perd la tête et c’est avec la même vidéo qu’au Hellfest (et que sur le reste de la tournée) que s’ouvre le concert.

Comment alors juger la prestation du Sabbath ? Je dirai au mieux de ce que l’on pensait voir. Évidemment les projections vidéos sont pathétiques, évidemment Ozzy fait ce qu’il peut, sans risque ni panache, abusant des « let me see your hands » et autres « God Bless You All » (sérieusement ne faites pas un drinking game sur ces deux phrases, vous risquez le coma éthylique), mais le son est énorme, parfait, et la set list, quoique sans surprise, passe en revue la période qui, en dehors de quelques illuminés, est celle sur laquelle tout le monde s’accorde comme étant la seule qui vaille vraiment. « Black Sabbath » en introduction, « Paranoid » en rappel, et les incontournables « War Pigs » ou « NIB » côtoient « Dirty Women » et « Under The Sun/Every Day Comes And Goes ». Le medley de milieu de set nous permettra de saluer une dernière fois les riffs de « Supernaut », « Sabbath Bloody Sabbath » et « Megalomania » avant l’infernal et habituel solo de batterie, qui nous laissera le temps, finalement, d’aller s’informer du score de Dijon – PSG.

Le groupe lâche des centaines d’énormes ballons sur « Children Of The Grave » et des milliers de confettis siglés Black Sabbath lors de « Paranoid ». Entre foire et concert, la foule exulte et les musiciens viennent une toute dernière fois saluer le public (l’occasion de noter la présence d’Adam Wakeman, fils de, au clavier, qui a, tradition oblige, joué depuis le coté de la scène et que l’on n’a quasiment jamais entendu) avant de gagner le droit de s’octroyer un repos bien mérité, des albums solo et surement un ou deux concerts en festivals durant lesquels ils seront grassement payés. Comptez sur moi pour nier l’existence de cette éventualité et de rêver, égoïstement, que la bête s’est éteinte dans mes bras, avec panache, un samedi soir de février 2017.

 

Set List :

  • Black Sabbath
  • Fairie Wear Boots
  • Under The Sun / Every Day Comes And Goes
  • After Forever
  • Into The Void
  • Snowblind
  • War Pigs
  • Behind The Wall Of Sleep
  • NIB
  • Hand Of Doom
  • Supernaut/Sabbath Bloody Sabbath/Megalomania medley
  • Rat Salad (L’occasion d’un solo de batterie chiantissime et d’un arrêt au stand pour les prostates fatiguées de Ozzy, Geezer et Iommi.)
  • Iron Man
  • Dirty Women
  • Children Of The Grave
  • Paranoid

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