KARMA TO BURN + EGYPT + MOTHERSHIP + XII Boar – 03/07/2017 – Paris (Glazart – Stoned Gatherings)

C’est bien connu, mois de juillet à Paris, été tout pourri. Fort heureusement, l’équipe des Stoned Gatherings est monté sur le ring et s’est battu pour faire de ce proverbe trop souvent pertinent un vieil adage périmé dont on pourra bien rire à la rentrée prochaine. Face à un combat d’une telle ampleur, pas de temps à perdre : le premier round commençait le 3 juillet dernier au Glazart, as usual, avec les lutteurs de XII Boar, Mothership, Egypt et Karma To Burn. Alors, le désœuvrement estival a t-il succombé aux assauts des masturbations de guitare ?

Avec un guitariste coiffé du bandana de Mike Muir de Suicidal Tendencies , un bassiste vêtu d’un débardeur Witchsorrow et un batteur en t-shirt Cannibal Corpse, difficile de se douter du genre musical dans lequel œuvre les anglais de XII Boar. Du brutal crossover doom ? Ils auraient au moins le mérite d’avoir inventé un nouveau sous-genre. Mais non, XII Boar est moins inventif, bien qu’il mixe tout de même plusieurs styles et arrive à surprendre. Tantôt heavy, tantôt rock’n’roll, le groupe et son chanteur à la douche voix abimée par quelques gitanes de trop tape dans des racines purement blues. « Does anybody like blues music here ?», balance le chanteur avant de se lancer dans un morceau d’un vieux crooner de bar. Ca réveille, c’est rapide et pas prise de tête. Parfait pour l’apéro.

En 2013, Mothership sortait son premier album éponyme avec le morceau « Hallucination » en ouverture : un démarrage slow tempo avant une brutale accélération et un riff à se taper la tête contre sa platine vinyle (à ne pas essayer). Quoi de mieux alors pour ouvrir leur concert de ce soir ? Les trois texans enchaînent sur le plus récent « Helter Skelter », tiré de leur dernier album « High Strangeness ». Les litres de sueur perdus par le guitariste torse nu ne l’empêchent pas de balancer des solis dopés à la testostérone de mammouth et de grimacer tout en même temps. L’énergie que dégage le bonhomme et son compaire bassiste/sosie de Bud Spencer version cheveux longs est sévèrement communicative, et le heavy rock poilu du groupe nous décroche une belle claque. Malgré ça, la fosse n’a bizarrement pas trop bougé.

     

Alors que la chaleur du Glazart commence à rejoindre celle du Sinaï, c’est tout naturellement au tour de Egypt de poursuivre la soirée. Avec son refrain supra-lourd, « Matterhorn » a le privilège d’ouvrir le set des trois américains et s’en sort carrément bien. D’emblée, nous voilà planté dans la fournaise d’un désert de cactus, accablé par le poids de ce stoner/doom égyptien. On trouve dans cette steppe aride de nombreux oasis de riffs blues infusés au rock, qui ferait headbanger n’importe quel touareg avec une minerve. Le groove de Egypt est incomparable, inégalable, et des titres comme « Endless Flight » ou le plus récent « Cracks and Lines » nous le prouve plus d’une fois. Egypt clôture son set sur le long « Elk River Fire », l’occasion pour le guitariste de montrer ses talents de soliste sur une jam qui pourrait durer jusqu’au lendemain. Mais toutes les bonnes choses ont une fin et il reste encore un groupe à qui l’on souhaite du courage, car la barre a été placé haute.

                                                                                                         

 

Karma To Burn envoie directement le pâté avec un son énormissime, ce qui déclenche (enfin) les premières agitations dans la fosse. Même sur des passages plus décontractés, le public est déchainé et il faut jouer des coudes pour rester vivant au sein du pit. C’est à se demander si le responsable de cette effervescence n’est pas la boisson dorée et gazeuse vendue au bar plutôt que Karma To Burn lui-même. Toujours est il que la machine à riff fait son effet et tout le monde semble conquis. Mais passé la première demi-heure, tout devient bien répétitif et l’énergie déployé au début retombe comme un soufflé au fromage trop cuit. Certes, Karma To Burn envoie de la bûche, soutenu entre autre par un batteur survolté, mais la bûche est trop lisse et linéaire pour capter l’attention de A à Z. Là où un My Sleeping Karma s’en sort habilement dans le registre stoner sans solo ni parole notamment grâce à des passages plus planants, Karma To Burn ne relâche que trop rarement la pression et n’offre finalement pas beaucoup de nuance. Résultat, Karma To Burn fait son job mais on s’ennuie un peu.

        

Les prochains numéros gagnants du loto? Non, la setlist de Karma To Burn.

Malgré tout, les Stoned Gatherings sortent une fois de plus vainqueurs en nous offrant cette belle soirée, dominée de loin par le grand Egypt.

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