Clutch, Mexican Morrissey, 17 juin 2013, Krakatoa, Bordeaux, France

Deux jours après une date épique en format « petit festival », la perspective de revoir Clutch cette fois en tête d’affiche sur sa tournée était séduisante. Et tant pis pour les quelques centaines de kilomètres supplémentaires consentis, rien n’arrête le rock’n’roll !! Arrivés au Krakatoa (une salle de l’agglomération de Bordeaux très sympa et de capacité conséquente – 1200 personnes au garrot), le taux de remplissage est pour le moins honorable (on dira plus de ¾ de la salle pleine), pour un groupe qui est en train de se créer une notoriété encore difficile à mesurer dans le pays. La soirée s’annonce sous les meilleurs auspices !
La première partie est assurée par les inconnus Mexican Morrissey. Le duo français, implanté à quelques encablures du lieu de concert de ce soir, éveille pour le moins la curiosité : un duo guitare (+ chant) et batterie, ça détonne. Les rythmiques saccadées défilent, et on a du mal à rattacher le groupe à une tendance musicale claire : post-rock par moments, on entend des influences punk ou hardcore ici ou là, avec des reflets pop, hard rock, etc… Sympa au début, mais honnêtement très répétitif passé le quatrième titre… Même si le duo est carré et joue bien (il nous informera que c’est seulement son troisième concert), quand on connaît la panoplie musicale infinie de la tête d’affiche de ce soir, on a un peu de mal à accrocher. Mais le combo est prometteur, et on se doit de féliciter l’organisateur de permettre ainsi à des groupes locaux de faire connaître leur musique au plus grand nombre.

Quand Clutch monte sur scène dans la pénombre, le public ne met pas trop longtemps à quitter le bar pour remplir copieusement la salle. Le quartette dégaine une triplette issue de sa dernière galette pour entamer les hostilités : « Earth Rocker », « Mr Freedom » et « DC Sound attack ». Une approche un peu moins violente que deux jours plus tôt à Bilbao, mais qui met quand même les pendules à l’heure. Et la suite est à l’avenant : avec un sens de la modulation qui laisse pantois, Clutch oriente la tonalité de son concert vers quelque chose de furieusement rock, mais plus nuancé, plus groovy peut-être. « Profits of doom » prépare un peu à cette perspective, ainsi que « The Regulator » un peu plus loin, qui se retrouvent à nuancer un peu un passage composé, quand même, de « The mob goes wild », « Book, saddle & go », ou encore le féroce « Unto the breach » par exemple.
Le public, « à la bordelaise », ne se laisse jamais complètement aller : ça slamme un peu ici ou là, ça sautille, ça sourit, ça headbangue un peu, l’ambiance est bonne, le plaisir est palpable… mais ça n’est jamais l’explosion que susciterait un concert de cette qualité devant un public moins « coincé » (désolé pour les bordelais, le mot est lâché). Illustration concrète : deux jours plus tôt, devant un public incandescent, « Crucial velocity » voyait un Neil cracher ses tripes dans son micro avec une violence rare, tandis qu’aujourd’hui, le même titre le voit faire preuve d’une férocité plus… « mesurée ». Influence indirecte d’une set list moins bourrine ? Groupe fatigué ? Alchimie avec le public plus difficile à trouver ? On pourrait se perdre en conjectures stériles, cantonnons-nous à profiter de ce set de superbe facture. Le groupe d’ailleurs, globalement, ne remet pas en cause ses habitudes scéniques : seuls Neil et Jean-Paul attirent les regards, l’un par sa dynamique de frontman désormais pleinement assumée, l’autre dans sa démonstration perpétuelle derrière les fûts. Tim et Dan, à peine effleurés par les lights, restent généralement dans l’ombre à regarder leurs instruments, concentrés, mais jamais froids ni désabusés : ils sont « dedans », à leur manière.


La set list continue à dérouler dans ce soucis de variété constant : on a droit par exemple au classique « Big News (I) », « Promoter (…) », puis le superbe « Gone cold » en version acoustique ce soir aussi, toujours impeccable. La fin de set est une montée en puissance que l’on croit irrémédiable, avec « Crucial velocity », donc, « Cyborg Bette » et… « Cypress grove » ! Encore un extrait du superbe Blast Tyrant, le cinquième de ce soir ! Une vraie preuve d’amour pour cet album au groove imparable. La conclusion de ce soir, tout aussi imparable, sera constituée du désormais inébranlable « Electric Worry », associé ce soir en rappel à « The wolf man… ». Oui, un seul rappel ! Mais bon, après quinze titres de cette trempe, on n’est vraiment pas d’humeur à se plaindre, on a pris une jolie gifle, et on reprend la route avec le sourire aux lèvres !

Laurent

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