CROWBAR + WO FAT + BLACK TUSK – 09/08/2015 – Paris (Glazart / Stoned Gatherings)

En général, au restaurant, le déroulé classique des opérations consiste en une entrée, un plat, un dessert. Un démarrage tranquille pour une exponentielle des sens. Les caresses, l’amour, le câlin. Mais ce soir, les mecs des Stoned Gatherings ne se sont clairement pas inspiré de Joël Robuchon pour leur affiche. Ils viennent en effet nous proposer trois plats, dont aucun ne pourrait trouver sa place dans une réunion consommateurs Weight Watchers. Oui, c’est indéniable, ils dépassent tous l’apport calorique d’un repas de sumo en période de prise de masse. Mention spéciale pour Crowbar, à pousser un diététicien à la reconversion professionnelle. Ce soir le Glazart joue donc sa première étoile au guide Michelin, et c’est les oreilles affamées que l’on arrive pour goûter à ce menu qui nous titille les papilles depuis un moment déjà.

À l’heure où les rues de Paris ont battu le record de fréquentation du désert de Namibie, le Glazart ne semble pas souffrir de la diaspora parisienne qui a lieu chaque été puisqu’avant même le début des hostilités le lieu est déjà bien rempli. La date du 9 août pour une telle affiche pouvait paraître risquée mais le pari est finalement réussi.

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Black Tusk ouvre le bal dans une salle presque comble dont la température et l’humidité permettrait la floraison immédiate d’une quelconque plante exotique. Dès les premières secondes, on comprend rapidement que Black Tusk n’est pas là pour nous ménager. Le son de la basse est énorme, le guitariste chanteur hurle et le batteur martèle son kit de batterie, qui se demande surement ce qu’il a fait pour mériter une telle violence, lui qui n’a rien demandé à personne, le pauvre. Même si le public n’a pas encore atteint l’excitation dont il va faire preuve sur les deux groupes suivants (peut être s’acclimate-t-il à son nouvel environnement tropical), impossible de ne pas remuer la tête sur des titres comme « Embrace the Madness » ou « Red Eyes, Black Skies ». Entre quelques gorgées de Jim Beam, le groupe de « swamp metal » comme les membres aiment à se définir, nous livre un set mélange de stoner et de hardcore, bourré d’énergie et ponctué de grands sourires d’un guitariste tout guilleret. Ça fait plaisir à voir et à entendre.

Après 5 minutes de balance (suite à un problème technique ?), place maintenant au grand Wo Fat, le magicien des jams psychés, ayant établi pour temple vaudou la salle du Glazart. Wo Fat, c’est ce trio de Texans qui depuis presque dix ans nous balance un southern stoner déjanté et possédé par les démons du blues et de l’électricité, avec son lot d’albums cultes et de hits en puissance. Ce soir, le groupe a puisé dans sa discographie les morceaux les plus ravageurs, du moins en live. « The Black Code » , « The Conjuring » ou encore «  Read The Omens », autant de bombes bourrées de riffs délectables et de succulents solos. La voix de Kent Stump est difficilement audible mais étrangement, tout le monde s’en fout. Et de fait, ça n’affecte en rien la puissance musicale du groupe. Parce que Wo Fat c’est avant tout du riff. La foule dégénère sérieusement sur les délires fuzzés des trois sorciers qui se sont visiblement emparés de l’esprit des malheureux du premier rang. On oublie vite la chaleur de moins en moins supportable pour se laisser porter avec grâce par ces malades du groove.

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On comble rapidement notre anormale sudation par un apport rapide et efficace en houblon, et on attend avec impatience les légendaires Crowbar. On doit l’avouer, les vrais stars de la soirée, ce sont eux, ce mythique groupe qui règne en maître dans la chapelle du sludge, porté par le saint Père Kirk Windstein, le Riff Lord, qui n’a pour autant rien d’un enfant de chœur. La salle est remontée à bloc après ces deux superbes mises en bouches et ce final qui s’annonce majestueux. De nouveau des balances (décidément…), un petit pipi de Monsieur Windstein, et le groupe peut commencer. La boucherie démarre sur le résolument hardcore « Sever The Wicked Hand ». 25 ans d’office et 10 albums derrière eux, Crowbar a de quoi rassasier ses fans avec une belle discographie pleines de tubes construits de riffs doomy aux tonalités plus basses que les fonds marins. C’est donc un peu sans surprise que le groupe va nous dérouler les titres qui ont fait son succès, « Planets Collide », « High Rate Extinction », « To Build A Mountain », ou le plus récent « Walk With Knowledge Wisely »… C’est prévisible, oui, mais ça reste très jubilatoire. La fosse qui a pris des allures de cage aux lions pourra en témoigner, avec un slam par minute et même un mini wall of death improvisé.

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Un petit rappel plus tard, Crowbar clôt cette belle soirée. C’est les oreilles bien remplies que l’on quitte les lieux, avec un petit sourire plein de compassion en pensant aux copains sous le soleil qui ont raté cette soirée. Merci les Stoned Gatherings de m’avoir vengé des vacanciers.

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