DESERTFEST BERLIN, Jour 1, 19 avril 2012, Berlin, Allemagne

– Le DesertFest… Mais qu’est ce que c’est que ce truc là encore ?
– Un festival de musique avec des groupes majoritairement composés de mecs avec de très longs cheveux et de très grosses barbes il me semble…
– Ah bon ok… Et c’est où cette année ? Edmonton, Kentucky ? Seattle, Washington ?
– A Londres et à Berlin.
– Londres et Berlin, en Europe ? Je n’y crois pas…

Un festoche de musique stoner en Europe ? No way.
On se doit d’y être, ce n’est pas possible autrement… C’est sold out ?
Forcément… Avec la programmation plus qu’alléchante, les places ont du se vendre comme des ptits pains et on se retrouve bredouille.
Mais nan, ya Desert-Rock tu sais, le webzine français spécialisé dans cette musique lourde et aérienne à la fois, ils ont mis en place un concours qui permettra à 2 personnes de gagner un pass 3 jours en l’échange d’un reportage.
Sérieux ? On le tente ?

Et voilà.

1h32 du mat’. Lyon, Texas. Euh… France.
On sort tout juste d’un concert donné le soir même dans la capital des gaules avec le groupe dans lequel nous, vos humbles serviteurs du LonsAngelesPirateRadio, officions (un p’tit coup de pub gratos hop : http://www.facebook.com/slutmachinerock).
Autant vous dire qu’on est flappis, vannés, vidés, knocked out en somme…
Rien à braire.
Rien que la perspective de se retrouver à Berlin en fin de journée pour un évènement qu’en tant que fans hardcore de musique stoner on n’aurait loupé pour rien au monde nous file d’ores et déjà une bonne érection (en tout bien tout honneur, bien entendu).
L’autoradio à fond, la twingo poussée dans ses derniers retranchements, c’est avec un smile jusqu’aux esgourdes et des cernes qui tombent jusqu’aux sneakers qu’on se dirige doucement mais surement vers l’est de la Teutonie.

Après un road trip de près d’une journée complète, rythmé par le son de nos iPod’s (on a d’ailleurs uploadé la playlist du voyage sur grooveshark, si jamais ça vous branche : http://grooveshark.com/#!/playlist/Road+Trip+To+Berlin/69784622), les pitstops « sandwich triangles à 1000 euros / cafés dégueulasses / clopes / boissons énergétiques cheapos » et les embouteillages sur l’autobahn, on arrive enfin à Berlin aux alentours de 21h… En retard en plus, « putain il faut absolument qu’on arrive à temps pour au moins voir Greenleaf et Orange Goblin mec, sinon ça la fout mal pour le report et puis même, Greenleaf et Orange Goblin mec ».
Et forcément, ce p*tain de GPS de m*rde nous lâche comme par hasard aux portes de la ville…
Après avoir demandé notre chemin à pas moins d’une petite dizaine de personnes différentes et avoir failli provoquer de multiples accidents de la route (« you must drive your car good man »), on finit par se garer trop loin et finir le trajet en courant pendant 20 minutes pour arriver aux portes de la salle.

La FESTSAAL KREUZBERG se trouve, comme son nom l’indique, à l’est du quartier de KREUZBERG, dans la partie habitée par de nombreux turcs et autres immigrés.
Globalement, ce secteur est un vivier de restos « Imbiss » et de bars, de galeries d’art, une sorte de « Belleville turc », où de nouveau lieux nocturnes s’ouvrent chaque mois. Il est admis que les nuits de Berlin y sont les plus longues,que « c’est ici que cela se passe ». Même si elle fait grise mine de l’extérieur, la FESTSAAL est une magnifique salle. Accessible par une petite cour extérieure, servant pour l’occasion de « Biergarten » et de repli à l’air libre, pendant les concerts, le bâtiment est flanqué d’un bar à l’arrière de la scène et de deux balcons surplombant latéralement la fosse et permettant une excellente vision de la scène.

Les bracelets qui donnent droit de se faire bananer la tronche par du gros son pendant 3 jours aux poignets, et une pinte à la main (dieu qu’on l’avait attendu cette satanée pinte), on pénètre dans ce club, aux allures de théâtre de l’underground, un poil crado mais bien classe au son de « Jack Staff », titre d’ouverture du dernier album de Greenleaf. On y est mate, here we GO !

GREENLEAF (Suède)

 

Premier groupe qu’on a eu l’occase de voir, première taloche.
Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est une sorte de allstarband suédois, ayant réuni en son sein depuis sa création en l’an 2000 des membres de Spiritual Beggars, Lowrider, Dozer, Truckfighters (ouais ouais, rien que ça).
Truckfighters justement représentés par leur chanteur depuis leur dernier excellent disque, le meilleur selon moi, sorti au début de cette année.
Ca poutre, aucun souci et ce n’est pas une surprise compte tenu de la composition du line up.
Une rythmique bien en place assurée par un bassiste quarantenaire stoïque et un batteur à l’assise remarquable, deux gratteux assurant le show à grands coups de riffs limite bluesy et de solos ravageurs, et un chanteur à la voix qu’on ne présente plus, qui pose ses lignes de chants peinard.
On remarque cependant que Greenleaf n’est pas un groupe de scène, les mecs s’éclatent c’est clair, mais la communication avec le public reste cloitrée au strict minimum « merci, au revoir »…
Un super show malgré tout, et surtout une parfaite entrée en matière pour nous.

Une clope dehors, des retrouvailles avec notre pote strasbourgeois Baloo (bassiste / chanteur dans LDDSM), une autre pinte et nous voilà face à Orange Goblin.

ORANGE GOBLIN (UK)

 

Quatuor briton qu’on ne présente plus, fer de lance de la scène Stoner depuis maintenant près d’une vingtaine d’années, les gaillards débarquent sur scène avec une envie certaine d’en découdre. On sait cash qu’on va prendre chéros.
La maîtrise de ces mecs impressionne, un bass / batt implacable, un ptit gratteux nerveux qui fait chialer sa wah et envoie du gros riff qui te cloue sur place et un chanteur aux allures de Gourou, qu’on pourrait comparer à Hank du Turbonegro de la grande époque, capable de chauffer la salle comme personne et de gueuler dans son mic sans jamais faiblir à aucun moment.
Une bonne heure de set composée de leurs hymnes (« Some you Win Some you Lose », « The Ballad of Salomon Eagle », « Time Travelling Blues ») mais aussi de morceaux plus « obscurs » tirés de leurs premiers albums, histoire de ravir les néophytes, certes peu nombreux dans le public, comme les groupies poilues de la première heure.
Un son surpuissant à l’épreuve des balles, capable de vous défourailler une armée de panzers en deux temps trois mouvements.
Et après un long rappel conclu en toute logique par le single de leur dernier album « Red Tide Rising », on ressort lessivé et sur le cul. Un show monstrueux, point barre.
OMG comme disent les poufiasses ricaines trémoussant leur jolis minois sur MTV (ou les cagoles trémoussant leur minois « orange UV » sur Nrj12, au choix). Une première soirée comme celle ci ne laisse présager que du lourd, du très lourd pour les deux restant encore à venir. Mais pour l’heure, on retourne dans notre chère twingo, histoire de (mal) dormir quelques (trop courtes) heures avant la suite.

****************
(Comme précisé précédemment, nous ne sommes arrivés à temps que pour Greenleaf et Orange Goblin… Mais ne vous inquiétez pas, c’est là qu’intervient notre sauveur William Hertz qui va vous compter les performances des groupes ayant joué en début de soirée… Ah ce William, l’une des rencontres de ce séjour, mais on vous en reparle plus tard, place à sa plume !)

OPERATORS (Allemagne)

 

Ces tout jeunes berlinois (ils doivent avoir à peine 21 ans !), qui viennent de sortir leur premier album éponyme, ont l’honneur et en même temps la délicate mission d’ouvrir les hostilités et… ma foi, ils s’en tirent avec beaucoup de brio ! Virevoltant dans tous les sens, tout sourire, ils démontrent sans peine qu’ils s’entendent très bien entre eux, qu’ils sont là pour se faire plaisir et du coup, nous font agréablement plaisir, en nous délivrant avec une énergie brute et spontanée un heavy rock alliant le prog-psychédélique, le stoner et le rock pur et dur, le tout mâtiné de nappes de claviers très opportunes. Accélérant souvent leur rythme entêtant de leurs mélodies, les Operators laissent libre cours à la bonne humeur qui les caractérise, tout en gardant une excellente maîtrise de leur technique. J’adhère totalement à leur côté extraverti et déjanté, tout ce qui constitue à mes yeux l’essence du bon rock. Eggard, le chanteur à la voix pêchue tombe même souvent à genoux, dans le même mouvement que le claviériste. L’on ne pouvait espérer une meilleure entame pour ce festival. J’irai même leur serrer la louche et les féliciter après le concert, ce qui sembla les toucher au cœur !! D’ailleurs, par une pure coïncidence, alors que je déambulais, une semaine après le festival, dans une rue du quartier de PRENZLAUER BERG, autre quartier de Berlin, quel ne fut pas mon étonnement de me faire interpeller verbalement par ce même Eggart, qui m’avait reconnu et qui me remerciai de ma ferveur…

STONEHENGE (Allemagne)

Après la vague déferlante provoquée par les Operators, l’univers musical des Stonehenge tranche avec celui de leurs prédécesseurs. Bien qu’ils soient allemands, ces adeptes du big rock oldschool, teinté de doom et de southern rock ont fait mouche en choisissant comme nom, celui d’une localité anglaise proche d’Oxford, que je connais et qui abrite un monument mégalithique composé de monolithes disposés en arc de cercle. Leur rock est en effet monolithique et moins original que celui des Operators, mais grâce à leur son « vintage » et massif, ils réussissent néanmoins à entretenir ma flamme et manifestement celle du public aussi.
Un peu trop en retrait scéniquement à mon goût, les Stonehenge auraient gagné à montrer un peu plus d’enthousiasme à un parterre qui ne demandait que cela…

ANCESTORS (Allemagne)

 

Décidément, c’est le jour des groupes dont le nom se termine en -ORS !! Avec donc l’arrivée sur scène des Ancestors, la pression de bière monte en même temps que celle de l’attente du public !! Si l’on part du principe que nos ancêtres sont les hommes de Néandertal, alors oui, les Ancestors leur ressemblent quelque peu par la voix caverneuse de leur leader, la basse pachydermique et la barbe hirsute de son guitariste… Plus doom atmosphérique que stoner, la musique des américains se fond parfaitement avec les images austères et en noir et blanc projetées derrière eux, et fait penser parfois à celle du mythique combo suédois Count Raven, connu pour la lourdeur et la lenteur de son rythme et à ses lignes implacables de basse !! Tel un suppôt de Satan, le claviériste, revêtu d’un perfecto et encagoulé malgré la chaleur ambiante, martèle son pupitre avec rage, déversant des myriades de notes, à la fois aériennes et inquiétantes…
Par leur théâtralité et leur pesanteur, Ancestors m’embarque dans un univers que certains auront pu trouver légèrement déprimant, mais que je ressens pour ma part comme envoûtant !! A vrai dire, pour avoir découvert récemment leur musique sur Youtube, je pensais m’emmerder cruellement et profiter de leur show pour faire le merchandising, et j’ai donc été positivement pris au piège !! A la fin du set, je me rue sur l’un des deux T-shirts officiels du festival ainsi que sur la galette des Operators qui m’ont subjugué, puis direction la buvette de l’arrière salle, où une magnifique brune aux yeux bleus océan me sert une excellente Pils.

En résumé, la première journée est une pleine réussite et la programmation de seulement cinq groupes s’est avérée judicieuse pour entamer les débats crescendo, en appréciant dans le confort, et dans un état encore neuf, des univers musicaux différents. Beaucoup de fans rencontrés ultérieurement me conforteront dans le sentiment que cette 1ère journée était sans doute la plus réussie en terme d’acoustique et de confort d’écoute, la salle étant sans nul doute la plus conviviale, la plus intimiste et la plus adaptée à ce type de musique. Excusez l’absence de setlists, mais en présence d’une telle densité de groupes, la mission s’avérait trop astreignante… Je ne vous parlerais pas non plus de la danoise qui ne m’a pas lâché de la soirée (véridique), alors que j’étais uniquement venu bosser !!!

(un petit filou ce William…)

[A SUIVRE…]

Photos : http://stonerheadletgrooveyourbrainstonight.blogspot.fr

Henri, Max et William

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