Dozer, Tank 86, Ramon Zarate, 5 décembre 2008, la Zone, Liège, Belgique

Parcourir 140 bornes sous une pluie battante pour retrouver toujours les mêmes têtes d’allumés au fond d’une antre qui ressemble plus à une caverne infâme qu’à une salle de concerts peut relever de l’idiotie de prime abord. La démarche en valait néanmoins la chandelle au vu de l’affiche alléchante de la soirée : les Suédois de Dozer avec, comme support acts, les locaux de Ramon Zarate et les Hollandais de Tank 86, ces derniers remplaçants au pied levé les Islandais de Brain Police (dommage…). L’endroit n’a pas changé et on y reconnait le côté do it yourself si chaleureux qui caractérise la sympathique salle liégeoise de La Zone. Ca s’annonce bien. 

Pas le temps de prendre une binouze que Ramon Zarate envoie le bois sans détours. C’est carré, précis et, pour pimenter la sauce, les grooves sont aussi au rendez-vous. Leur prestation scénique, avec la lourde tâche d’entamer les hostilités et de chauffer la salle, est très convaincante. On a même le grand plaisir de découvrir 2 ou 3 nouveaux morceaux ne figurant pas sur leur 1e plaque autoprod (voir rubrique ad hoc dans nos colonnes). On note au passage la volonté du groupe de se détacher des structures plus évidentes des premières compos et d’évoluer vers un côté plus instru et plus élaboré, ce qui est très positif pour l’avenir du groupe et apprécié par le public. La voix d’Ivan est rocailleuse et flaire bon le vieux whisky et les matins brumeux, ce qui colle parfaitement à l’ensemble. Les grattes détonent et la section rythmique est très bien en place. Une affaire qui tourne, un groupe à suivre. 

C’est qu’ils m’ont donné soif, les bougres ! On se jette tous sur le bar et les 2 pauvres serveurs passent un mauvais quart d’heure. Autant passer commande pour 3 arrosages en même temps. Tank 86 prend vite possession de la scène. Si leur prestation n’a pas de défauts particuliers, leur musique n’a rien de prenant non plus. Ca ne décolle pas et, l’image du soufflé qui retombe, se profile dans mon esprit, surtout que le groupe tire en longueur et ne parvient pas vraiment à faire décoller l’ambiance. Ok, les musicos maîtrisent ce qu’ils font mais la critique est plutôt à formuler dans les suites d’accords, tonalités et tempos très similaires qui tendent à donner une image homogène certes, mais néanmoins monotone. 

Dozer est en place et les attentes du public (en tout cas, les miennes et celles de mes potes) sont énormes. Leur dernier album Beyond Colossal est sorti en novembre dernier et il s’agit de le défendre avec verve. Le premier morceau me file les boules tant les musicos abordent le set en douceur. On n’est pas habitué à ce genre d’approche de leur part. Et puis l’intro du second me rassure : le martèlement hypnotique du titre From Fire Fell – tiré de leur avant-dernier album Through The Eyes of Heathens – et le punch foudroyant de ce morceau remettent l’église au milieu du village. La mayonnaise commence à prendre et je peux me détendre. Ca flingue bien de tous les côtés et le son est bon malgré la configuration de la salle (pardon, la cave). 

Le chanteur (Fredrik Nordin) s’en donne à cœur joie et on voit que les gars passent un bon moment avec le public. La voix emprunte ça et là quelques effets très intéressants (notamment un mélange de flanger, phaser, chorus et vibrato) mais non abusifs. Un petit coup de chapeau à ce niveau, ce qui prouve bien que le groupe cherche à évoluer en se démarquant des suiveurs. Pfiou ! On sent quand même qu’il y a une putain de bouteille dans le travail de ces mecs ! C’est impressionnant de voir qu’en trois accords, ça sonne Dozer et rien d’autre. Les types se connaissent maintenant depuis 1995 et, outre le remplacement du batteur il y a 3 ans, le line-up doit avoir des centaines, voire des milliers d’heures de jams interminables derrière lui, sans parler de l’expérience scénique. 

Et le spectacle continue : on pêche quelques tubes dans les anciens répertoires, histoire que les aficionados gardent leurs marques. Les nouveaux morceaux passent aussi très bien et reçoivent un très bon accueil du public qui chauffe grave, surtout devant la scène. Pour info, la scène de la Zone est quasiment à la même hauteur que le public. Elle est légèrement rehaussée d’une marche qui donnera du fil à retordre ou plutôt du plâtre à essuyer à tout performer un peu plus grand que l’homme moyen, le plafond de la cave n’étant pas très haut. Qu’importe la taille et le look, du moment que le son et l’accueil sont bons, les groupes sont là pour foutre le zone. Le set se terminent par de longs breaks atmosphériques que Dozer réservent pour ses performances live. Quelques chansons en rappel pour un public au bord de la déshydratation et puis la messe est dite : une excellente prestation. 

Le bar est de nouveau pris d’assaut et on peut constater que la leçon a été rapidement apprise puisque 2 personnes viennent renforcer le staff du bar. On refait le monde, on compte bien ne pas en rester là et la soirée se termine dans les vapeurs éthyliques de la nuit. Je ne vous en dis pas plus. Buona notte. 

Thib

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