HELLFEST 2016 – jour 1 (Sunn O)), The Melvins, Earth, Wo Fat, Ramesses, Monolord…) – 17/06/2016

Pour l’équipe de Desert-Rock, l’édition du Hellfest 2016 se présentait sous les meilleurs augures, avec une flopée de retours attendus sous la Valley et, d’une manière plus générale le dernier concert de Black Sabbath sur le sol français. Ce ne seront ni les annulations de Down, Dopethrone, Windhand et Kylesa, ni la météo, finalement clémente, qui auront eu raison de notre joie lors de ces 3 jours de fête et de gros son au sein du tout meilleur festival metal généraliste d’Europe.

Retour sur le premier jour d’un week-end d’enfer en enfer.

MONOLORD

1 Monolord - IMG_9725


Alors que le gros du public trépigne dans la file d’attente avant la palpation sécuritaire devant la Cathédrale servant d’entrée au festival (et ils devront s’armer de patience vu l’heure et demi d’attente constatée en ce vendredi matin) et que de The Shrine envoie les hostilités sur une scène de grande taille (ce qui contraindra certains stonerheads à effectuer un choix cruel), le trio de Gothenburg balance sa purée collante dans la Valley. Notre tente de prédilection est peu remplie pour le début de ce premier set de trente minutes qui débute à 10 heures trente du mat quand-même. Le public présent, de plus en plus nombreux au fil du set, est très réceptif aux riffs empreints de lourdeur que les Suédois balancent avec fougue durant leur demi-heure de jeu. Ces lascars, qui ne ménageront pas leurs efforts pour nous faire adhérer à leur cause, se permettront même d’envoyer une nouvelle compo à mi concert. Comme d’habitude, nous avons apprécié l’énergie que le trio, habité par son art, déploie en concert et surtout leur grosse capacité à nous faire entrer dans leur monde très heavy marqué de rythmiques entêtantes. Coutumiers des performances des Scandinaves, nous avons la sensation que leur musique nous colle à la peau après leur concert comme la boue du festival colle à nos godasses en ce premier jour.

THE SHRINE

2 The Shrine - IMG_9821


Malgré un travail remarquable concernant la programmation et les horaires des groupes, il y a bien quelques frustrations et choix cornéliens à opérer pour tout fan de gros riffs durant ces trois jours… Et le premier de ces choix doit être opéré dès les premières minutes de cette édition 2016, avec une ouverture de festival simultanément opérée par Monolord et The Shrine, un groupe que nous affectionnons particulièrement. Le trio de heavy-punk-stoner-garage-rockers californiens grimpe donc sur cette mainstage 2 bien trop grande pour eux, bien décidés à tirer le meilleur de cette opportunité. A cette heure-ci, les américains souffrent du même problème que Monolord : le public est clairsemé, et comme souvent à ces horaires sur la main stage, globalement plutôt passif. Le soleil a par ailleurs le bon goût de resplendir sur la demi-heure de set du groupe, ce qui rend l’apathie contagieuse. Mais l’énergie est là, et se reposent sur un set de compos parmi leurs plus péchues, bien sûr. On citera notamment l’énervée « Worship », mais aussi « Death to Invaders » et son riffage majestueux. Plus remarquable : sur une petite demi-heure de set, le groupe prend quand même le temps de faire monter le déjanté Beb, du groupe punk rock rémois (!!) culte mais confidentiel Soggy (combo qui a plié les gaules depuis plusieurs années mais dont The Shrine est fan) pour une interprétation énergique de leur classique « Waiting for the War ». Respect pour ça. Mais bon, on aurait aimé voir le groupe dans un contexte plus favorable à l’énergie qu’il déploie sur scène.

STONED JESUS

3 Stoned Jesus - IMG_9934


Soyons honnêtes, on a été habitués ces derniers mois à des prestations en dents de scie de la part de Stoned Jesus : sans jamais manquer d’énergie, le trio ukrainien a parfois proposé un jeu approximatif (ou même faux), des set lists un peu boiteuses… Mais aujourd’hui, c’est tout bon. Déjà le public est bien plus dense que pour Monolord sous la Valley (probablement composé d’une bonne part de personnes frustrées de ne pas avoir pu assister au set des doomsters suédois). Ensuite, le groupe est d’excellente humeur, en particulier Igor, son inébranlable frontman. Enfin, la set list est impeccable : ils commencent à emballer la machine avec « Electric Mistress », enchaînent avec un doublon issu de leur dernier album (« YFS » / « Here Come the Robots ») pour, et c’est couillu, finir sur un « I’m the Mountain » d’un bon quart d’heure (faut oser, quand on a un créneau de 30 minutes…). La vitrine est donc judicieusement choisie, et le public découvre aujourd’hui un groupe énergique et enthousiaste, maniant le riff aussi bien que les plans parfois plus prog, le tout chargé de soli impeccables d’Igor, ainsi que de passages tendance jams bien exécutés. Aujourd’hui c’était un jour avec, et c’est tant mieux.

WO FAT

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Tout comme Monolord qui les ont précédés quelques heures avant, les Ricains vont nous botter les fesses durant quarante minutes. Ils suivent une formation un peu plus légère lors de cette journée sous le signe du trio dans la Valley (et pas du triolisme bande pervers !). Le stetson trône bien placé sur la tête d’ampli Orange durant le show que proposent les Texans qui viennent de nous gratifier d’un « Midnight Cometh » auquel nous souhaitons le même succès que celui qu’a rencontré au sein de notre communauté son prédécesseur « The Conjuring ». Le show – terriblement couillu – des Etasunien sera propice à quelques figures de style de la part de la frange agitée du public qui en profitera pour prendre de la hauteur. Une mention spéciale au bassiste de la formation qui contribuera fortement au rendu méga blast de cette prestation de grande classe qui aura grandement agité la danse de la nuque du peuple de la vallée qui grossit à vue d’œil maintenant que les festivaliers débarqués tôt le matin ont pu pénétrer l’arène après un contrôle chronophage annoncé et fort compréhensible par les temps qui courent malheureusement

RAMESSES

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Fraichement reformé suite à l’éviction de Mark Greening de With The Dead, Ramesses a été dépêché par le Hellfest en remplacement de Windhand afin de faire couler le doom sous la Valley. Avec l’indéboulonnable Adam Richardson à la basse et Alex Hamilton (Bossk) à la guitare, les anglais frappent fort d’entrée en envoyant « Master Your Demons » issu de l’EP We Will Lead You To Glorious Times. Le groupe bénéficie d’un son excellent et situe son propos aux confins du doom, croisant les ambiances extrêmes du black metal dans les méandres torturés de leur musique d’apocalypse. Sans fioriture et avec toute la sauvagerie qui habite ce trio, les 40 minutes que durent le set sont magistrales, avec en point d’orgue un final dantesque sur « Baptism Of The Walking Dead ». La Valley plus que bien remplie pour l’horaire aura tremblé de bonheur et d’effroi.

EARTH

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Earth a pas mal tourné ces derniers mois, et dire qu’on a la bave aux lèvres à la perspective de les revoir sur scène est assez éloigné de la réalité. Reconnaissons en revanche que le public, nombreux en cette fin d’après-midi, est ravi de voir débarquer le quatuor américain, l’accueillant avec une belle acclamation. Et dans ce contexte, la prestation du groupe s’avère impeccable, ou en tout cas parfaitement conforme à ce qu’on pouvait en attendre… A commencer par une set list qu’on qualifiera sans trop de peine de prévisible (l’enchaînement « Torn by the Fox of the Crescent Moon » / « There is a Serpent Coming » en intro, « Old Black » en conclusion…), incluant quand même ce qui semble être un inédit – cool pour les aficionados. Après, sur scène, pas vraiment de surprise, avec un Dylan Carlson qui joue le frontman, certes, mais avec le dynamisme de ses riffs : des mouvements lents, presque théâtraux, peu d’interactions avec son public… A l’image d’Adrienne, derrière ses futs, à fond dans son trip, accompagnant chaque frappe de gestes lents et amples, à l’image d’une hypnotisante danse tribale quelconque… jouée au ralenti ! Bref, Earth a fait du Earth, qu’on aime ou pas, et ils l’ont bien fait. Ceux qui sont rentrés dans le trip ont adoré.

MELVINS

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Nous avions adôôôré la performance à double batteurs que l’ovni de Buzz Osborne avait exécutée lors de la dernière édition du Up In Smoke sédentaire de Bâle et attendions donc beaucoup de ce concert à Clisson. Tuons le suspense d’entrée : nous resterons sur notre faim avec ce concert du côté du Phare Ouest. King Buzzo n’est accompagné que de deux collègues de boulot pour ce set de presqu’une heure au moment de l’apéro. Comme il pleut dehors (et quand il pleut par ici : il pleut vraiment) les fans peu hardcore et solubles d’Hatebreed viendront grossir les rangs du public présent sous la structure protégée au fur et à mesure que le temps passe ce qui permettra aux Américains de se produire finalement devant un parterre bien garni. Côté mode, au terme de l’hymne servant d’ouverture à leur prestation, nous découvrons le gourou échevelé de la bande vêtu de sa mythique toge d’illuminé accompagné de deux larrons aux shirts noirs estampillés respectivement batteur et bassiste (des fois qu’ils se gourent de positionnement sur le terrain) en paillettes que Cristina Córdula crédite d’une note honorable. Côté musique, « Basses Loaded », le récent effort du groupe, sera fort discret même si son morceau de fin («Take Me Out to the Ball Game ») résonnera après un intermède de chorale à trois voix qui laissa le public pantois. Globalement, on assista, au Hellfest, à un show au setlist très éclectique (à l’image du son déployé par ce groupe) qui tapa aussi bien dans la genèse de leur œuvre (« Gluey Porch Treatments »), dans les opus de la décennie écoulée ainsi que dans une sélection de titres parus sur des productions plus obscures. Les fans indécrottables, aux chaussures crottées, de la formation ont certainement goûté à ce show qui nous laissa quelque peu frustrés tant ce collectif est capable de délivrer des shows beaucoup plus transcendants que celui auquel nous assistâmes lors de la Teuf de l’Enfer.

SUNN O)))

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Annonçons-le tout de go : l’objectivité, tout comme le sens commun, finalement, n’ont pas de place dans le cadre d’un concert de Sunn O)). Ce postulat ainsi formulé, c’est avec une grande impatience que l’on gagne la Valley, déjà noyée dans un épais brouillard synthétique (les machines à fumée crachent non stop depuis un bon moment déjà !) ; tout juste y distingue-t-on cette configuration scénique pour le moins atypique, avec des murs d’amplis à taille humaine disposés comme en arc de cercle. Nos quatre prêtres du son, comme en procession, prennent place un à un dans cet espace, et entament un rituel dont peu de monde ressortira indemne. Précisons à ce stade que la Valley n’est pas vraiment blindée, comme chaque année pour les principaux artistes sous cette tente, et il faut dire que ce soir en particulier, la concurrence du set de Rammstein (et de son grand spectacle quasi assuré) fait du mal. Mais les puristes seront récompensés : dès le premier accord dégainé (on ne peut pas parler de riff quand plusieurs minutes séparent chaque accord… si ?), maître SOMA fait vrombir la puissance tellurique de ce mur d’ampli, allant pousser dans leurs retranchements les pourtant grandes capacités des subs du Hellfest, et vient faire vibrer à l’unisson les corps surpris/apeurés/amusés d’un public qui ne sait pas vraiment sur quel pied danser pendant une heure. Ainsi se crée cette communalité qui fera la force du set tout du long, que l’on peut résumer par cette phrase que l’on retrouve en en-tête de la spec technique du groupe : « Audio philosophy : maximum volume yields maximum results« . Le maître de cérémonie incontesté sera Attila, qui incarne pleinement le set, en théâtralité évidemment, mais aussi en pure technique vocale : sa technique époustouflante, mêlant growls profonds et incantations, est captivante. Plus qu’un concert, on a vécu une expérience mémorable, et la configuration « Hellfest », que l’on pensait inadaptée pour ce type d’événement, s’avère finalement, une fois la nuit arrivée, parfaitement compatible. Une claque.

KVELERTAK

Après avoir goûté à du tout bon et a du franchement nettement passable, nous avons splitté et une partie de l’équipe s’est rendue sur la scène qui poutre : la Warzone. Le sextuor de Stavanger y a délivré une prestation de bonne facture en visitant son dernier opus en date, « Nattesferd », ainsi que ces deux premières plaques : « Meir » et l’album éponyme. Les standards et autres singles des Norvégiens ont été balancés avec ferveur dans la zone de combat qui était honnêtement remplie alors que des formations bankables se la donnaient sur les Mainstages.

C’est donc en norvégien dans le texte que nous nous sommes partiellement finis à grands coups de riffs précis et véloces avant de rejoindre nos pénates afin de vous envoyer un résumé vidéo de cette journée (ci-dessous) et de nous revigorer pour la suite d’un festival dont l’affiche orientée stoner du jour numéro deux nous foutait une sacrée érection !

[A SUIVRE]


Chris, Laurent, Iro22

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