HELLFEST 2017 – jour 1 (Monster Magnet, Electric Wizard, Baroness, Red Fang, Helmet, Subrosa, …) – 16/06/2017

Cette année encore la programmation du Hellfest dédie une scène entière (et la presque exhaustivité de sa programmation sur 3 jours) à des genres musicaux qui trouvent généreusement écho dans les pages de Desert-Rock toute l’année. Et c’est donc tout aussi naturellement que nous avons à nouveau pris nos cliques, nos claques, nos bloc notes et nos appareils photos pour vous faire partager à nouveau cette expérience pour un gros week-end encore une fois marqué par le lourd soleil, et l’ombre bienveillante de notre scène fétiche, la Valley…

 

VERDUN

C’est aux français de Verdun que revient l’illustre mais lourde tâche de lancer les hostilités sous cette tente qui va accueillir la plupart de nos pérégrinations ce week-end. Sacrée pression, d’autant plus que la tente est très correctement remplie pour un début de festival (l’occasion de rappeler les progrès énormes accomplis par l’organisation dans l’accueil du public, qui a pu pénétrer sur le site bien plus rapidement que l’an dernier). Avec sérieux et concentration, les montpelliérains entrent dans la bataille avec la rage que leur confère intuitivement leur patronyme. Lourdeur des riffs et torpeur naissante d’une atmosphère de canicule se marient à merveille pour faire headbanguer un public attentif mais encore un peu apathique (il s’économise peut-être ?). Sur scène c’est carré, bien fait et ça sonne – mention particulière pour cette frappe de mule, qui martèle même des passages limite tribaux pour appuyer des rythmiques bulldozer, voire martiales. Cette lenteur patibulaire déchirée de toutes parts par ces hurlements terrifiants finissent de convaincre une assistance qui repart avec le sentiment que décidément, ce week-end, ça ne sera pas que de la déconne.

 

OKKULTOKRATI

Cherchez l’intrus… Aujourd’hui, c’est un peu Okkultokrati qui joue un peu l’anomalie sur cette affiche. Les talentueux hybrideurs musicaux norvégiens, signés chez Southern Lord, proposent un metal lugubre percé de saillies doom, punk, post metal ou même black metal, qui aurait peut-être plus trouvé sa place dans une scène voisine (Altar ou Temple) mais il y serait quand même apparu décalé… Reconnaissons à la Valley cette vocation d’ouverture musicale ! Une ouverture pas complètement valorisée pour ce set qui se joue devant une tente moins remplie que pour Verdun. Pour autant les scandinaves ne déméritent pas : la formation est bien en place mais ça ne suffit pas et le public ne fait pas montre d’un enthousiasme débordant. Prévisible.

 

NOOTHGRUSH

Tandis que les gradients de température augmentent inéluctablement sur Clisson, l’atmosphère sous la Valley prend un tour franchement glauque avec l’arrivée des californiens de Noothgrush. Enfin, « californiens » peut prêter à confusion ici : n’imaginez pas une poignée de bellâtres aux longs cheveux blonds, shorts et chemises hawaïennes ; Noothgrush vient d’Oakland, banlieue pauvre de San Francisco, port marchand et friche industrielle occasionnellement lugubre, dont la crasse vient couler sur chaque mesure de ce graisseux quatuor. C’est sale, c’est lourd, les riffs s’enchaînent lents ou tortueux, et le chant du longiligne Dino Sommese vient lacérer chaque chanson, jouant du guttural comme du hurlement perçant. La batterie de l’étonnante Chiyo Nukaga enfonce chaque titre avec l’effet d’un marteau piqueur martelant nos innocentes cages à miel… Les glaireux « Useless », « Hatred for the species » ou le lourdingue « Oil Removed » font leur petit effet sur les cervicales des premiers rangs. Il faut dire que la tente est correctement remplie, et le public encaisse chaque titre comme une nouvelle mornifle, sans vraiment comprendre complètement ce qu’il se passe. Très bon, mais quelque peu déstabilisant. Sortir de la tente après un set aussi gras et lourd pour regagner ce soleil incandescent et ce ciel bleu insolent s’avèrera perturbant. La redescente est rude.

 

SUBROSA

Originaire de l’Etat mormon de l’Utah, SubRosa n’en est pas à son coup d’essai au Hellfest : en effet, le groupe emmené par Rebecca Vernon s’était déjà produit à Clisson en 2014. Pour sa deuxième prestation en terres nantaises, le public s’est déplacé. Peut-être pas en masse, mais la foule amassée sous la Valley est tout à fait honorable pour cette heure de la journée, où beaucoup préfèrent cuver leur gnôle de la veille au camping. Premier bon point et qui montre que l’on a affaire à un groupe sérieux : ici, pas de connards déguisés. Le public se partage entre ceux qui préfèrent s’allonger et vibrer au rythme de la musique et les aficionados, debout, qui ne perdent pas une miette du show. Musicalement, le combo est irréprochable : venu défendre son album « For This We Fought The Battle Of Ages », SubRosa, sur ses 45 minutes de set, ne jouera d’ailleurs que trois chansons, toutes extraites de leur dernière livraison. Des mélodies entêtantes qui ne sont pas sans rappeler une version heavy de Bjork sur lesquelles viennent danser les violons font que l’on se sent transporté, l’espace d’un concert, hors de Terre. Éloignée des canon sludge et y mêlant de éléments folk et expérimentaux, SubRosa est réellement un groupe à part, dont la musique ne peut définitivement pas laisser indifférent. Le public ne s’y trompe d’ailleurs pas et réserve un accueil plus que chaleureux aux Américains.

 

HELMET

Après la performance alambiquée entre doom et plans planants de la formation mixte, un petit tour dans l’enceinte du fest nous a permis de constater que le soleil continuait à taper fort sur les nombreux quidams agglutinés devant les échoppes vendant le merch du Hellfest. Les coutumiers de la fête s’y sont pris à l’avance, mais comme il y a toujours plus de coutumiers : le flot de d’acheteurs semble ne pas pouvoir se tarir alors que certains articles sont déjà sold out. Vu le monde qui flâne dans les allées, le public nombreux devant les Mainstage tout comme d’hab’ et la zone VIP hyper confortable qui ne désemplit pas, nous sommes carrément sur le cul de devoir batailler pour nous frayer un passage sous la tente de la Valley. Ça coince de partout et la fosse à photographes affiche complet alors qu’il est l’heure du goûter : difficile dans ces conditions de se la ramener pour contester la présence des Etasuniens, pourtant assez éloignés du registre musical déployé durant ces trois journées. Les vétérans US bourrins déferlent tels des bulldozers écrasant tout sur le passage. Un carton plein avec des extraits datés de leur répertoire et quelques passages intéressants piochés dans leur toute récente discographie (comprendre « Dead To The World »). L’énorme final sur « In The Meantime » (What else ?) a foutu tout le monde d’accord.

 

RED FANG

Habitué du Hellfest auquel elle est quasi abonnée, la formation américaine Red Fang est de passage sous la Valley pour défendre son dernier opus en date, « Only Ghosts », sorti en 2016. La tente est surpeuplée et il est difficile d’y rentrer. Beaucoup se contenteront donc de regarder le set via l’écran géant habilement placé à l’entrée. Le combo livre une prestation exemplaire, époustouflante de puissance et d’efficacité. Privilégiant les morceaux concis et efficaces, Red Fang emporte l’adhésion d’un public venu en masse l’applaudir. Les slams sont légions tandis que le quatuor mené par Bryan Giles enchaîne frénétiquement les tubes stoner sans laisser au public le temps de se reposer ne serait-ce qu’un instant. La lessiveuse tourne à plein régime et laisse un public exsangue, épuisé, mais ravi.

 

BARONESS

Une drôle de succession de groupes proches de la scène stoner aura marqué cette première journée qui faisait la part belle aux formations populaires chez les hipsters et autres bobos récemment convertis au stoner ou à ses proches satellites. Au passage, on notera qu’une inversion de Red Fang et de Baroness aurait été plus logique selon notre lecture ; toujours est-il que c’est les seconds qui occupent une place de choix dans le running order du jour. Forcément rehaussée des illustrations fantastiques de John Dyer Baizley, la prestation du quatuor US en jette visuellement et les Lourds Of The Valley fantasment en matant la nouvelle guitariste Gina Gleason qui touche plutôt bien sa bille à la guitare en plus d’être un joli brin de jeune fille au crâne à moitié rasé. Côté setlist on a droit à une partie de l’arc-en-ciel discographique de Baroness plutôt du côté mou de la force avec une surpondération de « Purple ». Les deux hits groovy de la mort qui tue que sont « Take My Bones Away » et « March to the Sea » ayant constitué le point d’orgue d’un show qui ne fera, hélas, pas partie de nos meilleurs moments du week-end.

 

ELECTRIC WIZARD

Plat de résistance de la Valley le vendredi soir, le légendaire combo doom metal Electric Wizard arrive en terrain conquis. Plus que bourrée ras la gueule, il règne une chaleur infernale sous la tente. Lumières rouges et vertes, ambiance lugubre et lourdeur sont au rendez-vous pour un set placé sous le signe de Satan. Cependant, si le public semble ravi, l’on a du mal à accrocher à un concert qui enfile les poncifs du genre comme des perles. Il en va de même côté set list, où le groupe nous propose peu ou prou le même concert depuis des années (aucune surprise, leur top 10 tourne en mode automatique : « Satanic Rites of Drugula », « Witchcult today », « Return trip », « Funeralopolis », …). Zéro prise de risque. Peut-être que si tous les riffs du groupe n’étaient pas des riffs de Black Sabbath injectés de Tranxène, ce serait artistiquement plus intéressant. Cependant, l’audience ne boude pas son plaisir et fait savoir son approbation au combo britannique.

 

MONSTER MAGNET

L’air de rien, ça faisait assez longtemps qu’on n’avait pas vu la bande de l’aimant monstrueux sur nos terres, et les voir se rappeler à notre souvenir en headliner de cette première (superbe) journée sous la Valley nous ravit. Côté ambiance, leur dernier passage au Hellfest nous revient très vite en mémoire, le groupe ayant cette fois encore eu la main plutôt lourde sur la machine à fumée. Perdus au milieu de ce dense nuage, le quintette (au line up inchangé ces dernières années) prend la scène derrière un Dave Wyndorf qui marque très vite les esprits : très aminci, le fringuant frontman nous rappelle avec émotion sa fougue du début des années 2000 ! Souriant, plein d’énergie, entraînant, interagissant constamment avec son public, incarnant chaque titre avec passion, il s’affirme à nouveau comme le frontman que l’on a connu par le passé. Et les autres ne sont pas en reste : loin d’un vulgaire backing band, chacun fait le taf et assure une présence scénique plus ou moins outrecuidante (entre les poses guitar hero et le travail rythmique de besogneux, on trouve de tout). En tout cas on ne s’ennuie pas et le groupe est généreux.
Côté set list, pas de grosse prise de risque – il faut dire qu’avec un tel répertoire, difficile de se planter avec des perles comme « Dopes to Infinity », « Tractor », « Negasonic Teenage Warhead », « Look to your Orb for the Warning » ou même un plus rare « I Want more » très efficace en live. Pas franchement de surprise, le groupe se la joue un peu facile… mais quelle efficacité ! Ils terminent néanmoins un peu en eau de boudin, plus de 5 minutes avant la fin, en laissant leurs instruments ronronner dans le noir, laissant le public penser qu’ils reviendront… ce qu’ils ne feront  pas, provoquant quelques sifflets plus frustrés qu’énervés. Un très grand Magnet ce soir, et plus globalement la promesse de nouvelles années fastes dans la carrière du groupe.

 

Crevés mais le sourire aux lèvres, on quitte le site clissonais sous un ciel clément et étoilé avec la perspective de deux autres journées que l’on n’ose espérer de la même qualité. En attendant, on va essayer de grapiller quelques heures de sommeil…

 

[A SUIVRE…]

 

Alain Blanville, Chris et Laurent

(Photos Laurent)

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Notre video-report de la journée :

2 commentaires 
  • Laurent

    J’ai passé une grande partie du fest sous la Valley, et franchement ma déception, a été Helmet,caisse claire trop forte, concert linéaire et pourtant j’étais presque au premier rang. Et Monster Magnet trop de reverbe sur le chant . Mon coup de coeur était Blood Cérémony,et j’ai aimé Slo Burn,Clutch,Baroness, BOC et le finale avec Hawkwind . Comme quoi tout le monde a des ressentis différents…

  • chris

    …comme tu le dis si bien Laurent : tout le monde a des ressentis différents et nous ne pouvons que féliciter l’organisation de combler tout un chacun au final.

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