NICK OLIVERI (+ Out Of Space) – 22/07/2015 – Lyon / Décines (Warmaudio)

Il existe encoredes personnalités atypiques, inclassables voire imprévisibles dans le milieu , et c’est tant mieux. Certainement pas pour rien que Nick Oliveri a intitulé son dernier album « Uncontrollable ». La quarantaine ça aide à se connaître. Pas non plus tous les jours qu’une icône de Palm Desert au CV impressionnant nous rend visite, et l’annonce d’un set acoustique en solo suscite curiosité et interrogations parmi la centaine de personnes venue garnir le Warmaudio pour ce deuxième plateau proposé par L’Oeil de Néron.

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C’est aux locaux, comme le veut la coutume, d’Out of Space, que revient l’insigne honneur d’ouvrir pour l’un des pionniers du stoner californien. Au cours d’une discussion pré-show passionnée, le trio officiant depuis 2012 me confiera d’ailleurs vivre une sorte de rêve éveillé en partageant l’affiche avec l’une de leurs influences majeures, petits veinards qu’ils sont.

Et effectivement une fois que les planches se mettent à vibrer, un fort arrière goût QOTSA-ien émane des compos des lyonnais, mais celui, plus désertique, des débuts, mélangé toutefois à des ambiances plus sombres, des touches plus grunge. Une fois, découverte oblige, les sempiternelles étiquettes accolées, on apprécie le déploiement sonore du combo : la basse punchie de Guillaume ronfle et groove comme il se doit, Nicolas et sa gratte prennent un malin plaisir à varier les sonorités, appuyés par la panoplie d’effets inhérente au genre. Son chant vient des tripes, renforçant ainsi la véhémence des morceaux. Tout juste notera-t-on un léger manque de justesse sur les parties aigües les plus exigeantes. Derrière les fûts Kevin est loin d’être avare en dépense énergétique et en mimiques dont seuls les batteurs ont le secret, et le fait d’avoir un bassiste gaucher jouxtant un guitariste droitier apporte une symétrie scénique plutôt sympathique visuellement.

Mention spéciale au dernier morceau sur lequel on est invités à fermer les yeux et voyager, un petit quart d’heure plus aérien et bien senti qui s’achèvera en larsens, mariés aux applaudissements d’une audience qui ne s’y est pas trompée.

Une bonne découverte, assurément un groupe à suivre dont on aura l’occasion de vous reparler.

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« Jamais vu autant de tracteurs de ma vie, quel merdier ! » C’est un Nick fatigué et limite bougon qui arrive enfin à Décines, depuis Nantes, avec quelques bonnes heures de retard, bloqué par les agriculteurs mécontents. Tout s’est décidément réuni ce soir pour qu’on se demande à quelle sauce on va bien pouvoir être mangés ce soir…

Après évacuation du superflu sur la scène, c’est à dire tout sauf un ampli et une table nappée, ornée de breuvages d’origine belge ou mexicaine, l’homme qui autrefois s’amusait à jouer à poil va se mettre à nu devant nous. Dès son entrée, tout sourire (ouf !), il instaure une proximité avec son public à coups de vannes et de bonne humeur communicative, déclenchant instantanément l’hilarité des (plutôt nombreux) anglophones présents et détendant l’atmosphère en deux coups de médiator.

Place à la musique, et le bonhomme va passer, à la moulinette acoustique donc, une partie forcément non exhaustive de sa riche discographie. Il ne faut que très peu de temps pour qu’enfin la double centaine d’oreilles présente mette le doigt sur tout l’intérêt de cette tournée solo: se faire plaisir et nous faire plaisir. Se faire plaisir en déterrant avec brio des morceaux loin d’être connus de tous, surfant sur les vagues punk, rock ou blues chères à son cœur, et nous faire plaisir avec des relectures personnelles et appréciées de quelques morceaux de qui-vous-savez.

A peine planqué derrière sa guitare, Oliveri se fait tantôt furieux, tantôt d’une douceur presque insoupçonnée, six-cordes maîtrisée qui semble en fait servir d’appui pour permettre à sa voix si particulière, stridente, possédée mais chaleureuse et envoutante, de s’exprimer au maximum de ses capacités, nous laissant littéralement en admiration devant tant de sincérité et de passion.

Chaque entre-morceaux est prétexte à se réhydrater, s’auto-chambrer sur son passé, offrir une bière au public, ou encore carrément nous inviter à faire la fête avec lui sur scène pendant « Feel Good Hit of The Summer », laissant même le micro à qui veut, simplicité, intégrité, classe.

Si j’avoue bien volontiers ne pas être un aficionado des tous ses projets, les conditions de ce soir proches d’un showcase ou d’un concert privé, promiscuité et convivialité, nous auront permis de découvrir l’Artiste sous un autre angle, le plus spontané et honnête qui soit.

En témoigne, si besoin était encore, cet after collectif émaillé d’anecdotes de route toutes plus croustillantes les unes que les autres. Notre quadragénaire insatiable finira même chez Fraise, tatoueuse du coin, histoire d’immortaliser sur sa peau ce moment de partage musical et humain.

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Double, voire triple pouce en l’air, pour Néron qui a eu l’œil, pour les gens qui l’ont aidé, ainsi que pour Jo Riou, illustrateur pour de plus en plus de groupes dans la nébuleuse, descendu spécialement de Paris avec tout plein de chouettes affiches, notamment celle de ce soir, et félicité pour son travail par Nick himself qui repartira avec quelques posters à afficher dans sa chambre d’éternel ado.

Et bien sûr bravo aux quatre musiciens du jour, messieurs vous avez assuré et messieurs-dames, ce fût une soirée fort agréable !

(Crédits : poster par Jo Riou, photos par Noodle Photography)

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