Pilotos, Cabron, 18 septembre 2005, Den Drempel, Antwerpen, Belgique

Second concert pour la jeune association Smoke Catapult. La particularité du concert de ce soir est d’avoir mis à l’affiche deux groupes n’ayant sorti aucun album sur un label. On pourrait ergoter sur les productions DIY de Pilotos mais le résultat est le même. Deux groupes non distribués qui jouent un dimanche soir dans un café, le tout organisé par une association qui n’a pas vraiment les moyens de s’offrir une promo digne de ce nom, çà risque de ne pas attirer grand monde. Et effectivement, l’assistance est relativement clairsemée … 

Alors que le début des hostilités est prévu pour 19h00, on nous annonce qu’il y aura du retard car les membres de Pilotos se sont perdu, fait coutumier à tous ceux qui ne connaissent pas Anvers, moi-même y compris. 
Alors que Cabron a déjà installé tout son matériel et patiente tranquillement, les membres de Pilotos (deux chiliens et deux suédois, mélange atypique mais efficace) débarquent avec une heure de retard. Pour une raison qui m’échappe, c’est eux qui joueront les premiers, ce qui nous vaut un démontage et remontage de matos effectué sans stress. Finalement, un des deux guitaristes monte sur scène vers 21h00 et rappelle gentiment aux trois autres qu’ils ne sont pas là pour découvrir les bières belges mais bien pour faire un concert. 
Sans l’ombre d’une balance ou d’un réglage quelconque, Pilotos entame son set par deux morceaux plutôt rentre-dedans aux riffs déjà entendus mille fois mais toujours efficaces. Et c’est bien ce qui caractérise ce groupe, la simplicité et l’efficacité. Pas de fioritures, pas d’intros pompeuses, de passages hypnotiques ou de solos démonstratifs, seulement une suite de morceaux à la rythmique bien enlevée soutenus par un son grassouillet comme on l’aime mais jamais noyé sous le fuzz (il n’y a que deux suédois dans le groupe). Le tempo ralentit pour un ou deux morceaux laissant effleurer une légère touche de Blues même si c’est en lâchant de gros riffs que Pilotos semble prendre le plus de plaisir à jouer. Le chanteur principal ( le batteur assurera les vocaux sur un titre) semble très à l’aise et réchauffe l’atmosphère, lançant un « Viva Chile ! » entre deux morceaux ou faisant le rapprochement entre la Duvel qu’il vient de déguster au bar et le morceau suivant intitulé « De Devil ». Après une demi-heure, les musiciens déposent leurs instruments avant de les reprendre immédiatement sous l’insistance du public pour délivrer trois titres supplémentaires. Un des atouts du groupe est l’énorme capital sympathie qu’il dégage et même si ce concert ne restera pas comme un souvenir impérissable, il a permit à chacun de passer un moment agréable. Quand on connaît le montant ridicule du cachet demandé (qui permet à peine de rembourser les frais de déplacement), on se dit que ces gars-là sont uniquement venus pour prendre du bon temps et en donner, saine attitude qui mérite quelques encouragements. 

Même si Cabron est un groupe récent, les membres de ce groupe sont loin d’être des débutants. Les trois frangins Reynders (le premier qui leurs trouve un air de famille gagne un carambar) jouent ensemble dans divers combos depuis 20 ans et avec Alejandro Garrido ils ont dégotté le chanteur idéal pour leur nouveau projet. Avec un line-up comme celui-là, inutile de dire que la mise en place est parfaite. Ces mecs jouent ensemble depuis toujours et çà se sent. 
Cabron a l’art de délivrer des compos immédiates, sur vitaminées mais toujours très mélodiques, aspect renforcé par les vocaux d’Alejandro, certainement un des atouts majeurs du groupe. On imagine d’ailleurs très bien que cette alchimie devrait leur permettre de sortir rapidement de l’underground pour aller séduire les programmateurs radio éclairés et les décideurs de majors (les boss de Buzzville Records sont dans la salle mais il y a fort à parier que le passage sur cet excellent label belge n’est qu’une étape pour le groupe). 
Mais trêve de conjonctures hasardeuses, revenons au concert. 
La set-list de ce soir mêle de nouveaux titres dont la qualité laisse présager du meilleur pour l’album à venir avec des morceaux de leur demo. « Your Lessons learned » ou « Backlash » sont parfaitement exécutés avec un enthousiasme qui fait plaisir à voir. Cabron ne s’appuie que sur la qualité de ses compos pour séduire le public. Pas besoin de poses rock’n’roll, la musique se suffit à elle-même et c’est le sourire en coin qu’ils balancent ce qui risque de devenir des classiques. La section rythmique fait traîner l’intro de l’instrumental « Parascending » avec une régularité métronomique avant l’explosion des guitares et on se dit que le bassiste, qui ne paye pas de mine avec son haut-de-forme et sa barbe hirsute, connaît son boulot. Les morceaux sont truffés de petits breaks avec une seule guitare ou une ligne de basse, petites respirations qui permettent au groupe de refoutre la patate avec une synchro parfaite. Que dire des deux reprises d’AC/DC (« Riff Raff » et « Sin City ») que le groupe réussit à s’approprier tout en restant fidèle aux originaux, Alejandro allant jusqu’à chanter avec une voix qui évoque clairement Bon Scott. Le show se clôture avec un excellent long morceau qui ressemble à une jam toute en tension et qui finit par nous convaincre du potentiel de Cabron dont on attend l’album avec impatience. 

Jihem

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