Red Fang, Drawers, 17 juillet 2012, Heretic Club, Bordeaux, France

Un peu naïfs sur le coup, on pensait qu’en arrivant à l’heure prévue, on pourrait voir tous les groupes… Grave erreur qui nous a fait rater la première-première partie qui a fini son set avant l’heure de début prévue, Marple Chariot, dont je ne vous dirai donc rien. Allez, une prochaine fois peut-être.

Arrivés devant la petite salle du centre ville de Bordeaux, le monde à l’extérieur annonce un concert sold out. C’est le moins qu’on puisse dire ! En effet, une fois devant la porte, impossible de rentrer, même si on a sa place ou son invit qui nous attend ! La contenance de la salle est atteinte, les règles de sécurité empêchent de faire rentrer le moindre individu supplémentaire ! Par le truchement de mecs pas très frais qui sortent de la salle (sans comprendre qu’ils ne pourraient pas re-rentrer), on parvient donc à rentrer… L’impression qu’on avait depuis l’extérieur se confirme à l’intérieur : la petite salle est blindée plus que de raison ! Juste le temps de descendre une petite mousse après ces émotions, et on descend dans le ventre de la bête… Les toulousains de Drawers bastonnent déjà depuis quelques minutes quand on met le pied dans la fournaise. Car oui, comment qualifier autrement ce sous-sol ras du plafond dans lequel 2/3 des mètres cubes disponibles sont consacrés à des corps humains en sueur… Le petit espace réservé à l’air est en fait un mélange de vapeur de sueur, d’odeurs de bière, de fumée (et oui, la clope est autorisée / tolérée…)… mais en tout cas pas d’air frais ! On prend donc sa dernière respiration en ouvrant la porte, et on reste en apnée pendant plus de 2 heures ! Prenant notre courage à deux mains, on se faufile au milieu de la foule pour gagner le coin de la scène, qu’on ne quittera plus jusqu’à la fin de Red Fang. Drawers, donc. Manifestement, le combo est venu avec quelques copains, ou en tout cas grands amateurs, qui apprécient leur set puissant. Faut dire que l’ambiance littéralement poisseuse convient à ravir au quintette de furieux qui se défonce sur les 3 m² de scène. Leur stoner-metal furieusement sludge mais assez technique fonctionne bien, le groupe est à sa place sur l’affiche et profite de cette opportunité pour se faire connaître, si possible en éclatant quelques crânes au passage. Réussi ! A revoir néanmoins dans une ambiance où on passe plus de temps à écouter la musique qu’à s’essorer le front ou à essayer de trouver un filet d’air frais pour survivre 15 minutes supplémentaires…

Parce que oui, quand Red Fang monte tranquillement sur scène, la température ambiante relève plus de l’incubateur que de la simple salle de concert. Quant à l’humidité ambiante, elle s’approche des 100%, et les murs s’en souviennent : ils suintent au moins autant que n’importe qui dans la salle, à grosses gouttes ! D’ailleurs, quand Aaron monte sur scène avec ses petites lunettes de premier de la classe complètement embuées, il commence par demander « il y a quelqu’un ici ? Non parce que moi je vois personne à travers mes lunettes ». Le groupe entame son set dans cette ambiance bouillante et perturbante, et monte en tension très vite. Le public, au diapason, n’a d’autre choix que d’évoluer comme un seul être, au rythme des riffs de la paire impeccable de bretteurs, appliqués mais carrés en diable. La première partie du set (dont la set list m’apparaît avec le recul quelque peu confuse – je pense que mes neurones ont dû disjoncter par 2 ou 3 fois durant ce set, ayant atteint depuis belle lurette la température maxi de sécurité) est largement dédiée à « Murder The Mountains », leur dernier disque. C’est de bonne guerre, et vue la qualité du brûlot, on ne va pas se plaindre. Les musiciens sont un peu à la peine, avec des amplis qui déconnent, des micros vacillants, des faux contacts, des lumières qui sautent… Manifestement, humidité ambiante et électronique ne font pas bon ménage.


Sans faiblir, les bonhommes commencent à dégainer les meilleurs titres de leur premier album éponyme. La satisfaction éprouvée face à la contemplation de ce public en fusion fait manifestement oublier à Aaron Beam et ses collègues la rudesse physique exigée par leur prestation : les sourires sont nombreux sur leurs visages, tandis que les bouteilles d’eau et les serviettes éponges défilent. Une petite heure plus tard, le groupe quitte la scène quelques minutes, histoire de récupérer quelques volutes d’air en coulisse, avant de revenir décocher l’ultime salve. Encore une fois, set list un peu nébuleuse, toujours est-il qu’après 2 ou 3 titres joués les dents serrées et le sourire hargneux au bord des lèvres, le groupe n’en peut plus et quitte la scène, avec le sentiment du devoir accompli. Et avec panache, je vous prie ! On les retrouvera quelques minutes plus tard assis sur le trottoir à essayer d’avaler quelques bouffées d’air frais… Une soirée en tous points mémorable.

Laurent

Laisser un commentaire

  

  

  

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.


Se connecter