STONED FROM THE UNDERGROUND 2010, 9 et 10 juillet 2010, Stotterneheimer, Erfurt, Allemagne

Le festival des extrêmes : Coal stones slo burning from the underground

Nous voici de retour à Erfurt pour le 10ème anniversaire de Stoned From The Underground, ce petit festival doom/stoner à l’ambiance familiale perdu au milieu de l’Allemagne. Qui dit anniversaire dit célébration, dit cadeaux, et ces cadeaux c’est le public qui les reçoit. Quels cadeaux ? Un line up béton. Pendant deux jours vont se succéder des pointures ainsi que d’autres groupes moins connus mais sans aucune faute de goût… Le tout sous un soleil au beau fixe, au contraire de l’édition précédente.

Vendredi :

Après notre arrivée, avoir installé nos maisons de fortune et retiré nos pass, on se dirige vers la plage en attendant les premiers concerts. L’endroit est si agréable qu’on aura du mal à se déplacer vers la scène aux premières notes jouées… Le soleil tape dur et me crame généreusement dès les premières heures, je l’en remercie.

C’est Luna Negra qui ouvre le bal, et en toute honnêteté je ne pourrais pas en parler, étant toujours à trainasser près du rivage. Je me souviens juste avoir pensé que les coups de basse résonnaient comme des cloches pour le ralliement des troupes.

Samsara Blues Experiment seront symptomatiques des quelques problèmes de son du festival en général (pas de voix pendant la moitié du set en l’occurrence), ils présentent tout de même un bon show allant du doom au blues psyché, on y perçoit même d’infimes touches jazzy. Une de mes révélations du festival, ça commence bien.

Kongh n’est pas là pour rigoler. Les premières notes très lourdes s’accompagnent d’un chant hurlé style death metal. Nous qualifierons donc Kongh de groupe death doom; cette étiquette collée à la va-vite nous fera mentir car le chant s’adoucira un peu, alors que le style deviendra plus technique. Certaines compo sont tout simplement hyper-efficaces, seconde révélation du festival, ça enchaîne.

Vient le tour de Winnebago Deal, duo guitariste/batteur punk sans concession, un peu hors tableau malgré le son burné et bien crade.

On s’éclipse néanmoins après deux chansons sympas pour essayer d’approcher John Garcia. Le fameux Ralph ayant l’air de se foutre un peu de l’organisation presse, on doit tout faire nous-mêmes. La mission s’annonce ardue, John parle avec Alfredo Hernandez (Yawning Man, ex-Kyuss), rigole avec des potes en toute décontraction. On s’avance, se présente, mais John a « un truc à voir » et aimerait voir jouer « these guys » (Yawning Man). Il cherche une voie de sortie, voit quelqu’un au loin et nous a déjà oublié. Autant dire qu’on la trouvé bien faux-cul pour le coup. Tant pis, on est pas là pour courir après les gens, il fait bien trop chaud pour ça.

Yawning Man s’installe et c’est l’ovation. Ils jouent un set qui passera très vite, et ne me laissera pas un souvenir impérissable, mais c’était bien. Les projections derrière le groupe n’y sont pas étrangères, c’est voyage instantané dans le désert. Compte des membres de feu Kyuss à jouer sur scène ce weekend : « et de 1 ».

Après une grosse demi-heure d’attente à l’air frais de la soirée déjà bien installée, on rentre sous la tente surchauffée pour Garcia plays Kyuss, un des gros morceaux du weekend. Le set commence sur un Molten Universe sans John Garcia donc, qui entre en scène au moment de balancer Thumb. Le public est à fond et ça durera comme ça pendant 1h30. Je noterais juste que John avait du mal vocalement parfois, et que le son de guitare était vraiment limite là ou je me trouvais. La section rythmique était par contre impeccable. Au contraire du passage au Batschkapp de Francfort dont j’ai également été témoin, Spaceship Landing sera jouée à vitesse normale, et non deux fois plus vite.

John ne manquera pas de provoquer le public en s’étonnant à plusieurs reprises de ne pas sentir d’herbe… Compte des membres de feu Kyuss à jouer sur scène ce weekend : « et de 2 ».

La sortie vers la bute est salvatrice, la chaleur de la journée et du dernier set nous a ruinés, et on ne rentrera plus sous la tente aujourd’hui. Peter Pan Speedrock sera donc apprécié depuis l’extérieur (oui j’ai bien aimé), avec le meilleur son possible de surcroit. A l’instar de Valient Thorr l’an dernier, Peter Pan Speedrock apporte une dose de rock’n’roll survitaminé à des festivaliers aux méninges embrumées par des fumées pas toujours licites.

Ensuite, direction les tentes, à demain.

Samedi :

Réveil à 8h, étonnement pas à cause de la chaleur, mais parce que le champ est à nouveau très inconfortable. On enfile le maillot de bain et la matinée sera passée à l’ombre près de la plage. Hors de question de faire quoi que ce soit d’autre, le soleil est déjà bien trop terrifiant. Grosse glande donc (mais je prends le temps d’écrire ces lignes tout de même).

Après un barbecue récalcitrant, on pouvait entendre un groupe clandestin s’éclater sous le soleil au fond du camping, le tout alimenté par un générateur… ça vous dit quelque chose j’en suis sûr. Et ils avaient l’air d’être bons.

Peu de temps après, une mini-tornade ravage une petite partie du camping… Ambiance particulière, on se croirait transporté dans un autre pays.

The Machine ouvre les hostilités du samedi vers 15h, mais comme la veille, je fais l’impasse pour profiter un maximum de la fraîcheur du lac, surtout à cette heure-ci… Désolé à ces messieurs, mais de loin ça avait l’air bien.

Idem pour Highway Child, mais ce que j’en entendais ne m’a pas vraiment fait regretter cette fois d’être resté dans notre petit coin de verdure.

On décide néanmoins de bouger nos fesses pour voir Firebird. Décidément assommé par la chaleur, je n’arrive pas à rentrer dans le concert et cette musique est trop classic rock pour moi, on s’ennuie un peu. La dernière chanson où le chanteur se concentrera sur son harmonica était toutefois vraiment bien.

Nightstalker. Ils viennent de Grèce, ont incarné le temps de ce weekend le pur groupe stoner rock. Leur musique lourde mais toutefois énergique et catchy, aux saveurs de poussière, d’huile et de soleil a fait mouche. Le chanteur et le bassiste étaient particulièrement impressionnants, le premier dans un registre très charismatique, le second plus sobre mais au jeu très solide et groovy.

La suite sera sous le signe du metal. Trois des groupes du weekend tournent ensemble à cette période, et ils joueront tous l’un après l’autre pour inaugurer les premiers moments de la nuit.

On commence par les californiens de Saviours, que beaucoup comparent à The Sword. A juste titre puisque tous deux envoient du riff lourd, dans le pur style heavy metal avec pour Saint Père Ozzy Osbourne et son culte Black Sabbath.

Influence que le chanteur ne manquera pas de rappeler au micro dans une tentative de discours fédérateur autour du groupe phare, malgré un public un tantinet clairsemé.

La suite des évènements nous emmènera dans l’enceinte du camping alors que Black Cobra, deuxième groupe du trio, s’adonne à un soundcheck épique, d’une violence inouïe. Le but est de tester les micros, régler les retours mais pas de tout péter, rappelons-le. Leur concert sera à l’image du soundcheck: du metal sans concessions, aux côtés sludge. L’aspect extrêmement imposant m’a toutefois tapé dans l’œil et attisé ma curiosité, je note le nom pour me renseigner, n’étant pas spécialiste du genre…

Pour finir ce trio, le groupe au nom plutôt suggestif Weedeater fait son entrée et enfonce le clou. Sur un point personnel, j’ai trouvé ça assez indigeste, et je crois que la récente surenchère de groupes purement metal n’y était pas étranger. Mon collègue Vincenzo a par contre visiblement bien aimé, et a comparé le chanteur bassiste à « un guerrier faisant valdinguer sa hache dans un champ de bataille, à coup de riffs ». Forcément sous cet angle là, c’est attirant.

Ravitaillement et repos des oreilles. Les dernières heures du festival se profilent, et les dernières pointures s’apprêtent à jouer.

Brant Bjork investit la scène et envoie la sauce. Ce sera une très bonne heure et demi, avec peut-être un coup de mou vers le milieu du set mais globalement le nouveau son plus fuzzy, globalement plus fort, plus lourd apparu avec le dernier album Gods and Goddesses, en fera vite son affaire.

Ce sera un des meilleurs concerts du weekend. Mais là encore, difficile de départager tant le niveau est élevé… Un discours de l’organisateur conclura le set, en mettant en parallèle les 10 ans du festival avec les 10 ans d’existence d’Ufomammut, concert de clôture.

Nous interviewons Brant Bjork qui est rapidement disponible backstage après le concert. Très accessible, l’interview se déroulera néanmoins dans de mauvaises conditions et le dernier concert commençait…

Nous voici donc devant Ufomammut, un moment qui a su se faire attendre. La claque est monumentale, le son est dantesque, les riffs ont abasourdi la foule restée en masse pour ce dernier concert du weekend. Je suis en transe et j’ai du mal à me rappeler ce qui a été joué. Les mouvements II et III d’Eve, le dernier album, ainsi que Stardog d’Idolum.

Le reste n’était plus que sons ronflants et rythmes obsessionnels dans ma tête et ça m’était bien égal. Le groupe reviendra pour deux morceaux, et les lumières s’allument sur les coups de 2h du matin.

DJ Walter (Mr Roadburn en personne) prend les platines pour finir la nuit à gros coups de titres de Black Sabbath, Fu Manchu et consors.

Au réveil quelques heures plus tard, on oubliera pas de piquer une tête d’adieu dans le lac avant de plier boutique et de dire au revoir à ces 2 jours et demi de rock dans la poussière et sous le soleil. Un festival stoner quoi.

Mathieu Springinsfeld

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