STONED FROM THE UNDERGROUND 2013, 11 au 13 juillet, Erfurt, Allemagne

Réunion de famille

Après un trajet désormais bien connu et un campement dont on pouvait être fier (on s’améliore chaque année), l’impatience de rentrer dans l’enceinte du festival se faisait sentir. Beau temps prévu sur l’ensemble du weekend, très bon programme sur scène, quelques nouveautés… 
A commencer par des horaires moins tardifs. En effet, une poignée de bungalows bordent dorénavant la rive opposée du lac, et de nouvelles réglementations ont été imposées à l’orga à la toute dernière minute. Il est désormais interdit de jouer sur la grande scène passé minuit, et si j’ai bien compris, ceci est déjà une exception, puisque l’horaire normal dans ce genre de cas serait de 22h, comme partout en Allemagne. On ne sait pas à l’heure actuelle si la règle des 22h devra être appliquée à la lettre l’année prochaine, et par conséquent, si le festival se déroulera toujours sur ce bout de terre qu’on affectionne tous énormément… On redoutait donc tous beaucoup que la présence d’une zone résidentielle de l’autre côté du lac ne vienne troubler la fête, mais il n’en fut rien. 

JOUR 1 

Le premier jour de concerts débute par une petite mise en bouche correcte servie par ISOPTERA, très peu de monde devant la scène mais une ambiance très bon enfant se dégage déjà. 

MIRROR QUEEN débarque et envoie une bonne petite dose de rock’n’roll qui rameutera le plus gros des troupes, pour enfin passer au premières têtes d’affiche qui taperont fort ce soir. Mirror Queen accompagne donc The Atomic Bitchwax et Earthless en tournée, rien que ca, mais ce serait oublier Pelican qui se greffera à la soirée et donnera une affiche béton à la première soirée. Tellement béton qu’elle sera exceptionnellement payante, le jeudi soir étant traditionnellement gratuit ! 

Si mes souvenirs sont bons, The Atomic Bitchwax avaient un certain retard et PELICAN ont dû jouer à leur place. Ils étaient apparemment prêts à envoyer du gros en toute circonstance, les assauts du groupe instrumental de Chicago ont résonné dans pas mal de nuques le lendemain matin. 

EARTHLESS a cédé sa place de tête d’affiche pour jouer juste après. Je dois dire que j’aurais préféré les voir dans une petite salle, mais leur son était tout simplement divin sur un système pareil. Mario Rubalcaba remporte d’ores et déjà le titre de meilleur batteur du fest, son jeu est hypnotique, mais TAB arrivent et se préparent… 

THE ATOMIC BITCHWAX ferment donc les hostilités avec un set bien mixé, oldies comme choses plus récentes, la traditionnelle reprise « Kiss the Sun », l’hymne « Hope you Die » chanté à l’unisson par un public révolté mais aucun passage de The Local Fuzz, assez compliqué à placer dans un set d’une heure. Changer l’ordre de passage de la soirée n’aura été que bénéfique, cela aura été une superbe soirée qui se termine sur un set furieux. Mais il est minuit, et personne ne veut aller se coucher. La tente merchandising accueille donc une disco rock/métal jusqu’à environ deux heures du mat, tout le monde boit un bon coup, danse sur Pentagram, achète son t-shirt préféré, fait coucou aux mecs d’ElvisDead qu’on revoit toujours avec plaisir (le poster du fest est magnifique d’ailleurs, achetez-le !)… 

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JOUR 2 

La journée suivante commence tôt planning oblige, TREKKER ouvre sur du bon stoner de base tandis que OPERATORS mettra une sacrée ambiance sur scène, une grosse surprise ressemblant à un distributeur de vodka ambulant innarrêtable… (la vodka dispensée dans une bouteille en forme de mitrailleuse Thompson, pour être précis). 

Les danois de PET THE PREACHER prennent la scène par la suite, au plus grand plaisir de la gent féminine qui n’hésitera pas à manifester leur sex drive quand le chanteur tatoué se montrera… Heureusement, le groupe produit aussi un bon show, des compos de qualité, c’est plus mon genre… 

HORISONT enchaîne et on se dit que ce samedi est désormais tout aussi béton que la veille, le hard rock old school des suédois souvent cités aux cotés de Graveyard comme groupe à découvrir fera mouche pour pas mal d’entre nous, bien que probablement surfant sur la vague rétro toutes voiles dehors. 

Autre surprise, le duo belge SARDONIS, guitare + batterie, un instrumental sludge qui puise dans toutes les bonnes influences de Weedeater à Mastodon, un jeu de batterie impressionnant et pas mal de présence scénique au final pour deux mecs relativement inconnus au bataillon. 

TROUBLED HORSE ne restera pas dans les annales faute à un chanteur plutôt médiocre, il faut l’avouer. On aura espéré tout du long qu’il pourrait blâmer une absence de retour, ou quoi que ce soit d’autre, pour justifier une perf pareille. 

Inutile de présenter TRUCKFIGHTERS sur ce site, désormais connus de par le globe et décrété meilleur groupe du monde par Josh Homme himself, le power trio se pointe sur la scène avec la grosse banane et un public déjà en transe. Que dire, autre que cette première tête d’affiche du vendredi est passée comme une lettre à la poste, bien trop vite et dans une bonne humeur imbattable. Les fans se comptaient par centaines et le groupe le leur a bien rendu. Un sans-faute. 

Truckfighters a néanmoins beau avoir un statut tout acquis dans ce genre de festival, ce sont de véritables légendes du style qui vont fouler la scène de cette édition 2013 quelques 20 minutes plus tard. En effet, ACID KING est de passage en europe et, avec seulement trois albums depuis le début des années 90, restent une des plus grosses références du genre. Du haut de son 1m50, Lori en impose par son son et ses riffs, nuancés par son chant planant bourré de reverbe. Les headbangs étaient lancés pour ne s’arrêter qu’une heure plus tard. On pourra regretter que le son aurait pu être plus fort, plus imposant, mais ceux qui au premier abord n’étaient pas convaincus sont repartis adeptes et ceux comme moi qui mourraient d’envie d’enfin voir ce groupe en chair et en os repartiront avec un souvenir impérissable et une grosse envie de plus. 

Pour finir la soirée, le groupe MUSTASCH (des suédois, encore) produit un métal limite indus, limite comique, mais bien efficace, pour nous remettre la banane après un changement de rythme drastique. La disco reprend du service, les cris et les rires se font de plus en plus entendre et on se dit à demain. 

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JOUR 3 

Dernier jour, temps toujours au beau fixe, on prend des couleurs, des coups de soleil, en fonction du degré de préparation (coups de soleil pour ma part, j’ai un peu déconné)… On commence avec un concert improvisé dans le camping, le groupe MOTHER ENGINE a sorti les amplis et le kit sur les coups de midi pour attirer une petite centaine de personnes sous le soleil, façon generators party. Vraiment génial ! [lien vers vidéo youtube du set] Un sacré coup de pub pour un groupe qui devrait ouvrir l’année prochaine si tout se passe bien… 

Ensuite, direct à 14h avec un groupe bien sympa du nom deHYNE, pas mal d’amis dans le public, et une distribution généreuse d’EP en fin de concert. Cool. On remarquera ça tout au long de la journée d’ailleurs, tout le monde est trèèès cool, relax, les festivaliers ont adopté un rythme où il ne fallait pas trop leur en demander, mais les sourires béats se remarquent un peu partout. 

Un groupe un peu « what the fuck » va quand même un peu troubler tout ça. Les allemands de HERCULES PROPAGANDA débarquent sur scène avec tout l’attirail british heavy metal, cuir moustache, talons compensés de la gay pride et le chant de Rob Halford qui va avec, autant dire que ça déteint pas mal par rapport au style des groupes qui se sont pointé pour le moment. Rien à dire sur le concert, la musique étant à l’image du groupe, c’était n’importe quoi, mais ça en a fait délirer plus d’un, c’est l’important. 

BLACK BOMBAIM amenaient leur jam psyché du Portugal, en shorts s’il vous plait. Il était assez difficile de passer dans ce registre après Earthless, mais je pense qu’ils s’en sont bien sortis et avaient déjà un certain nombre d’aficionados dans le public. 

Les autrichiens de BEEN OBSCENE auront probablement été la grosse révélation mélodique du festival. Des compos de très bonne qualité, une sorte de QOTSA tyrolien sans complexe et à l’aise en live, on a passé un très bon moment devant ce groupe qu’aucun d’entre nous n’avait entendu auparavant. 

LORD VICAR nous a fait sourire… parfois grincer des dents… mais le père Vicar avait une pêche assez communicative, il faut l’avouer. M’enfin tout ça n’était vraiment pas bien en place, et le groupe le savait bien (« Welcome to rehearsal !»). Bref, suivant !

Le suivant n’était autre que FIVE HORSE JOHNSON, plutôt rares en Europe et attendus mais aussi méconnus par beaucoup, moi y compris. Le fait est que ce groupe était peut-être le plus imposant sur scène, un chanteur ultra charismatique avec une très bonne voix, des musiciens impeccables, un groove et un son d’enfer. Les compos blues crasseuses parsemées d’harmonica collaient parfaitement et on se prend à danser très facilement sur les compos du dernier album qu’ils ne manqueront pas de promouvoir. 

Pour finir en beauté, LOWRIDER jouaient là leur troisième concert depuis leur reformation à l’occasion des Desertfest (Berlin et Londres, en avril). Le concert de Berlin auquel j’ai eu la chance d’assister était un moment très fort du festival, cette fois-ci rien n’a changé. Du gros son, des riffs lourds, de l’énergie, il était temps que ces mecs reprennent la scène, c’était vraiment génial. On ne pouvait pas clore le festival de meilleure manière. Quoique, sous la tente merch, avec des bières et du son… 

Le lendemain matin fut assez difficile, mais le camping était au ralenti, les petits déjeuners fleurissaient un peu partout, les tentes se pliaient doucement, les potes se disaient au revoir, les vans VW partaient sous le soleil de midi et dans la poussière, on se régalait à écouter les dernières phrases avec l’accent de Thuringe. On a vraiment l’impression de quitter une famille et de leur dire d’office à l’année prochaine. Allez, à l’année prochaine, pour la sixième année consécutive. 

Textes et photos : Mathieu Springinsfeld

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