Truckfighters, Slurm, Wonderbar, 27 novembre 2012, Saint des Seins, Toulouse, France

Il est clair que la notoriété de Truckfighters dans nos contrées les plus occidentales de l’Europe n’est pas à la hauteur de leur réputation scénique, ni de leur production discographique. A ceci, au moins une explication : le groupe n’avait, jusqu’à cette année, pas joué plus de 4 fois de notre côté de la frontière (et encore, uniquement dans des villes plutôt à l’est). Jamais le groupe n’avait même été jusqu’en Espagne par exemple. Remonté comme des coucous, et auréolés d’une notoriété qui les a mis en confiance, le groupe a jeté ses amplis dans une petite camionnette, et a pris la route, bien décidé à aller faire exploser neurones et tympans un peu partout en Europe ! Dans ce contexte, avec une furieuse envie d’en découdre, le groupe aura même ajouté un peu à l’arrache cette date à Toulouse, initialement non prévue dans sa tournée. Annonce tardive, peu de promo, groupe pas encore très renommé, tout laissait à penser que l’affluence serait catastrophique. Quel soulagement dès lors d’arriver devant la salle en constatant une petite file d’attente ! Mieux encore, une fois rentrés, l’affluence dans la salle est plus que satisfaisante, et ce alors que le premier groupe n’a pas encore branché ses guitares.

Le premier groupe est Slurm. Comme son patronyme un peu crasseux le laisse penser, le quintette évolue dans un gros sludge bien gras, pas d’ambiguïté. Plus précisément, Slurm se rapproche très (trop ?) largement de Down, et la voix du chanteur rappelle énormément celle d’Anselmo, sur pas mal de passages. De fait, la musique du groupe a un peu de mal à se détacher de ce lourd héritage, et lorsque ici ou là ils se lâchent un peu et développent des passages un peu plus variés, atmosphériques par exemple, on sent que le potentiel est là.

Wonderbar prend la suite, et leur pourtant assez longue balance ne leur aura pas permis de mettre tout sous contrôle : le trio enquille les problèmes techniques qui polluent un peu leur début de set, mais pas leur bonne humeur. Le groupe évolue dans un style assez éloigné du stoner, une sorte de mélange de Helmet, de Prong, de Cult Of Luna. Ça part un peu dans tous les sens ! Du coup, on ne s’ennuie pas trop durant leur set, même si au final on cherche un peu la ligne directrice globale.

Il est temps pour Truckfighters de monter sur scène. Et alors que retentissent les premiers accords de « Desert Cruiser » et son gros riff fuzzé, on comprend qu’on va probablement prendre une grosse claque. Ozo à la basse tient bien la baraque, il assure non seulement des vocaux puissants mais aussi des grosses lignes de basse, rondes, saturées et percutantes juste comme il faut. Mais comme d’hab, les yeux s’orientent inévitablement vers Dango et sa gratte : comme possédé, le guitariste à l’allure improbable (un bonhomme un peu dégingandé, grand et mince, torse nu en shorts et une paire de tennis toutes pourries) saute dans tous les sens tel un pois sauteur, écrase son immense rack de pédales d’effets à toutes occasions, virevolte, harangue le public. Un beau duo en effet ! La set list est impeccable, le groupe enchaînant sur le très catchy « Traffic » puis « Last Curfew », des titres comportant des passages plus calmes, bien retranscrits en live, à l’image de l’’épique « Chameleon » qui fait son apparition un peu plus tard. Pas difficile dans une discographie à la cohérence implacable de faire ses courses. Du coup, le groupe se permet même le luxe de faire une incartade dans ses productions plus « rares » (« Helium 28 » issu d’un split album avec Firestone).


Le public, pour beaucoup constitué de curieux, et pour partie de vrais amateurs, comprend peu à peu qu’il a devant lui une véritable machine de guerre scénique. L’alchimie entre les 3 bonhommes est palpable, et les titres s’enchaînent sans temps mort, sans laisser au public le temps de respirer ou comprendre ce qui se passe. Dango est littéralement déchaîné en fin de set, riffe comme un damné et aligne ses soli possédés comme si sa vie en dépendait, notamment sur le somptueux « Monte Gargano », particulièrement propice à l’exercice.

Au final, le set aura duré environ 1h30, et le groupe ne se sera éclipsé que quelques minutes reprendre sa respiration avant de dégainer sa dernière paire de cartouches pour un rappel que le public, sachant la fin proche, déguste jusqu’à la lie. Gros son, bonne ambiance, bons musiciens, rasades de fuzz, tous les ingrédients étaient réunis ce soir pour une superbe soirée.

Laurent

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