UP IN SMOKE 2012 – 15 septembre 2012, Amalgame, Yverdon-les-Bains, Suisse

Un samedi soir sur la terre vaudoise pour les amateurs du genre psychédélique et instrumental : le Up In Smoke Vol.IV faisait escale le temps d’une soirée à l’Amalgame d’Yverdon et de ses bains. Cette ville sans grand intérêt a acquis ses lettres de noblesse dans le circuit rock’n’roll en abritant cet été la date suisse du fameux Sonisphere et quelle rigolade de voir des metalleux se balader avec des shirts de Metallica black album revival avec le Yverdon-les-Bains qui dépasse – et de loin – les autres noms d’étapes. Mais revenons à nos blancs moutons : la version quatre de la tournée organisée par nos potes de Sound Of Liberation avait débuté la veille dans la partie germanique de la Suisse. C’est donc une petite journée de car que se sont tapés les acteurs de ce tour pour rejoindre le pays d’origine – ou presque – de Monkey 3.
Ah ouais, j’ai été vraiment étonné lorsque les amis de Glowsun ont posté sur les réseaux sociaux une photo du véhicule qui sera le leur durant ces seize dates : un vrai car de tournée pour pointure des circuits rock’n’roll ; exit le van roots où s’amoncellent les corps, les instruments, le backline et les t-shirt puants : on voyage désormais dans un vrai car de rockstar ! Du coup quand je me suis pointé devant l’Amalgame déjà plongé dans l’obscurité je n’ai pas rebroussé chemin en pensant m’être gouré de soirée et j’ai pris place naturellement dans le parking faisant face au club qui, à l’heure de l’ouverture des portes, comportait encore plusieurs places libres… J’étais dans le juste : j’étais à un show stoner et à son habituel public clairsemé. Bon, il y avait quand-même déjà plus de monde que la dernière fois que j’y ai vu Karma To Burn lors d’une de ses – nombreuses – tournées européennes de post comeback.

Petit tour du propriétaire, poignées de main, causette avec des membres de notre forum, largage de quelque argent au stand merch qui recelait de mille-et-un trucs d’enfer genre le DVD du Roadburn de Monkey 3, les vinyles colorés de Glowsun et Monkey3, les affiches de Johan – à prononcer à la française s.v.p. – puis clopes sur le parvis et rentrée dans la salle pour tous – c’est-à-dire pour plus de monde que lors de mon arrivée car ça a commencé à affluer durant les civilités – afin d’assister au début du set des germains de la soirée.

Grandloom ouvre timidement cette petite sauterie stoner. Le trio instrumental de Gottbus ne semble pas faire très attention à son public et on se croirait presque en répétition. Le charisme de la formation n’est pas franchement bluffant en ce qui concerne sa présence scénique, mais force est de constater que les titres se succédant, le bassiste initiant quelques headbanging et les énormes riffs font mouche : le public adhère et se trémousse. Tout le monde semble ravi et je suis frappé par les similitudes physiques, scéniques et musicales que le guitariste a avec son homologue et compatriote Chris de Samsara Blues Experiment. Ne connaissant pas cette bande de teutons, je n’ai aucun repère pour apprécier l’interprétation des titres joués ce soir-là. Néanmoins, j’adhère bien au truc plus orienté planant que rentre-dedans. Les morceaux plutôt généreux s’enchaînent avec brio et le public reste un peu sur sa faim lorsque le groupe se défait de ses instruments à la fin d’un morceaux signalant ainsi la fin de leur set d’une manière très nonchalante.

On sort s’aérer les poumons – ou s’humecter le gosier pour certaines et certains – et retaper un brin de causette le temps pour Glowsun de se mettre en place, et c’est après un changement éclair que le trio nordiste se lance à son tour. Le rituel usuel débute avec l’indispensable bâton d’encens allumé par Fabrice qui donne le top départ de la prestation. De leur album ‘The Sundering’, seuls ‘The End’ et ‘Virus’ seront interprétés durant leur concert à l’Amalgame : le groupe se lâche avec des nouveaux, et remarquables, titres selon mes souvenirs. On attaque dans la nouveauté avec ‘Death’s Face’ qui ouvre aussi le flambant neuf ‘Eternal Season’. A la portée du public, le moins que l’on puisse dire c’est que les nouvelles compositions des désormais résidents de Napalm Records font tout leur effet sur scène de par leur aspect à la fois massif et hypnotisant : nul besoin de s’être tapé la discographie complète de ces lascars pour rentrer dans leur univers. En plus, la cohérence dans le choix du tiercé à l’affiche pour cette version d’Up In Smoke joue en faveur des lillos qui évoluent dans un registre pas très éloigné de celui pratiqué par la formation qui les suivra sur scène avec les parties vocales en plus.
Le set jouissif de nos potes survole avec parcimonie l’opus précédent avant de nous livrer une brochette de nouvelles compos foutrement bien ficelées. Fabrice envoie le gros bois derrière ses fûts, Johan tape des soli impeccables et limite ses parties chantées au strict minimum, Ronan livre un show de grande classe en faisant vrombir sa quatre-cordes avec brio, le public a la banane et ça commence à se décoincer un brin parmi les romands d’ordinaire si statiques : un bon concert pour un groupe que je n’avais plus revu depuis des lustres ; en fait depuis bien avant la sortie de son premier vrai long format… ça nous rajeunit pas tout ça…

Encore sous le coup de l’émotion on reprend le traditionnel bar, clope, tchatche à l’air libre et on rejoint la salle où une échelle trône désormais sur scène. Ah la technique reste la technique ; alors que les projections sur la batterie hexagonale s’étaient déroulées sans anicroche, la projection combinée grosse caisse et backdrop n’a pas l’air de fonctionner pour le groupe originaire d’une trentaine de kilomètres plus au sud. On s’affaire, on discute, on change de câble, on tchatche (et je ressors me faire un mégot) puis enfin on se met d’accord : Monkey 3 n’aura pas sa traditionnelle projection sur la batterie. Ce n’est pas bien grave, le groupe a de la bouteille et, même sans cet artifice, il va tenir la scène et entraîner son public dans un gros set psychédélique dont il est coutumier.
Les Suisses ayant opté pour la solution tout confort en tournée, ils ont emmené dans leurs bagages leur ingé-son afin de pouvoir transcrire sur scène l’énorme paire de couilles qu’a ‘Beyond The Black Sky’. Cet expert en son hard a profité de la mi-temps entre les deux tournées de Gojira qu’il assure pour pouvoir faire bénéficier à Monkey 3 d’un son terrible ! Le choix de cet apport se ressent sur le rendu fantastique que le quatuor déploie sur scène.
Niveau titres, on évolue dans un registre des plus classiques et il n’y a pas eu de grosse surprise, mais une efficacité redoutable. D’après ce dont je me souviens, je pense pouvoir affirmer que ‘Camhell’, ‘Electric Mistress’, ‘One Zero Zero One’, ‘Black Maiden’ et ‘Jack’ ont été interprétés, mais ayant pleinement profité de ce show jouissif, je n’ai pas opté pour noircir des pages avec les titres enchaînés. Show jouissif j’ai noté ? Hé ouais, ils ont de nouveau mis un boulet d’enfer et ceux qui ne l’étaient pas avant sont sortis évangélisés par ces apôtres du psychédélisme. Une prestation parfaite livrée par un Picasso toujours au poil avec son stetson et son jeu parfait, un Walter métronomique à la batterie, un dB clopant frénétiquement en balançant ses nappes synthétiques et un Boris qu’on reconnaît à peine sans son marcel, mais qui est toujours aussi précis dans ses plans à la fois planants et incisifs.
Pour couronner cette énorme soirée de folie, Monkey 3 a envoyé son ‘Once Upon The Time In The West’ orgasmique lequel a été le point d’orgue d’une sauterie parfaite durant laquelle deux des formations majeurs de la scène francophone ont confirmé sur les planches la toute grande forme de celle-ci. La présence de ces garçons sur une structure confirmée n’est en tous cas pas un hasard et c’est quand vous voulez que vous repointez vos flying cases ensemble par vers chez nous ! Chris

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