GLOWSUN (juin 2015)


Deux apparitions sur Lyon en plus d’une décennie, l’occasion de poser quelques questions aux vétérans du stoner français avant leur excellent concert était immanquable. Entrevue décontractée autour d’une bière avec le trio Ch’ti.

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Vous étiez en Grèce il y a deux semaines pour la seconde fois, comment se sont passées ces trois dates ?

Ronan : Très bien et très chaud, le festival Thessaloniki était juste parfait, on a été très bien accueilli, bon accueil et beaucoup de monde.

Johan : C’est qu’on a un vrai public maintenant là-bas, à peine arrivés sur scène ils scandent « Glowsun Glowsun » et chantent les chansons alors que bon, on chante pas vraiment (rires).

Fabrice : Dès que Johan entamait un morceau ils fredonnaient les riffs, tapaient dans les mains, le public grec est vraiment chaud

 

Votre troisième album « Beyond the Wall of Time » sort fin juin chez Napalm Records, votre deuxième chez eux, ce sont eux qui sont venus vous chercher ?

Fabrice : Oui, comme pour notre 1er album « The Sundering » chez Buzzville on a fait aucune démarche, on a jamais envoyé des démo. Après notre concert au Freak Valley en 2012 un mec de Napalm est venu nous voir disant qu’il avait adoré l’album et avait quelque chose à nous proposer, on a dit « banco » !

Ronan : Je pense que l’exposition qu’on a en Allemagne, en Autriche est due notre booker Sound of Liberation qui nous a trouvé plus de dates à l’étranger, et ce depuis le début, même avant le premier album on jouait plus en Belgique qu’en France…

 

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Vous avez une entière liberté musicale de la part de votre label ?

Fabrice : Oui tout à fait, après j’imagine que si on se mettait à faire du bal-musette ça leur plairait pas…

Johan : Ils nous ont pris pour faire du Glowsun et nous laissent carte blanche

 

Je trouve que depuis vos début il y a une « patte » Glowsun reconnaissable, est-ce ça vient de vos éducations musicales différentes ?

Johan : On vient de milieux et d’influences assez différentes à la base, moi par exemple je viens du grunge et du punk, mais on s’est réunis autour du stoner en ayant découvert Nebula ou Fu Manchu au début des années 90. Après avec le temps on est aussi influencés par ce qui se passe actuellement, notamment la scène doom et aussi d’autres trucs comme le jazz, etc…

 

C’est ce qui fait que vos compos sont de plus en plus pêchues mais toujours aussi psychés ? On sent aussi que vous avez bien pris votre temps pour développer vos idées…

Ronan : Ca a toujours été notre méthode de fonctionnement, si on peut appeler ça une « patte » Glowsun c’est qu’on a toujours cherché à construire nos morceaux de la sorte. Après, effectivement, on s’est même parfois posé des questions, une fois qu’on a eu la matière, si on ne s’éloignait pas des fois de certaines ambiances de « Sundering », de certains morceaux qui ont pu faire qu’il plaisait, mais c’est aussi l’inspiration du moment.

Johan : Après on est aussi influencés par la vie de tous les jours, on voit bien qu’autour de nous c’est un peu agressif d’une certaine manière donc quelque part on interprète ce que la vie nous donne. On a bien vu qu’entre les années 90 et la fin des années 2000 on va dire, vu qu’on est vieux (rires), les mentalités ont changé, les gens sont de plus en plus agressifs, forcément ça se ressent dans notre musique.

 

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Peut-on parler d’un concept autour du temps sur ce nouvel album ?

Johan : De temps et de chaos quelque part. « Derrière le mur du temps », finalement ça veut dire que si on ne fait rien tous, et bien on sera tous dans la merde. La signification du nom Glowsun, en fait, c’est « La lumière du soleil avant qu’il n’implose ».

Ronan : Si on peut parler de concept de nos albums, il y a eu la fracture pour le premier, « Eternal Season » était plus une approche sur l’environnement et là celui-ci effectivement sur le temps qui passe. Comme disait Johan, le fait que le temps défile et qu’on voit bien qu’il y a beaucoup de choses qui partent en vrille et qu’il y a a agir. On est empreints vraiment de ça dans l’inspiration et c’est ça qui nous fait arriver à ces compostions et leur construction.

Johan : Pour créer une chanson il faut ressortir une émotion je pense, du moins c’est mon approche, dans la vie il y a des hauts et des bas et je pense que la musique doit raconter une histoire, faire voyager les gens.

 

Un voyage de plus en plus instrumental au fil des albums, avec un seul morceau chanté cette fois-ci. Est-ce une évolution naturelle ?

Johan : Oui à chaque fois quand je mets du chant c’est vraiment parce que je le ressens.

Ronan : Dans la manière dont on construit les morceaux, souvent Johan apporte des idées de riffs qu’on s’approprie à trois, qu’on remet des fois entre guillements un peu au carré, qu’on digère, qu’on travaille…

 

Certaines idées viennent de Ronan non ? Notamment sur « Last Watchmaker’s Grave » on sent un jam sur ce riff de basse

Fabrice : Ce morceau là en particulier est totalement parti d’une impro, c’est très souvent le cas mais là on a vraiment jammé une demie heure et extrait quelque chose.

Johan : Le pire c’est que sur ce titre là, il n’y a que trois notes (rires).

 

Vous ouvrez la Valley au Hellfest cette année, vous le voyez plutôt comme une consécration, une étape, une ouverture de portes ?

Johan : On voit ça plutôt comme une étape

Fabrice : La porte ouverte à la fête de l’enfer (rires).

 

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Plutôt logique après avoir joué dans pas mal de festivals et avec un peu la crème du genre ?

Ronan : On a eu effectivement l’occasion de partager des scènes avec beaucoup de groupes et là on souhaite que ce soit une marche dans notre parcours.

Johan : C’est une sorte de continuité en fait.

 

Vous vous connaissez depuis longtemps, vous avez le même line-up depuis plus de dix ans, comment est l’ambiance en tournée ? Plutôt tartiflette ou jacuzzi ? (rires généraux)

Fabrice : Tartiflette dans le jacuzzi alors, avec l’ami Jack [Daniel’s – ndlr].

 

Comment expliqueriez-vous qu’on vous ait si peu vus en dessous de Paris ces dix dernières années ?

Johan : Le problème c’est l’argent. On a voulu jouer dans le Sud mais ça aurait été des one-shots, les fameux péages français coûtent extrêmement cher et en général c’est des petites assos qui n’ont pas les moyens.

Ronan : Comme on disait tout à l’heure ça vient aussi de notre situation géographique.

Fabrice : Et surtout qu’en Allemagne et en Belgique ils étaient ouverts à ça. Il y a dix ans en France, en étant un groupe de stoner tu jouais devant trois personnes, c’est seulement maintenant que la scène se développe en France. On a joué il y a quelques années à Lyon (au bar Les Capucins) devant dix personnes…

Ronan : Effectivement aujourd’hui on a quand même plus d’approches, de personnes qui nous contactent pour jouer.

Fabrice : Mais ça fait quoi ? Deux ans… C’est tout récent, les créateurs de Desert-Rock peuvent te le dire,  le stoner a mis longtemps à démarrer en France. C’est pour ça qu’à part par chez nous on ne jouait quasiment qu’à Paris, notamment grâce aux Stoned Gatherings.

 

Et très peu en Angleterre malgré votre proximité ?

Ronan : Non c’est vrai, on a fait le Deserfest à Londres, mais c’est pas un pays facile, les anglais sont un public compliqué…

 

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Vous comptez tourner après cette grosse semaine qui se clôture par la fête de la musique « à la maison » juste après le Hellfest ?

Ronan : Oui en octobre. La fête de la musique c’est un incoutournable, s’il ne pleut pas on ne peut pas ne pas la faire…

Fabrice : D’ailleurs cette année on a même loué un générateur, comme les grands (rires), l’année dernière on nous a coupé le courant à 22h en fin de set alors cette fois-ci on va prendre notre autonomie.

 

Vous avez fait deux clips pour l’album, une nouveauté, Johan une nouvelle vocation ?

Johan : Alors j’ai écrit le clip de « Behind The Moon », par contre pour « Against The Clock » c’est Napalm qui s’en est occupé. Mais on a fait ça un peu à l’arrache, ça prend du temps, il faut trouver les personnes, se déplacer, c’est tout un investissement et on reste autodidactes donc c’est compliqué.

Fabrice : « Behind The Moon » on l’a fait chez nous donc on a cherché personne, on s’est pas déplacés (rires).

Johan : C’est fait dans notre local avec un drap blanc et des lampes, très simple, pas besoin d’un gros budget pour faire un clip…

 

Johan tu fais des pochettes d’albums, des visuels pour des concerts et des festivals, ça semble marcher de mieux en mieux, quel est ton ressenti sur cette évolution plus personnelle ?

Johan : C’est une continuité comme avec Glowsun en fait, ça a monté en même temps et oui ça fait plaisir. Ca fait maintenant une vingtaine d’années que je suis dans le milieu stoner, pour te dire j’ai monté le premier festival stoner en France en 1999 ou 2000 avec quatre groupes dont Hypnos 69 avec qui on avait tourné en Allemagne mais qui n’existent plus. Ouais, on est des vieux de la vieille…

 

Merci messieurs, un mot pour la fin ?

Fabrice : Alors jacuzzi ou tartiflette ?

Johan : Merci à toi.

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