MANTAR (avril 2016)


Omniprésent sur les scènes que nous affectionnons tant, le duo de germaniaques était de passage au Desertfest de Berlin. Nous avons profité de cette occasion pour échanger avec Hannon et Erinc, deux musiciens aussi talentueux que sympathiques. Les étoiles montantes de la scène allemande se sont livrées quelques semaines après la sortie de leur magistral second album « Ode To The Flame » qui est bien parti pour faire date dans le monde des amateurs de plans doom et bourrins.

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Vous êtes de nouveau en tournée depuis quelques jours et le serez encore un bout de temps. Comment est-ce que les choses se déroulent jusqu’ici ?

En fait, ce sera jusqu’à la fin de l’année. Nous avons commencé par quelques release shows dans des petits clubs en Allemagne pour tester le nouveau matériel et nous allons participer à quelques festivals d’été dont le dernier sera celui de Las Vegas. Nous ferons des festivals en Europe, au Canada et aux Etats-Unis puis nous resterons là-bas pour une tournée US d’un mois. Ensuite nous aurons quelques semaines de libre par ici puis attaquerons une tournée européenne à la mi-novembre qui devrait se terminer du côté de Noël.

 

Une tournée indoor donc.

Oui, nous l’espérons, mais comme nous avons déjà dû composer avec des situations très particulières, nous ne serions même pas étonnés de faire un show outdoor sous la pluie dans un trou perdu en France ou ailleurs. Nous avons déjà eu un show dans une ferme en hiver en France qui a été le concert le plus froid que nous ayons donné. Nous ne nous souvenons plus du nom du village ; il n’y avait que deux maisons. Il faisait tellement froid à cet événement du type DIY que nous n’avons du vendre qu’un seul CD. Les organisateurs étaient super sympas pour être honnête. Ils nous avaient logé dans un hôtel qui devait servir l’été dans un endroit magnifique, mais il devait faire aussi chand dedans que dehors. C’était durant notre toute première tournée européenne avec Inter Arma à la fin de l’année 2014. Pour en revenir à la question de départ : nous serons donc très occupés jusqu’à la fin de l’année.

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C’est votre deuxième concert au Desertfest de Berlin. Quelles sont vos attentes ?

Wow, nous ne savons pas vraiment ; nous jouons vraiment très tard. En fait, nous jouons toujours tard ici. Nous ignorons pourquoi nous nous trouvons toujours à jouer à de pareilles heures en festival. Nous espérons donc que les gens vont rester et qu’ils vont y prendre du plaisir. Car la dernière fois le public a apprécié notre set. Nous souhaitons que ce soit un blast en tous cas nous avons tout préparé pour que ce soit le cas. Il ne reste plus qu’à espérer que les gens ne soient pas trop bourrés ou trop fatigués.

 

Les gens ne sont pas du genre à boire par ici.

Nous espérons que ce n’est pas le cas car ça fait partie du concept des shows de Mantar que d’être ivre (rires).

 

Vous êtes à un festival estampillé stoner avec des stonerheads, quel est votre public habituel ?

Nous pensons – en fait nous n’avons jamais pensé à ça avant – que c’est des gens qui ont une certaine affectation pour la musique lourde. Tu sais, toutes les genres et sous-genres : stoner fan, black metal fan, rock fan, desert-rock fan, doom fan, sludge fan etc. nous nous en foutons pas mal c’est pour les labels. Nous voulons juste jouer aussi dur, lourd et intense que nous le pouvons et voulons que ça plaise aux gens peu importe comment ils se considèrent. Pourvu qu’ils aiment cette musique.

 

Et comment la décrivez-vous cette musique que vous interprétez ?

Et toi ?

 

Mix de doom, de crust et de black.

(après un échange des plus intéressants au sujet de certains titres de « Ode To The Flame » : « Born Reversed » et « Schwanenstein ») En fait nous ne sommes pas très cultivés en musique. On nous compare à des styles ou des groupes dont nous apprenons l’existence lors d’interview comme celle-ci. Par exemple Celtic Frost dont nous ne possédons pas le moindre disque chez nous. Nous sommes désolés. Comparez-nous à qui vous voulez tant que vous aimez ce que nous faisons. Nous aimons jouer rapidement ou plus lentement, mais toujours dur !

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Vous jouez tard ce soir et étiez prévu très tôt au Hellfest…

… oui ils nous ont déplacé l’après-midi. Nous devions jouer très tôt sur une Mainstage et nous jouerons pour finir dans l’après-midi sur la scène de la Valley ce qui sera nettement mieux au final.

 

« Ode To The Flame » a été sorti sur Nuclear Blast. Comment les choses se sont déroulées avec ce major de la scène metal ?

Pouvons-nous répondre à cette question ? Comme nous avions tout réalisé nous-mêmes durant deux ans et tourné partout dans le monde y compris deux fois aux USA et dans une tapée de festivals, tous les grands labels et les petits aussi avaient entendu parler de Mantar. Nous étions dans une position très agréable l’été dernier avec des propositions de nombreux labels petits ou grands. Premièrement nous voulions décider si nous sortions un nouvel album. Deuxièmement si nous désirions aller encore plus dans l’underground ou aller un step au-dessus. Notre décision, vu le nombre de sollicitations reçues par mail par des gens qui ne pouvaient pas acheter notre album car non distribué ou alors en payant des frais de port de malade, a été de rester nous-mêmes avec une meilleure infrastructure. Le deal avec Nuclear Blast était le meilleur car il nous permettait d’être disponibles partout car nous jouons partout. Le point le plus important était aussi que le deal offert par ce label était le plus fair. Bien plus fair que certaines offres de petits labels. C’est incroyable : nous faisons la musique et ils la mettent à disposition dans les magasins. Ils ont pris la bonne décision car le public apprécie – et les médias aussi – ce nouvel album dont ils n’avaient d’abord reçu que le tracklisting. Nous nous chargeons de la musique tous les deux et c’est comme ça que nous fonctionnons le mieux. C’est cool car nous pouvons toucher de nouvelles personnes. Nous nous fichons pas mal de savoir si les gens qui viennent à nos shows ont des t-shirts de Slipknot, s’ils ont 47 ans ou s’ils ont tout vu de la scène doom underground. Nous nous fichons aussi de savoir si les gens écoutent Mantar et Nightwish.

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J’ai trouvé « Ode To The Flame » plus intense et puissant que « Death By Burning ». Qu’est-ce qui vous amené dans cette direction ?

Nous sommes d’accord avec ça. Nous avons appris et nous sommes concentrés sur ce que nous faisions. Quand nous avons enregistré « Death By Burning », nous étions un groupe depuis trois mois et avons tout enregistré. Cette fois-ci, nous avons débuté l’écriture l’été passé et nous sommes allés dans ce pour quoi nous sommes forts. Comme tu l’as dit : plus puissant, et nous avons skippé toute la merde. Nous savions ce que nous aimions faire et avons mis le focus dessus. Nous aimions les parties violentes ! Nous avons fait un petit peu plus sombre, un petit peu plus black metal et un petit peu plus sinistre aussi. Nous avons appris à jouer mieux par la même occasion. Mais nous n’avions pas pensé ainsi au départ : ça s’est fait de manière organique. Nous avons juste essayé d’écrire de nouveaux morceaux en jammant et pas en disant « tiens : faisons un morceau plus black metal, plus ceci ou plus cela », car nous ne sommes pas assez bon musiciens pour le faire. Nous ne pouvons pas faire ce genre de plans et nous y tenir ensuite. Nous l’avons fait ainsi : de manière très simple.

 

Et comment ça se déroule quand vous n’êtes que deux et que le guitariste et le batteur ne sont pas d’accord. Êtes-vous toujours sur la même longueur d’onde ?

Non (à l’unanimité) ! C’est plus démocratique en fait. C’est très direct si quelqu’un n’aime pas un plan : nous ne le faisons pas. Quand tu es déjà trois, il se peut que deux soient contre un seul. Avec la méthode fifty-fifty, si un de nous n’est pas OK : nous abandonnons. C’est certainement la manière la plus facile de prendre des décisions. C’est aussi plus simple de convaincre une personne que deux avec des arguments. C’est clairement un avantage.

 

Pour en revenir à votre dernière sortie, vous avez choisi « Cross The Cross » comme première vidéo. Comment s’est opéré ce choix ?

Tout le monde aimait bien cette chanson qui est une manière facile de rentrer dans le monde de Mantar. Nous aimons le rock’n’roll, nous aimons Motörhead, nous aimons les morceaux doom et aussi les morceaux rapides. C’est un bon mix qui fait bien le lien entre le premier et le deuxième album. Il est aussi assez court et contient tous les plans que nous pratiquons. Ce n’est pas notre titre favori, mais certains dépassaient les six minutes donc nous avons choisi celui-ci.

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Vous sortez une choses bizarre demain (sortie le 29 avril – limitée à 50 exemplaires, ne cherchez plus elles ont toutes trouvé acquéreur). Pouvez-vous m’en dire un peu plus à ce sujet ?

Nous aimons les cassettes. Nous les avons toujours aimées depuis gamin. Les vinyles ou les CDs ne nous ont jamais tant emballés. Nous connaissions les gens du label hollandais Breathe Plastic. La première cassette de Mantar y avait déjà été fabriquée et une édition spéciale pour le Roadburn. Nous avons eu cette idée de commercialiser une cassette dans une boîte contenant une pédale de distorsion depuis environ deux ans. Ça a été super cher de réunir tout le matériel électronique (la pédale étant à monter soi-même) et maintenant ça sort. Les gens ont l’air tellement excités par cet objet que nous aurions peut-être dû en fabriquer une centaine, mais les 50 seront pour des collectionneurs.

 

Et combien va se vendre cette petite merveille ?

50 Euros !

 

Seulement ?

Ouais seulement ! Tu dis que nous aurions dû la vendre 180 ? En fait le prix de revient avec tout le matériel est à 40 Euros donc nous ne nous faisons pas de fric avec, mais ce n’est pas l’objectif. L’objectif était de sortir la plus cool des cassettes jamais sorties : c’est la plus cool et la plus géniale ! C’est impressionnant ; au final nous voulions que les gens la possèdent et la production de la chose devait toucher des gens qui diront dans 10 ans qu’ils détiennent la cassette la plus cool de la musique underground ; nous serons fiers de ça !

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