CLUTCH – mars 2003


A l’occasion de la sortie de leur album en concert « Live At The Googolplex » enregistré sur plusieurs date lors de leur tournée en première partie de System Of A Down, Clutch a sillonné l’Europe en tant que co-tête d’affiche du Monstergroove cuvée 2003. Cette tournée qui réunissait quatre groupe stoner, soit Spiritu, Dozer, Clutch ainsi que Spiritual Beggars, s’est arrêtée à Vevey pour livrer un excellent show en quatre actes représentant diverses facettes de ce style musical. C’est à cette occasion que je me suis entretenu avec Neil Fallon, le charismatique et très sympathique vocaliste du groupe de Germantown, Maryland. Ce rocker atypique, qui officie depuis les débuts du groupe en août 1991, nous livre sa vision sur sa musique et le business musical actuel.

 

Comment se passe cette tournée en compagnie de Spiritu, Dozer et Spiritual Beggars ?

Jusqu’à présent très bien, c’est le troisième show de la tournée après deux dates en Hollande. Le bilan est très bon, nous sommes tous sur la même longueur d’onde et passons du bon temps.

Est-ce une bonne opportunité pour vous de tourner avec trois autres groupes connus ?

Oui, nous n’avons, jusqu’à présent, pas beaucoup tourné en Europe, nous avons joué devant peu de public par le passé sur ce continent, ceci permet donc aux groupes présents de jouer devant un public plus important. C’est la meilleure manière de rencontrer de nouvelles personnes.

Existe-t-il une grande différence entre vos fans américains et européens ?

Pas vraiment quand tu mets des gens dans un night-club et que tu leur file à boire, tous se comportent de la même manière.

Le show précédent celui de ce soir devait avoir lieu à Lyon et il a été annulé par le promoteur. Cette manière d’agir semble peu professionnelle dans le milieu du rock. Ce genre de choses arrivent-elles aussi aux U.S.A. ?

Je crois, mais n’ai pas posé de questions à ce sujet, qu’il s’attendait à avoir beaucoup plus de monde comme un millier de personnes mais que seulement une centaine de places avaient été réservées. Evidemment que le même genre de choses arrivent aux States. Ce qu’il se passe c’est que les promoteurs font des promesses qu’ils ne peuvent pas tenir et ils prennent peut. C’est un business dangereux, mais quand tu fais un contrat professionnel tu dois être prêt à encaisser une perte. Nous n’allons pas rentrer à la maison sans argent ; nous sommes payé pour faire cette tournée.

 

J’ai entendu dire que le fait que des fans enregistraient vos prestations en public ne vous gênait pas du tout. Est-ce vrai ?

Oui, je pense que c’est une chose saine que les gens qui prennent du plaisir à assister à nos shows puissent les enregistrer et se les échanger. C’est flatteur pour nous.

Comment les labels qui vous distribuent réagissent à ce propos ?

Actuellement nous n’en avons pas. Je pense que si nous étions chez Atlantic ou Colombia ce serait différent. Mais les labels ne peuvent rien faire à ce sujet car il s’agit de nos morceaux. Si certains ont eu des problèmes à ce niveau, ils ne nous ont jamais rien dit.

Collectionnes-tu les enregistrements pirates de Clutch ?

Non, écouter son propre groupe c’est un peu comme se regarder dans un miroir et parfois on se trouve moche.

 

Vous avez déclaré avoir sorti ‘Live At The Googolplex’ parce que la qualité des enregistrements pirates vous concernant n’était pas au top est-ce vraiment le cas ?

Le problème est qu’en studio, il est difficile de capturer le son ‘live’ car il y a toujours la possibilité d’arrêter l’enregistrement puis de remettre en marche. Je pense que nous jouons de manière beaucoup plus agressive sur scène et c’est la raison pour laquelle nous avons sorti cet album.

Etes-vous satisfait du son de cet album ?

Non, je ne suis pas vraiment heureux. Je suis satisfait de la version que tu as là (contenant treize titres) mais pas de l’autre qui a été masterisée. Nous allons le refaire avec deux autres morceaux à la fin et le faire remasteriser car il est bon mais pourrait avoir plus de punch.

Pourquoi avoir enregistré cet album par petits bouts sur plusieurs shows au lieu de prendre un concert complet ?

Nous n’avons jamais joué de show parfait (ou alors nous n’avions pas le matériel pour les enregistrer) alors nous avons pris ces morceaux lors de la tournée en première partie de System Of A Down

sur plusieurs dates.

N’est-ce pas frustrant pour vous des parties de ce qui était, à la base, un ensemble ?

Effectivement ce serait bien d’avoir une performance complète du début à la fin.

Aucun morceau de l’album en concert ne provient de vos deux première productions. Les morceaux de ‘Pitchfork’ (1991) et ‘Passive Retraints’ (1992) ne correspondent plus à ce que Clutch est en 2003 ?

J’avais 20 ans à la sortie de ‘Pitchfork’ et nous sommes tous vraiment différents entre ce que nous sommes à 20 et à 30 ans. Nos sensations sont différentes, notre manière de jouer est nettement plus directe et nos projets ne sont plus identiques. Nous avons composé une centaine de titres et ne pouvons pas tous les jouer.

Quel est ton avis à propos des mp3 qui sont downloadées par de nombreux individus chez eux via le net ?

Mon opinion est mitigée à ce propos car je le fais aussi. Si tu prends notre album live sont coût est d’environ 16 dollars aux U.S.A. et si certains peuvent l’avoir gratuitement c’est difficile de leur dire de ne pas le faire. Je pense cependant que spécialement les jeunes fans aiment avoir le vrai cd, le vrai dvd etc…mais je pense que les cd contenant une douzaine de chansons vont rapidement devenir obsolètes. Je suis ravi de ne pas être chez Atlantic ou Colombia car ils ne savent absolument pas quoi faire concernant ce sujet. A notre niveau, nous ne touchons pas de royalties sur la vente de cd, seuls nos concerts nous rapportent de l’argent. Les mp3 ne vont pas stopper la vente de produit mais les faire devenir de meilleure qualité.

Donc tu ne partages pas le combat de Metallica contre Napster ?

Non ! Ils perdent de l’argent, mais ils en ont tellement que c’est difficile d’entendre leur propos à ce sujet.

 

Comment décrirais-tu la musique de Clutch ?

Je dirai que c’est du rock’n’roll avec des arrangements Blues, dans la ligne de ZZ Top, avec des vocaux agressifs. C’est difficile d’être objectif quand tu es tellement investi là-dedans. Je n’ai jamais vraiment pensé à ceci. Je le fais.

Quelles sont vos influences majeures ?

Individuellement, au sein du groupe, nous avons tous des influences différentes, mais en ce qui concerne le groupe nos influences sont Black Sabbath, Led Zeppelin, Prong, Swans, tu peux le croire ou pas d’ailleurs, le mouvement punk avec des groupes comme Minor Threat et Black Flag, j’ai été heureux d’être impliqué dans le projet ‘Rise Above’ en interprétant ‘AmericanWaste’. En fait tout ce que nous écoutons nous influence le jazz et le country aussi parce que quand je rentre chez moi je suis content d’écouter autre chose que de la musique dure. J’écoute du vieux blues des années quarante et cinquante.

Vous avez tourné avec de nombreux groupes qui jouaient dans des styles très éloignés du vôtre. Est-ce une menace ou une opportunité pour vous ?

Quand nous jouons pour des groupes dont le public ne sait absolument pas qui nous sommes nous pouvons faire vraiment tout ce que nous voulons. Mais quand nous avons tourné pour Slayer

par exemple nous n’avons pas fait de morceaux lents mais uniquement nos morceaux les plus rapides. Je pense que c’est une bonne chose que de jouer avec des groupes issus de mouvements différents.

Votre morceau de 1993 ’12 oz. Epilogue’ sonne comme sonnent des groupes très en vogue à l’heure actuelle, System Of A Down ou Papa Roach par exemple. Quel regard porte-tu sur cette scène ?

Je pense qu’il y a toujours des changements de mode, je n’y porte pas vraiment attention. System Of A Down sont intéressants car ils n’essaient pas trop des formules populaires. Je trouve sain ces mouvements extrêmes.

Tu as dit que le but de Clutch était en premier lieu de vous donner du plaisir à vous-même. Après 13 ans d’existence, en avez-vous toujours autant ?

Oui, nous essayons de faire quelque chose de nouveau tous les jours. Aujourd’hui nous nous trouvons en Suisse, je rencontre des gens que je n’ai jamais vus avant.

Avez-vous des side-project en dehors de Clutch ?

Oui il y a Bakerton Group

(ndlr : ce groupe est composé de tous les membres de Clutch à l’exception de Neil) qui ont sorti un cd. Sinon je joue de la guitare à la maison et c’est tout.

Etes-vous en train d’écrire de nouveaux morceaux en vue de la réalisation du prochain album de Clutch ?

Oui et nous nous consacrerons à ce nouvel album dès que nous serons de retour à la maison après cette tournée.

Les jeunes Européens ne comprennent pas la politique belliqueuse de votre président. Qu’en est-il des jeunes Américains ?

C’est une question intéressante. Les médias parlent de 71 % de personnes favorables à ceci, mais je n’en ai jamais rencontré une seule ! Il s’agit avant tout d’une guerre menée par les compagnies industrielles. Les Américains sont désappointés, confus et ne comprennent pas vraiment ce qui est en train de se passer. Ils nous disent que c’est en réaction aux attaques terroristes mais tout le monde sait très bien que c’est pour le pognon.

mars 2003 par Chris.

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