MY SLEEPING KARMA – avril 2013


 

Il y a des interviews plus marquantes que d’autres. Quand on retrouve My Sleeping Karma en formule trio (Seppi le guitariste, Matte le bassiste et Steffen le batteur, leur claviériste étant perdu quelque part…), tout sourire, détendus, on se dit que ça devrait bien se passer. Bien mieux que ça, les gars se révèlent chaleureux, sympas, patients, affables, presque heureux d’être là… Heureux d’être ensemble en tout cas, ça se voit ! Et heureux de leur concert une heure plus tôt environ, qui les a vus mettre la scène Foyer du Desertfest sur les rotules ! Un succès qu’ils avaient quelque peu fêté (arrosé ?) avant de venir discuter avec nous…

Matte : [en aparté] Si tu le veux bien, on va attendre Seppi avant de commencer, il ne devrait pas tarder. Avant de venir, on déconnait avec Steffen, je lui disais que ma langue ne marchait pas très bien, qu’il faudrait sans doute qu’il réponde aux questions à ma place (rires). Mais il fallait qu’on fasse venir Seppi. Je suis sûr qu’il va arriver et nous demander pourquoi il faut qu’il soit là, que son anglais est trop mauvais, etc…

[Seppi rentre juste à ce moment-là]

Seppi : Je vous préviens, je suis un peu ivre et mon anglais est très mauvais[Tout le monde se marre]

Matte : Qu’est-ce que je t’avais dit ?!

Alors ça vous a fait quoi de vous retrouver à jouer au Desertfest de Berlin, entouré de toutes ces légendes du stoner ? Contents de votre concert ?

Matte : On est honorés de jouer sur une telle affiche, sur le même line-up que Pentagram et tous ces groupes, c’est énorme pour nous.

Seppi : On ne pouvait pas s’imaginer que la foule serait aussi déchaînée, on s’est vraiment éclatés, c’était incroyable. C’était vraiment vraiment vraiment super. Et à mon avis c’était mieux d’être sur la petite scène, cela nous permettait d’être plus proche des gens, au contact du public.

 

Vous n’avez pas trouvé que la scène était trop petite pour votre public ?

Steffen : C’est comme ça que l’on aime, c’est plus intense !

Pouvez-vous nous parler un peu de votre musique ? Et en particulier, elle contient des allusions au bouddhisme ou à l’hindouisme, par exemple…

Steffen : C’est une question que l’on nous pose souvent. Ce n’est pas facile à expliquer… Nous faisons de la musique sur ce que nous ressentons de manière assez intense. Nous essayons de trouver quelque chose, un sujet, un thème, qui peut être retranscrit en musique. C’est la raison pour laquelle nous abordons des sujets liés au bouddhisme, parce que ce sont des sujets apaisants, relaxants…

Matte : Mais ça nous est en quelque sorte tombé dessus naturellement, cela n’a jamais été « Tiens, le bouddhisme c’est cool, créons un groupe pour en parler ». On avait la musique, et tout est arrivé ensemble, presque logiquement : le nom du groupe, le thème général… Et avec les années, tout s’est construit automatiquement, très naturellement dans cette direction. C’est en quelque sorte de la musique spirituelle, mais nous ne sommes pas du tout des gens religieux, aucun membre du groupe n’est très porté sur aucune religion. Nous sommes juste des gens très ouverts d’esprit, et c’est la musique que nous jouons. La musique correspond à notre nom, aux thèmes abordés. Evidemment les gens se demandent pourquoi ce thème apparaît de manière si importante pour le groupe, mais en fait c’est la musique qui porte tout ça. L’esprit vient après…

Seppi : Et ça tombe plutôt bien parce que notre musique ne conviendrait pas avec des têtes de morts, ou même des femmes nues sur nos pochettes d’albums.[Rires]

Matte : Attention, est-ce que le ventre rond du buddha ne pourrait pas être assimilé à quelque chose de sexuel d’une certaine manière ? [Rires]

Parlez-nous un peu de votre récente tournée avec Monster Magnet, sur la fin d’année dernière. Comment décririez-vous cette expérience ?

Seppi : Dur. C’est vraiment le mot approprié.[Rires]

Matte : En fait il y a beaucoup de choses à en dire. La tournée a commencé très dur et a fini super bien. Déjà ce fut l’opportunité pour nous de jouer pour la première fois en scandinavie. Ca nous a pris trois jours pour aller en bus jusqu’en Norvège, ce qui fut en soi une excellente expérience, car nous ignorions qu’il était possible de boire une telle quantité de bière en trois journées à peine [Rires]. C’était route, ferry, bière, route, bière, ferry, bière, etc… Mais une fois arrivés, la bière là-bas coûte une fortune, ça nous a un peu refroidis. Au niveau des concerts, au début on jouait un peu tôt, et parfois devant assez peu de monde car le public ne venait que pour la tête d’affiche… Voilà pourquoi la première semaine fut un peu dure. Et puis progressivement ça s’est amélioré en redescendant un peu sur la Suède, la Hollande et l’Allemagne : les shows avaient bénéficié d’une meilleure promotion, il y avait notre nom sur les affiches, on jouait devant un millier de personnes chaque soir… C’était vraiment une super expérience. Et il faut vraiment dire solennellement que Dave Wyndorf est un vrai gentleman. On a été super bien traités, on avait à manger, on avait tout le son que l’on voulait, les lights…

Steffen : Il venait souvent nous demander si tout se passait bien, si on voulait plus de bières ou autre. Vraiment des mecs sympas.

Vous avez tourné une vidéo autour de cette tournée, que pouvez-vous nous en dire ?

Matte : Le mec qui a tourné la vidéo est devenu un bon ami à nous. Il étudiait dans le milieu des médias en général, et je lui ai demandé s’il était intéressé pour venir avec nous quelques jours et documenter cette expérience, vu que ça ne se produirait pas tous les jours de se retrouver à jouer avec Monster Magnet. Il n’a pas hésité longtemps… Et il se trouve qu’il a été super sympa, il a été super discret…

Steffen : Pour tout te dire, je n’avais même pas remarqué qu’il utilisait une caméra. On était tellement habitués à le voir avec nous, à discuter, boire des bières, qu’on ne le voyait même pas filmer. Quand il nous montrait ensuite ce qu’il avait filmé, on ne s’était aperçu de rien !

Matte : Et pour lui c’était aussi une bonne expérience d’être « en immersion » dans le contexte d’un groupe en tournée, en plus pour une première partie de Monster Magnet. C’était une bonne opportunité aussi pour lui, il adore cette musique. Il avait la larme à l’œil en partant, tu peux me croire !

Le film a été diffusé dans une salle dans le cadre du Desertfest, mais au-delà, comment pensez-vous exploiter le film pour l’avenir ?

Matte : On pensait initialement garder le film pour le mettre sur un DVD bonus ou un truc comme ça. Mais on a changé d’avis, parce que ça va nous prendre un moment avant de faire un nouvel album ou autre, ça aurait été dommage d’attendre si longtemps. D’une certaine manière c’est fait par des fans, pour des fans, donc on souhaite finalement le rendre accessible au plus tôt au plus grand monde. De toute façon c’est une situation positive, car tout le monde est déjà gagnant dans le processus.

Steffen : On ne va pas se prendre la tête, on va le mettre sur Youtube[Rires].

 

Comment vous êtes vous retrouvés à signer chez Napalm Records l’an dernier ?

Matte : Le gars chargé de signer les groupes pour le label est fan de notre musique. Je ne sais même pas comment il nous a découvert, sur internet ou autre… Il nous a contactés pour nous dire qu’il aimait vraiment notre musique, il venait souvent à nos concerts… Et un jour il nous a présenté une offre pour intégrer son label. On ne savait pas si notre musique correspondait à ce label.

Steffen : C’était un label très metal à l’époque, si tu te souviens…

Matte : Avant que l’on ne donne notre accord, ils nous ont expliqué que le label allait s’ouvrir à d’autres genres plus rock, ils venaient de signer Monster Magnet et avaient plusieurs autres groupes en vue… On a beaucoup discuté avec ce type, et tu sais, on fonctionne énormément au ressenti, et on avait un bon feeling avec lui, il croyait vraiment en nous, donc on a finalement signé. Et maintenant que le CD est sorti, on peut dire que l’on est satisfait de ce choix : la promotion était bonne, les conditions étaient bonnes, le gars est toujours là derrière le groupe (il était d’ailleurs dans le public ce soir).

Au sujet de ce dernier album, de manière plus anecdotique, vous avez toujours proposé des pochettes sur fond blanc, et cette fois on a un artwork sur fond noir, pourquoi ce changement ?

Steffen : Le dessin était initialement sur fond blanc. Et tout bêtement sous Photoshop on a inversé les couleurs, et en négatif, l’image était sublime ! Donc en fait c’est la seule raison, le graphisme est tout simplement plus beau sur fond noir que sur fond blanc !

Matte : Ca n’a rien à voir avec le fait d’être sur un label metal, de faire une musique plus sombre, ou autres trucs que l’on a pu entendre. Mais tous ces détails, tous ces éléments ressortent mille fois mieux en blanc sur fond noir. Il y a tant de détails sur cette pochette, et c’était incroyable, certains se voyaient uniquement sur un fond noir. C’était une décision facile à prendre.

 

Depuis quelques mois, on sent vraiment la notoriété du groupe grandir, on entend de plus en plus parler de My Sleeping Karma, via votre signature sur Napalm, vos concerts de plus en plus nombreux, etc… Est-ce que ça va continuer dans cette voie ?

Matte : On aimerait bien bosser sur MSK à temps plein, mais… nous sommes vieux [Rires], nous avons nos familles, nous n’avons pas assez d’argent, nous n’avons pas assez de temps libre… Donc on continue comme ça, c’est le plus beau hobby au monde ! Tu sais, quand on ne se voit pas pendant quelques semaines ou mois, ça nous manque de plus en plus, et c’est un très bon signe. Lorsque l’on se retrouve tous ensemble, on n’a pas besoin d’être super productifs et créatifs : on parle de foot, on boit des bières, on joue une ou deux chansons… En cela, on n’a pas changé, on est toujours un groupe de potes qui font de la musique. Ca apporte une grande satisfaction, le groupe est vraiment l’essentiel pour nous.

Quels sont vos projets pour les prochains mois ?

Steffen : Nous allons aller jouer en Russie quelques dates, pour la première fois de notre histoire. On a le Hellfest en France, et puis quelques autres concerts ici ou là, tous ne sont pas encore confirmés à l’heure actuelle. Et quelques dates avec Colour Haze.

Matte : Notre but cette année est en quelque sorte de récolter quelques fruits mûrs. Nous n’avons pas assez de congés pour organiser une grosse tournée en Europe. Donc on fait des trucs un peu disparates cette année, en fonction des opportunités et de ce que nous pouvons nous permettre. Quant à la suite, on ne réfléchit pas trop loin, car quoi que l’on prévoit, ça se passe toujours différemment au final…

Avez-vous déjà envisagé d’enregistrer un album live ?

Seppi : [Rires] Jamais ! Nous aurions besoin de beaucoup d’overdubs. Absolument jamais.

Matte : On n’a encore jamais joué le show parfait. Tu sais il y en a toujours l’un d’entre nous au moins qui est déçu de son concert, car il n’a pas tout joué à la perfection…

Steffen : Nous avons une sorte de blague récurrente entre nous : à chaque fois que nous répétons nous nous arrêtons à la troisième note parce qu’après la troisième note Seppi fait une fausse note. Nous nous marrons toujours à ce propos.

27 avril 2013 par Chris

 

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