Mais qu’a-t-il bien pu se passer en 1782 pour qu’en 2018, Marco Nieddu et Gabriele Fancellu, 2 jeunes italiens qui viennent tout juste de créer leur formation doom, aient choisi ce nom? La première publication du roman «Les liaisons dangereuses»? La fondation de la ville de Bangkok? C’est l’année de naissance de Michel Drucker? Non, la raison est toute autre (et bien plus en rapport avec leur style musical…): c’est en 1782 qu’Anna Göldin fut torturée avant d’être décapitée et ce fut l’une des toutes dernières personnes en Europe à avoir été condamnée à mort pour sorcellerie. On comprend alors mieux le magnifique artwork du single «She was a witch», paru en janvier 2019 chez Electric records. Ce single arrivera jusqu’aux oreilles du fameux label Heavy psych sounds, basé à Rome, qui signera le duo pour un premier album paru en mai dernier.
Le doom, qui plus est occulte, est régi par des règles immuables: une rythmique pesante et lourde comme une après-midi de canicule, une guitare vrombissante et granuleuse ne proposant pas plus de 3 accords par chanson (allez, on monte à 4 pour les grands gourmands…) et une ambiance morbide et sombre comme une visite des catacombes de Rome. Autant vous le dire tout de suite, 1782 coche bien toutes les cases. Evidemment, le problème avec les règles, c’est qu’il est difficile de se démarquer quand tout le monde suit le même schéma. Et c’est sans doute le seul reproche à formuler au duo à l’écoute de ce premier essai: c’est très bien fait, c’est parfaitement produit mais voilà, on a l’impression de déjà avoir entendu çà quelque part…
Après une courte introduction qui donne immédiatement le ton (le glas sonne et le bûcher est prêt), on entre tout de suite dans le vif du sujet avec «Night of Draculia» qui permet de découvrir le chant plaintif et lointain de Marco Nieddu, à mi-chemin entre Uncle Acid et Monolord. Suivent des titres caverneux et poisseux comme «The spell (Maleficium vitae)» (et ses chœurs incantatoires), le single «She was a witch» (qui bénéficie de la participation de Gabriele Fiori de Black Rainbows, accessoirement patron du label Heavy psych records) ou encore le monolithique «Black sunday» qui sont tous d’excellents titres pour se dévisser les cervicales. La guitare vrombit de plaisir, la batterie martèle ses incantations, les vocaux glacent le sang et l’album aurait très bien pu s’intituler «Le headbanging pour les nuls», on n’aurait rien trouvé à redire… A noter la très sympathique reprise de «Celestial voices» de Pink Floyd, un choix étonnant et audacieux.
Vous l’aurez compris, 1782 ne révolutionnera pas le doom occulte mais il se pose comme l’une des belles surprises du genre. Les amateurs de doom poisseux et cadavérique y trouveront naturellement leur bonheur mais ne comptez pas sur 1782 pour convertir les réfractaires à ce type de sonorités. Une musique pour initiés à mettre malgré tout entre toutes les oreilles car la qualité des compositions et l’implication du duo sont bien réelles.
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