1782 fut l’année de la dernière exécution pour sorcellerie. Pourtant, en 2021, quelque part en Italie, 3 garçons bien sous tous rapports mériteraient bien, selon la bien-pensante et prude église catholique, le même sort qu’Anna Goldin… Effectivement, difficile de voir autre chose qu’une ôde au diable, qu’un plaidoyer au vice ou qu’un appel à la débauche à l’écoute de From the graveyard, second opus du trio transalpin 1782.
L’intro, intitulée « Evocationis », nous téléporte au fin fond d’une forêt lugubre et inhospitalière ou la peur et la terreur font loi. Ces quelques secondes vous englobent et vous happent. Aucune échappatoire possible sinon de prier les cieux pour ne pas croiser le diable en personne, « The choosen one ». Le théâtre noir se met petit à petit en place et laisse l’auditeur exsangue. Oui, déjà, dès le premier véritable titre de cet album, vous plongez au fin fond des catacombes, comme aspiré par une force maléfique terrifiante. Le sol est visqueux, l’air est irrespirable et les ombres virevoltent au-dessus de vos têtes. Et encore, ce n’est que le début des hostilités… Voici que débarque « Bloodline », sa tellurique intro de basse, son riff qui rappelle fatalement un certain Black Sabbath et surtout, cette lourdeur dans le son, cette batterie qui martèle sans concession… Impressionnant, vraiment impressionnant. L’un des trucs les plus lourds de ces dernières années, faisant passer les gars de Monolord pour des chanteurs d’opérette !
On continue notre descente avec « Black void » et là, la lumière s’efface et il ne reste que les ténèbres, froides, lugubres, annonciatrices de l’arrivée imminente du maître des lieux. Le son est tout bonnement monstrueux et la production est simplement parfaite. Et c’est avec, finalement, avec un plaisir non dissimulé, le sourire béat et la bave aux lèvres, qu’on continue notre lente mais inéluctable chute avec « Inferno » qui apporte malgré tout un peu de répit à l’auditeur avec un riff moins acéré et une rythmique moins pachydermique (même si la voix de Marco Nieddu est toujours aussi tétanisante).
Et alors qu’on s’approche des entrailles de la Terre, la magnifique « Priestess of death » vient vous caresser la joue et vous chatouiller l’échine… La demoiselle est nue, étendue sur un sol jonché des restes des précédents visiteurs et elle vous invite à la gaudriole par la grâce d’un riff monumental qui engendrera un tremblement de terre de magnitude 9 à la surface (au passage, on est plus très loin de vouer un culte proche de « Empress rising » à « Priestess of death »…). Il ne vous reste alors que quelques minutes à vivre, bientôt emporté par la faucheuse qui vous guette du coin de l’œil et qui attend le moindre faux-pas de votre part pour agir. Faites donc vos prières face aux « Seven priests » avant de fermer les yeux, accablé par tant de violence et de noirceur, dévasté par l’implacable doom des transalpins. Ne reste plus qu’à déguster « In requiem » avant de suivre cette fameuse petite lumière au bout du tunnel qui guide chaque être humain vers l’au-delà.
From the graveyard est maléfique, déconcertant, terriblement sublime, délicieusement morbide, affreusement magnifique. C’est la substantifique moelle du doom, l’essence de la musique du diable, le chemin le plus court vers l’excommunion. 1782 frappe un grand coup, un très grand coup. Le trio transalpin magnifie le doom, l’amène un peu plus vers les profondeurs, lui assène un grand coup de hache derrière la tête. C’est brutal, viscéral, ça vous prend aux tripes mais putain, quel pied ! L’album doom de l’année, sans aucun doute.
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