Ici on adore 7 Weeks. Après un album « parenthèse » assez particulier (« 7 Weeks plays Dead Of Night »), il était temps, après 4 ans d’attente, de proposer un digne successeur à l’excellent « All Channels Off ». Dans l’intervalle, les limougeauds ne se sont pas roulé les pouces : ils ont joué sur pas mal de scènes françaises et européennes, ont perdu leur second guitariste (mais ont gagné un claviériste), et ont signé un contrat sur le label qui a le vent en poupe, Klonosphere. On est donc bien chaud, en enfournant fébrilement le CD, pour se prendre une grosse claque, et pourquoi pas réévaluer le très mouvant « top 10 des meilleurs groupes de stoner français ».
Alors, cette claque ? Ben ouais. Pas de doute, on prend bien une grosse claque à l’écoute de l’album. Clairement, le niveau est monté. Le son d’abord, est énorme, une prod splendide, « à l’américaine », un bijou en soi. Niveau chansons, 10 morceaux bien foutus, jamais répétitifs, variés… Du gros metal avec « Bones & flowers », du presque-thrash avec « Acid rain », des titres à mi-chemin entre grunge et neo-metal, des titres percutants, dynamiques… Musicalement, les gars se la donnent : jamais on ne croirait que Florian est seul derrière cette armée de guitares, la basse de Julien est ronde et bien saturée, et Jérémy frappe ses fûts comme une mule (et sait jouer avec plus de subtilité lorsque nécessaire). Je suis plus réservé sur l’apport réel d’un clavier « full time » (exemples sur « Ghosts on the seaside road » ou « Diary – Day 7 », ses nappes de clavier donnent une tonalité old school un peu anachronique…). Bref, ça joue bien, très bien même, c’est porté par un son énorme, et si ce n’était cet accent anglais perfectible (sur des lignes vocales mixées bien trop en avant), on croirait avoir dans les mains une galette de pur metal américain, à mi-chemin entre grunge « modernisé », thrash et neo-metal rageur.
Et c’est bien là que le bât blesse. Car on aurait aimé dire que 7 Weeks reprenait un rôle majeur dans la scène stoner française… C’est en fait tout le contraire : même si le quatuor n’a jamais fait partie des groupes stoner purs et durs (on entendait dans sa musique des influences diffuses mais massives), il s’est aujourd’hui complètement affranchi du genre. Je défie d’ailleurs quiconque d’identifier un vrai passage relevant de près ou de loin du genre que nous affectionnons tous ici bas. On a en quelque sorte perdu un groupe pour « la cause », donc, mais on a gagné un grand groupe de hard rock français dans l’opération…
En résumé donc, « Carnivora » est un bon disque de metal, mais aussi en quelque sorte un acte de divorce « involontaire »avec le stoner : le groupe trace sa route avec assurance et dynamisme, et ne regarde pas dans le rétroviseur. C’est louable en soi, et il serait égoïste d’attendre autre chose ! Bonne route à eux.
(Pour donner votre note,
cliquez sur le nombre de cactus voulus)