Ahhh, enfin ! Enfin une nouvelle offrande du Roi de l’Acide… On attend ça depuis “Busse Woods”, en 1999… Certes, on a pu se mettre quelques titres sous la dent depuis, notamment sous la forme d’un excellent split-CD sorti chez Man’s Ruin, mais depuis la banqueroute du mythique label de San Francisco, plus de nouvelles… Un concert ou deux par an ici ou là, mais rien de très rassurant sur la bonne santé d’Acid King. Les voilà donc revenus sous l’aile de Small Stone Records, décidément l’un des labels américains les plus excitants du moment ! Il faut savoir que les membres d’Acid King (en particulier Lori et Guy) ont eu du mal à encaisser la faillite de Man’s Ruin, puisqu’ils travaillaient tous deux pour le père Kozic, en plus de jouer dans Acid King ! Plus dure fut la chute…
Les voilà donc reviendus, disais-je, avec ce “III” sottement nommé (franchement, depuis les albums numérotés de Led Zep, difficile de faire montre d’aussi peu d’inspiration !), mais plutôt en forme ma foi ! Dès les premières écoutes, on re-situe le groupe : c’est quand même le bébé de Lori ! La guitariste-chanteuse du trio figure, déja, seule sur la pochette du CD (ça en dit long)… Et puis on a appris, en même temps que la sortie du CD, le départ de Guy Pinhas, le prodigieux bassiste français, qui a fait ses marques chez The Obsessed, ou encore Goatsnake… Il a quand même posé ses vrombissantes mesures sur cette galette, c’est un soulagement !
Autre marque de la main-mise de Lori sur son groupe, les compos sont intégralement signées de la miss, ce que l’on ne met aucunement en cause au fil des écoutes : les morceaux sont bâtis sur des riffs collossaux, pesants, massifs comme des parpaings en béton projetés un par un sur les frêles épaules des pauvres et chétifs auditeurs que nous sommes… Presque étouffantes, ces “nappes” de guitare sont la marque de fabrique d’Acid King : des riffs lourds, lents, assénés avec conviction, dans une sorte d’inertie de plusieurs minutes, le temps qu’il faut à une chanson pour s’achever de sa lente mort. Le tout est systématiquement renforcé par une chappe de basse ronflante en fond du paysage sonore, avec un Pinhas sous-employé dans cet exercice (généralement une simple reprise, en harmonie parfois, des lignes de gratte), mais qui s’éclate à renforcer la lourdeur de l’ensemble… comme si c’était pas assez heavy comme ça ! Par dessus, Joey Osbourne (non, ce n’est pas un fils caché d’Ozzy !) se fait plaisir à la batterie, avec des parties où, évidemment, la cymbale est frappée à tour de bras, mais où les caisses claires sont usées d’une manière presque jazzy par moment… Faut dire que les compos le permettent ! Quand le groupe se lance dans un “War Of The Mind” de presque 12 minutes, il faut assurer derrière, pour que l’on ne ressente jamais la moindre baisse de régime (ce qui est le cas) : ça groove, ça fait tourner le riff, ça gronde,… bref, ça joue ! Et le tout sans solo interminable : tout est dans le riff, the almighty riff ! Lori n’est pas une grande guitariste, et elle le sait : c’est une créatrice, elle sait trouver des riffs, elle sait les jouer, et elle sait les faire tourner. Allelujah, la messe (noire ?) est dite !
Autre caractéristique du rôle de Lori sur cette galette, le chant, jamais enregistré aussi “loin” (essayez de le trouver au milieu de ces nappes de guitare – bon courage). Ca en serait presque risible si on ne connaissait pas Acid King ! On a vraiment l’impression que Lori chante à 20 mètres de son micro ! Ses vocalises hantent ce disque, on les entend presque “par accident”, telles des lamentations, des supplications parfois… Et pourtant ça marche : on peut aimer ou pas la voix nasillarde de la fausse blonde, cette mise en retrait (belle humilité aussi, de se positionner ainsi “en dessous” des instruments) sert bien les chansons, en “rythmant” les titres et en ajoutant une composante appréciable au sinon trop “linéaire” trio guitare-basse-batterie.
Bref, voici probablement l’un des meilleurs albums de Acid King, mais qui ne fait pas évoluer grandement le genre, finalement ! C’est du Acid King pur jus, vraiment. Alors si vous êtes curieux, que vous voulez découvrir le groupe, que les rythmes lents et les grattes lancinantes ne vont font pas peur, alors cet album est un bon point d’entrée : les compos sont fidèles à leur “passif” et le son est le meilleur qu’ils aient eu (chapeau bas au magicien Anderson, fidèle des fidèles derrière les manettes). Si vous connaissez déja Acid King et aimez leurs précédents albums, pas la peine d’hésiter. Un excellent cru !
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