Les Athéniens d’Acid Mammoth ont fait émerger du permafrost une grosse bête doom en 2015 avec l’aide seule de leur passion pour Black Sabbath. Saluons le retour de nos archéologues ces temps-ci avec une nouvelle production signée une fois de plus chez Heavy Psych Sounds et intitulée Supersonic Megafauna Collision. Gageons que le quatuor aura su graver de puissants sillons dans la plaque, à en juger par l’excellente réputation qu’ils se sont taillée avec seulement trois albums et un split assortis d’une tournée encore récente en 2022-2023, laissant les sols de quelques clubs tout vibrants d’émotion.
Batterie pour rythmes tribaux d’entrée de jeu, riffs de basse joués ad nauseam tout au long de l’album, chant nasillard à l’extrême d’une piste à l’autre. Ce n’est pas l’excès d’originalité qui nous aura poussés dans les bras d’Acid Mammoth, mais plutôt la hype (toute relative) qui entoure le groupe. À la première écoute, il faut bien avouer que cela ne semble pas délirant. Devons-nous parler d’un préjugé grec ou d’une illusion auditive consistant à nous faire croire que les groupes issus du pourtour hellénique sont systématiquement supérieurs aux autres ? Je ne sais pas. Attention, je ne nie pas l’excellence de certains d’entre eux ; pour autant, il semble un peu court de vue de croire que tout ce qui vient d’une région du monde suffit pour garantir la qualité.
C’est donc avec beaucoup de sérieux qu’il nous aura fallu nous y reprendre à plusieurs fois pour écouter l’album d’Acid Mammoth. C’est là que la magie opère, on se surprend à chantonner l’air de “Fuzzorgasm” après seulement deux ou trois écoutes. On finit par occulter les passages les plus attendus pour savourer l’incursion acoustique sur “Garden of Bones” et la sensualité des 12 minutes de “Tusko’s Last Trip” où le chant entreprend de notables mélodies. Et puis après tout, si les thèmes sont d’un classicisme évident, tout ceci n’en est pas moins efficace, et on accepte jusqu’à la piste éponyme, “Supersonic Megafauna Collision”, qui s’incruste insidieusement dans les replis de la cervelle pour devenir un de ces titres qui, dès les premières notes, se rappellera à notre bon souvenir pour nous faire dire “hey, cool ! C’est Acid Mammoth !”
Ami lecteur, s’il te prend de vouloir te laisser aller à quelques plaisantes évidences épaisses et lourdes, cet album est fait pour toi. Pour les plus rigoureux des autres, Supersonic Megafauna Collision sera à ranger parmi les albums de doom moderne consciencieux et de bonne facture. Soyons francs, il n’a honnêtement rien à envier à un paquet de jumeaux issus du genre.
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