Il y a moins de trois ans, on avait pris une belle claque à l’écoute du délicieux premier ouvrage des suédois d’Alastor, Slave to the Grave. Album audacieux et mature de la part d’une jeune groupe qui transpire le potentiel, ce disque était probablement un simple avant-goût de ce que pouvait proposer le groupe à l’avenir. C’est donc armés de cette intuition qu’on se jette à corps perdu dans ce Onwards and Downards, toujours chez les obstinés et inspirés RidingEasy Records.
Comme son prédécesseur, le disque laisse avant tout lors de ses premiers tours de piste entrevoir son large spectre musical, les différents sentiers explorés par le quatuor, le tout baignant dans un son de guitare qui alimente le pouvoir de séduction d’Alastor – on ne peut pas résister à la gratte fuzzée de “Dead Things in Jar” ou poisseuse de “Onwards and Downards”. Ainsi ferré, l’auditeur se trouve engagé dans une séance ininterrompue de lecture en mode repeat du disque, rappelé chaque fois par une nouvelle compo favorite. Véritable compétence clé de nos jeunes scandinaves, cette inspiration (talent ?) donne toute son ampleur au disque, composé de chansons d’une incroyable efficacité. On pense forcément à ce “The Killer in my Skull” en intro (ce riff qui descend dans les tréfonds après sa première attaque), le heavy rock catchy de “Nighmare Trip” ou encore “Lost and Never Found”… Au milieu de ce dense agglomérat de compos de heavy doom rock réussies, “Death Cult” vient amener son groove frais et son tempo plus énervé sur un disque qui décidément ne manque pas de relief : indécemment accrocheur, il est difficile ensuite de chasser cette petite perle de sa cervelle. Autre coup de maître, le colossal “Onwards and Downwards”, 10 minutes de pur bonheur, traîne le riff de son couplet doom old school sans vergogne sur deux tiers du morceau, avant une percée de leads inspirée, qui nous ramène inexorablement à ce doom profond en conclusion.
Avec encore moins de déchets que sa production précédente, Alastor nous propose directement l’un des meilleurs albums des derniers mois, l’un des plus riches et l’un des plus intéressants. Proposant, à l’instar d’un Uncle Acid (dont il n’est pas toujours très éloigné), un doom rock à la fois fidèle à ses origines et fondamentalement intégré dans son époque, Alastor fait mouche. Malins et inspirés, les suédois signent encore un très beau coup. Et nous de regarder ce petit groupe devenir grand, discrètement.
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