En 2012, le robot Curiosity se pose avec succès sur Mars ouvrant une nouvelle ère d’exploration de la planète rouge. La même année, atterrit sur Terre une formation de fat blues psychédélique à Nashville, Tennessee. All Them Witches ouvre alors une nouvelle ère d’exploration de la planète stoner. Non pas qu’il la révolutionne mais en ajoutant quelques ingrédients à la dinde déjà bien farcie, il en ré-hausse le goût de fort belle manière. Gage de qualité, le premier album sort sur Elektrohasch, le label de l’oenologue du son, Stefan Koglek, chanteur et guitariste chez qui vous savez.
« Our Mother Electricity » est donc le premier long effort des américains et sonne terriblement américain (c’est redondant, mais c’est important, rime riche). Cet appel blues de voix, sifflet lointain d’une locomotive à vapeur n’y est certainement pas étranger. L’on plonge immédiatement par « Heavy like a Witch » dans le son All them Witches, une basse vivante, des riffs de blues polishés à la fuzz et un groove semblable au « clic-a-di-clac » du cheval de fer. Il s’acoquine aussi avec le sexy de ses illustres aînés, ici un clavier orgiaque 70s et à la jeunesse cool de ses grands cousins du désert, là des attaques rageuses et posées de cordes. All Them Witches brasse large et puise intensément l’eau de ses références sans qu’on s’y perde. On retrouve par le road-titres tous ces courants amplifiés par cette mère électricité. Blues donc, Americana, rock binaire, folk, « The Urn » et « Guns » sont le parfait exemple de ce syncrétisme réussit. Le « melting-pot » engageant d’un savoir faire certain, qui verrait jammer ensemble Jack White, Kyuss, Robert Johnson et Hawkind. Alléchant.
Quand All Them Witches caresse le mid-tempo, on y est. C’est un soleil caillasse qui nous réchauffe la calotte et le psyché qui sommeillait en ces sorcières prend son envol. Les gouttes de sueur acidulées de « Until it Unwinds » perlent sur nos fronts buvards et l’on se retrouvera piqué plusieurs fois par ces dards multicolores et aériens au cours de l’album. Du coup, on excusera presque ces accointances avec la pedal-steel et la mélancolie cow-boy de « Easy », morceau facile (comme celle-là té !) mais finalement point de respiration nécessaire à « Our Mother Electricity ». Et puis cette plongée dans le corps outre-atlantique est partie prenante de la production globale de l’album. Pas de référence anglo-saxonne, pas de Birmingham, ni de cité ouvrière de la perfide Albion ici. Non, All Them Witches, c’est du cheval sauvage, du champ de coton, du Kerouac, c’est ce satané diable qui vous fait signer des contrats et vous permet d’écrire des morceaux comme « Right Hand ».
« Our Mother Electricity » est un voyage réussi d’une cinquantaine de minutes. Plus eut été trop et moins, frustrant. On passe un agréable moment avec le groove et la technique des zicos en espérant les voir en live un de ces quatre. A conseiller un lendemain de cuite, un dimanche pépouze. Idéal en album pré-barbecue, à servir avec un ptit jaune et des cahuètes. Un corps graisseux mais aéré qui laisse un ptit goût de « reviens-y » en bouche.
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Voir les commentaires (1)
J'ai commencé ce groupe avec cet album, et j'avoue que le tout premier titre m'a vraiment scotché. Le batteur surtout est terriblement efficace, et est a mon avis responsable la qualité de l'album. Quel groove ce mec ! Incroyable. Et quand on le voit sur youtube par exemple, on comprend la qualité du bonhomme. J'ai rarement vu un batteur s'impliquer autant sans faire de l’esbroufe. Les autres musiciens sont excellentissimes aussi, le chanteur a une très belle voix, la guitare et la basse sont au poil. Le premier album est très rock, les suivants beaucoup plus psyché. Tout est bon chez All Them Witches.
Attention au fake : un "groupe" (?) anglais s'appelle all OF them witches, et fait de l'électro. Je me suis fait avoir. Faites très attention.