De tous les sous-genres du métal, le doom semble être celui qui cède le plus facilement le micro à une chanteuse, voyant une multitude de groupes, de Mount Salem à Windhand, en passant par The Well, Blood Ceremony, Purson, Blood Ceremony ou Wounded Kings, qui cherchent tous à détrôner les reines éternelles que sont Lori S. et Jex, officiant respectivement dans Acid King et Jex Thoth. De l’alchimie créée découle un style effervescent, mariant idéalement la mélancolie de cette musique lourde avec l’émotion d’une voix féminine. Sophie Day, chanteuse et guitariste d’Alunah l’a bien compris et porte le groupe par ses lignes vocales envoutantes.
Nés et élevés à Birmingham, berceau du heavy métal, les membres du groupe payent albums après albums leur dîme au grand Sabbath par le truchements de saillies doom délicieusement mélodiques et épiques. White Hoarhound (PsycheDOOMelic/2012) avait propulsé le groupe suffisamment dans la lumière pour intéresser les meilleurs labels du genre, le groupe multipliant les sorties de territoire pour finalement signer chez Napalm Records et rejoindre une écurie qui – de Monster Magnet à Vista Chino, en passant par Steak, Glowsun ou Lonely Kamel – ne parie que rarement sur les mauvais chevaux. Awekening The Forest, leur troisième opus reprend donc l’efficace mixture du combo, consistant à poser quelques ritournelles vocales fleurant presque la complainte médiévale sur de lourdes lamentations sabbathiennes. Expert en riffs malins et refrains accrocheurs, Alunah accouche régulièrement de petites pépites et « Bricket Wood Coven » ou « Heavy Bough » peuvent aisément obtenir ce qualificatif. Le morceau titre “Awekening The Forest” sort lui aussi du lot, rappelant en de nombreux points le meilleur de Katatonia et rappelle à qui l’aurait oublié qu’en matière de doom mélancolique les Anglais ont un certain savoir faire. Mais comme souvent, passé ce départ canon, le reste de l’opus est un poil redondant et manque cruellement d’originalité.
Comme toujours avec le doom, le style ne supporte que l’excellence, sans quoi il plonge l’auditeur dans l’ennui le plus profond. Notez que la première face du disque est de ce niveau d’exigence ce qui place Alunah dans la moyenne haute de la meute, regardant toujours l’intouchable Jex Thoth avec des yeux humides mais d’un peu moins loin que les autres.
Point vinyle :
Napalm oblige, trouver les LPs d’Alunah nécessite de se rendre au merch du groupe ou de passer par leur site de vente en ligne. C’est d’ailleurs seulement sur ce dernier que vous trouverez les éditions couleurs limitées (100 verts, 100 rouges). Oubliez les repress, Napalm ne croit pas encore vraiment au format pour le moment.
Les disques du label sont par ailleurs toujours de qualité, ceux ci sont gatefold et les prix sont corrects (15€ en black, 20€ en couleur).
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