Jamais trop tard pour bien faire ? C’est à l’occasion de la sortie du 3ème volet de leur triptyque musical que l’on trouve l’occasion de se pencher sur ce quartette italien, membre du foisonnant roster du label transalpin Go Down Records.
Voulu donc comme le volet final d’un ensemble de trois albums, Reconciler propose une (très) riche sélection de huit titres foisonnants, abordant de nombreux styles musicaux, du psych rock atmosphérique au desert rock, du kraut rock au rock progressif, du blues rock le plus chaud aux musiques quasi-chamaniques… Les huit chansons durent pour certaines moins de quatre minutes, et pour d’autres jusqu’à 22 minutes ! Il est important d’aborder cela avant de rentrer plus avant dans le disque : on se retrouve ici avec un (vrai) double album, une galette proposant presque 1h30 de musique – vraiment pas dans les standards auxquels on est habitués. Si vous vous sentez prêts à digérer ça et à apprécier au contraire la générosité de l’offrande, dans ce cas se plonger dans ce disque peut se révéler une aventure passionnante.
Musicalement, ou pour le moins instrumentalement, on est sur une base assez solide finalement, reposant sur un quartette de musiciens stable, rompus à l’exercice du jam rock psych (belle base rythmique aérée, déluges de leads, riffs discrets mais solides…). L’ensemble est évidemment très « guitar oriented », avec des degrés de « saturation » assez variables mais plutôt légers dans l’ensemble (clairement on n’est pas dans quelque chose de très bourrin). Mais la spécificité du disque vient de ses guests, en particulier au chant, avec rien moins que cinq vocalistes différents (dont le besogneux Conny Ochs, petit prince germanique de l’underground), mais aussi pour des apports de synthés, percussions, etc… disséminés sur chaque titre, au besoin (note : dans une démarche corporatiste étrange mais louable, ces invités sont tous issus de groupes figurant dans le roster de Go Down…). Cette spécificité ajoute à l’impression de richesse qui se dégage des écoutes de ce disque, mais en contrepartie dilue un peu la consistance du disque (ce qui n’est a priori pas une préoccupation première du groupe, au vu du nombre de styles pratiqués).
Il est assez évident que synthétiser une telle pièce relève de la mission impossible : sur l’ensemble il y a non seulement des passages moins intéressants, mais aussi d’autres qui ne susciteront pas le même intérêt pour les uns et les autres au niveau du style pratiqué. En revanche, il y a du qualitatif à tous les rayons, et les gourmands (gloutons ?) amateurs de véritable psych rock y trouveront une très belle pièce. Reconciler est en outre un disque susceptible de se révéler dans des contextes très différents : en excellente musique de fond, en écoute approfondie au casque, en picorant ses titres par ci-par là… Disque riche tout autant que protéiforme, il devrait ravir les esthètes d’un mouvement musical riche et trop confidentiel.
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