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Appalooza – The Emperor of Loss

Après une première salve d’albums progressivement de plus en plus prometteurs, dont les deux derniers sortis de manière surprenante sur le label américain Ripple, c’est par le même biais que le trio breton (!) nous propose sa quatrième galette. Entre chaque disque, le groupe disparaît des radars (activité live inexistante ou en tout cas famélique), et chaque nouvel album est accueilli par la surprise et l’envie de s’y plonger.

On retrouve très vite sur ce The Emperor of Loss les mêmes codes musicaux que ceux développés sur les dernières galettes du groupe : américain dans l’intention et les influences, le groupe français l’est largement dans sa musique. Leur style s’inscrit dans une émergence des groupes de stoner américains des deux dernières décennies, de cette tendance qui a vu le grunge renforcer un stoner fuzzé et testostéroné, à l’image d’une large partie de la passionnante production de Small Stone Records en début de siècle. Immergé dans ce foisonnant chaudron d’influences, Appalooza y a toujours apporté sa patte, avec en particulier des saveurs ethniques inédites pour un groupe en provenance hexagonale, des rythmiques quasi-tribales parfois et d’autres sonorités évoquant occasionnellement un lointain shamanisme… Mais ces subtils reflets ne viennent pas pervertir un style musical qui reste fondamentalement ancré dans le gros stoner US, à nouveau servi sur ce disque par une production rutilante, “à l’américaine”, en droite provenance… de Bretagne, à nouveau !

Cette dizaine de nouvelles compos (dont un titre bonus) viennent sans surprise compléter le diagnostic : musicalement séduisant, le groupe est aussi doué pour l’écriture et la rondelle ne manque pas d’exemples. Evidemment, émergent en premier les « gros morceaux », à l’image du costaud « Grieve » qui vient proposer une intro impeccable d’efficacité, ou du catchy « Tarantula », son leak d’intro efficace, son couplet hanté et son refrain uppercut. Le trio s’y entend aussi concernant les mid-tempo emballants, à l’image du redoutable « Iscariot » ou du plus lent « Cradle to the Grave » (peut-être le titre qui rappelle le plus Alice In Chains, influence prégnante du groupe). Même « Adios Maria », titre électro acoustique hispanisant que l’on aurait adoré détester, s’avère efficace et séduisant. « Matador » le titre bonus est loin d’un morceau de remplissage ; plaisant et, lui aussi, efficace, il rappelle souvent une autre influence du groupe, QOTSA (ici sur ce qu’on appellera son « milieu de carrière »).

The Emperor of Loss est, à nouveau, un disque réussi. On l’écoute avec plaisir et on y revient avec envie. On en vient donc encore au même constat de frustration, de ne pas voir le groupe proposer de prestations scéniques (ou pas assez) pour venir renforcer ce constat et l’amener à un niveau de reconnaissance plus large, cohérent avec leur talent d’écriture et d’interprétation sur disque.

 


Note de Desert-Rock
   (8/10)

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