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Appalooza – The holy of holies

Dubitatif… cet adjectif ne signifie pas « mon chibre à des poils » mais il qualifie quelque chose qui laisse perplexe ou sceptique face à un évènement, une situation ou quelque chose qui laisse place à un doute légitime. Un exemple : « la première écoute du nouvel album d’Appalooza m’a laissé un peu dubitatif »… Car oui, les brestois n’ont pas fait dans la facilité avec cette nouvelle galette, leur deuxième après l’excellent album éponyme paru au début de l’année 2018 qui sentait bon le sable chaud, la tequila bien fraîche et la generator party dans le désert californien. Un album infusé à la violence grunge d’Alice in Chains et saupoudré d’influences toutes Joshommiennes qui suivait une tournée américaine mouvementée en 2015.

Nous sommes en février 2021 et je tiens dans mes mains la nouvelle offrande du trio. Première bonne surprise : le logo Ripple music apposé au dos du LP, gage de qualité quand on connaît le catalogue de ce label. Et puis, le premier « choc » visuel : cet artwork, qui rappelle fatalement les œuvres de John Baizley, la tête pensante de Baroness. On est loin des grandes étendues désertiques qui nous faisaient de l’œil avec le premier album… Bon, depuis cette foutue année 2020, on n’est plus à une surprise près et plus rien ne nous étonne (cf le dernier Kadavar) et je me dis que le ramage ne se rapporte peut-être pas forcément à ce plumage qui, malgré sa qualité intrinsèque (force est de reconnaître qu’il est juste splendide), ne colle pas forcément avec le genre pratiqué par le groupe. Je sors la galette de son emballage, je la pose sur la platine et je lance The holy of Holies

« Storm » nous accueille avec un riff de guitare charnu mais somme toute classique, puis la voix rocailleuse de Sylvain emporte l’auditeur vers un sommet de heavy stoner qui sent bon la chemise à carreaux achetée du côté de Seattle. L’ambiance est posée, et elle sera sombre et électrique… Plus menaçant et bien moins dispersé que sur le premier album, le son est gigantesque, propre, concis. « Snake charmer » évoque le groove musclé d’un Clutch ou de leurs compatriotes de 7 Weeks. On sent que les gars ont pris de la bouteille et les compositions sont finement ciselées. Ça riffe, ça groove, ça éructe comme un beau diable… et puis ça s’arrête net avec un interlude qui calme le jeu avant le musculeux « Reincarnation » et sa section rythmique martiale et syncopée. « Nazareth » et son doux parfum d’Orient précède le furibard « Conquest » et ses presque 8 minutes, véritable manifeste de heavy stoner contemporain mâtiné, encore et toujours, de cette petite touche grunge, hommage aux grands noms du genre, de Soundgarden à Alice in Chains.

« Azazael » muscle encore un peu plus le propos des brestois. Parfait pour headbanger avec ses potes (mais si, souvenez-vous, les sorties, la foule, les concerts, tout ça…). Le moment de parler du style du groupe, qui est passé d’un desert rock caillouteux à un grunge alternatif qui sent désormais le goudron et le bitume. Noir comme le charbon, le son d’Appalooza s’est assombri, les chansons sont désormais bien moins ensoleillées qu’auparavant et on sent presque les gouttes de pluie gifler son visage. Un virage qui en décevra plus d’un, qui en déconcertera certainement certains mais l’évolution et la carrière d’une formation qui possède des velléités de succès à l’international est peut-être à ce prix… La preuve avec ce « Distress » menaçant au possible, malgré un refrain sautillant. On approche tranquillement de la fin du voyage avec le très heavy « Thousand years after » et on termine avec le morceau de bravoure de cet album, « Canis majoris ». Là, changement radical d’ambiance avec un titre de plus de 8 minutes à la construction assez progressive (intro acoustique, voix aérienne, ambiance quasi-médiévale) et franchement osée mais le risque s’avère payant car le sommet de cet album, c’est bien « Canis majoris ».

Je disais donc, dubitatif… A la première écoute, je suis resté dubitatif sur The holy of holies… Trop « américanisé » dans sa production, trop « énorme » dans ses compositions, je trouvais qu’Appalooza avait en quelque sorte vendu son âme et s’était éloigné de ses convictions premières. Et comme il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, je l’ai réécouté plusieurs fois et finalement, je me suis ravisé : The holy of holies est un grand album, tout simplement. Pas un grand album de stoner (car ce n’est plus vraiment du stoner…) mais de heavy rock alternatif, ce qui change beaucoup de choses… A vous de voir si vous êtes prêt à faire le grand saut avec eux…

 

Note de Desert-Rock
   (8/10)

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