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Arrakis – Ammu Dia

Si on en croit Frank Herbert et son célèbre roman, Arrakis est une planète qui n’a pour décor que le sable, la roche, quelques nomades du désert et des géants vers (qui n’ont aucun lien avec le maïs en conserve, et font bien plus flipper). Mais en Grèce, c’est également le nom du groupe de Panagiotis, Iraklis et Evaggelos, respectivement guitariste, bassiste et batteur, qui viennent de sortir leur premier album intitulé « Ammu Dia ». Et sans surprise, le soleil y darde implacablement ses rayons au fil des 7 titres.

Formé il y a trois ans à Thessalonique, le trio a déjà sorti deux démos en 2012 et 2013, et un EP en 2014 appelé « Sanatorium ». Pour faire honneur au genre du jam band psychédélique, les deux premières démos ont été enregistrées en prise live et en total improvisation. Si ce n’est peut être pas le cas de cet « Ammu Dia », on a malgré tout la nette impression d’assister à un concert du groupe, et ce à cause d’une production parfois brouillonne et très DIY. « Ammu Dia » semble avoir été enregistré d’une traite et avec l’aide de quelques psychotropes hallucinogènes. Dans un délire psychédélique purement instrumental où l’on croise les fantômes de Karma to Burn et Colour Haze, on alterne entre gros riffs qui tâchent et envolées hallucinatoires rappelant un Earthless, certes un peu moins virtuose. Le son est un poil crasseux, mais tout juste ce qu’il faut pour ne pas déplaire. La basse bien présente est très groovy et s’occupe de toujours maintenir rigoureusement le cap lorsque la guitare en pleine hallucination tente de se faire la malle vers le ciel. Les solis sont donc toujours bien mesurés sans être jamais agaçants.

Les tonalités prédominantes sont parfaitement illustrées par l’artwork de l’album : des couleurs chaudes, voilà bien ce que préfère nos trois grecs, et notre oreille caressée par la lumière l’entend bien. Le début de « Oppose » en est un parfait exemple : une intro aux sonorités lentes et lourdes se voit rapidement accélérée et dézinguée pour finir dans une envoutante jam au son chaud comme la braise. Le groupe nous figure ici qu’il n’a pas sa place dans le noir mais bien sous le soleil exactement. À l’exception faite de « Noema », petite zone d’ombre de l’album où l’on trouve des sonorités plus maussades et mélancoliques. Mais un peu d’ombre sous un tel cagnard, ça fait toujours du bien… Surtout avant l’écoute du massif et écrasant « Diplomacy ? » qui clôt avec grandeur l’album et transforme notre teint halé en un gros coup de soleil bien rouge et douloureux.

Au delà de la simplicité apparente de la formule d’Arrakis, ce qui prime ici c’est la spontanéité de leur musique. L’album est ainsi très vivant et jamais ennuyant, une tâche peu aisée lorsque l’on est seulement trois et qu’aucun ne chante. Un coup de pied dans la morosité automnale et une bonne dose de soleil, cet album est finalement le traitement idéal pour toutes les personnes souffrant de carence en vitamine D.

À déguster avec : une salade de tomate (simple, frais et estival)

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Tags: 2015Arrakis

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