“Win Us Over”, le quatrième album des ricains d’ASG, leur avait permis de passer une étape clé dans leur plan de carrière, leur offrant notamment des opportunités de premières parties prestigieuses, et l’accès à un public toujours plus important. Battant le fer tant qu’il était chaud, pour capitaliser sur cette dynamique efficace, le quatuor a signé chez Relapse, où ils côtoient quelques autres belles gâchettes (Red Fang, Cough, Black Tusk, etc…). Musicalement, on avait pris une belle claque avec “Win Us Over” il y a plus de quatre ans, surpris par la maturité d’un groupe alors “émergent”. On se demandait donc à quelle sauce ASG allait nous manger cette fois.
Le son du disque est probablement ce qui choque – positivement – en premier lieu : la production, pourtant toujours signée par le fidèle Matt Hyde, emmène le groupe au niveau des grosses pointures de hard rock U.S., un truc rond et brillant, puissant et efficace. Derrière cet enrobage impeccable, les compositions sont de haut vol, confirmant le talent du groupe : qu’il s’agisse d'”Avalanche” (labouré de long en large par la frappe de mulet de Scott Key et une belle poignée de riffs et soli entrelacés), du plus stoner “Day’s Work” et son rythme pachydermique, de “Scrappy’s Trip” et son refrain ultra catchy (qui rappellera encore une fois les très regrettés Disengage), du plus ambiancé “Blues for Bama” (avec des passages aériens qui iront jusqu’à rappeler ponctuellement des groupes comme My Sleeping Karma), ou encore du punkoïde “Stargazin” (qui ressemble à un morceau de Torche), le groupe enchaîne les titres pointus sans jamais faiblir ni se disperser. Ca percute, ça caresse, ça intrigue, mais au final, ça accroche.
Faut dire que le tout est servi par des musiciens robustes : même si le chant de Jason Shi est ce qui se remarque en premier lieu, tant le frontman affirme son talent et sa puissance vocale (bluffant pour un gars qui n’avait pris le micro que par dépit aux débuts du groupe, faute d’un chanteur dédié), on ne peut pas passer sous silence le travail remarquable effectué sur les guitares : qualité des riffs, travail du son, agencement des deux guitares parfaitement complémentaires… C’est clairement un facteur supplémentaire qui distingue ASG d’autres groupes de même prétention. Seul petit regret finalement au fil des écoutes : on a un peu perdu les passages stoner que l’on détectait encore dans les dernières productions du groupe, au profit de quelque chose de plus travaillé, un peu plus “froid” aussi. Toutefois, la qualité globale de l’objet l’emporte quand même objectivement.
Dès les premières écoutes, on aura vite compris que le groupe a clairement changé de braquet : “Win Us Over” était l’album d’un groupe underground qui développait des compos d’excellente facture. “Blood Drive” est l’album qui met tout au bon niveau : production, compos, instru… Tout est de grande classe, et sans accro. Aucun. Le truc super louche, quoi. Le revers de la médaille, c’est que ce niveau de “finition” donne une image un peu aseptisée de la musique, une forteresse clinquante sans aucune faille, mais aussi sans aspérité, sans rien qui dépasse, un truc presque un peu trop clean. Il manque un peu de gras, un peu de fuzz qui dépasse dans les coins. Mais faudrait vraiment être un peu bête pour ne pas apprécier ce disque pour ce qu’il est : un excellent disque d’american rock, tendance stoner burné.
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