Steven O’Malley et Anderson n’ont pas la main mise absolue sur la lourdeur. En effet, des éléments dissidents de Burning Witch, anciens compères, passés traîtres, de David Hasselhoff ont décidé de leur montrer que celui-ci n’était pas le seul à avoir créer ce renouveau « drone » basé sur l’utilisation abusive d’une amplification vintage répondant au mystérieux nom de « sunn ».
Pour cela, Dahlquist et B.R.A.D., le percussionniste albinos, se sont acoquinés à d’autres malades de l’expérimentation sonique, dont un certain Spruance, que beaucoup doivent connaître (Mr Bungle). Le résultat, pour peu que l’on soit réceptif à cette musique d’ambiance, est proprement hallucinant. Car là où Sunn, après avoir rendu hommage à Earth et son fameux « Earth2 », a cherché à se renouveler par l’exploitation du chant sous toutes ses facettes, (économisant à ASVA d’en faire de même), ceux-ci se sont orientés vers l’ajout d’instruments à la connotation plus ésotérique, comme l’orgue Hammond, qui acquiert ici une image sombre de culte païen dans les catacombes en hommage à Pazuzu. Ajoutez à cela des carillons chinois (je suis sur qu’il existe un nom pour un instrument de ce type mais j’ai la flemme de le chercher) ainsi que ce jeu avec la disto pure des amplis et vous obtiendrez une visualisation proche de ce propose ASVA.
Les deux premiers morceaux sont du drone pur, tendu, malsain, très proche de celui des Grimmrobe démos, auquel vient s’ajouter le fameux orgue, qui transforme ce qui aurait pu être un exemple typique du sujet à débat : « drone : génie ou fumisterie ? » en un cérémonial pompeux et magistral, à la limite du péplum, avec ces coups de tambour battant la mesure, dans un avènement progressif digne d’un sacrifice.La réelle surprise à l’écoute de ce disque se produit sur la seconde partie du troisième morceau, lorsque daigne enfin entrer la maîtresse de cérémonie, Jessica Kenney. Car oui, ASVA s’est aussi décidé à employer des voix. Mais très loin de Barbara Hendricks, Kenney enflamme la vision occulte du drone d’ASVA, lui conférant encore plus de symbolique. Ses vocaux sont l’œuvre d’une âme possédée : aigus, puissance ravageuse, ses lignes de chant prouvent que le drone peut être chanté et s’en retrouver sublimé.
Lourd, insidieux, païen, occulte, sacré, mystique, biblique, dois-je vraiment continuer à vous énumérer la liste des sentiments ressentis à l’écoute contemplative d’ASVA pour que vous saisissiez la portée d’un drone enfin renouvelé ? Je ne le pense pas.
(chronique jamais parue écrite en 2005 pour un fanzine belge, je me suis dit, après l’avoir retrouvée que ce serait bête de ne pas s’en servir.)
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