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Backwoods Payback – Future Slum

Le groupe de Mike Cummings est parvenu à mettre de son côté tous les atouts pour maintenir son statut de groupe méconnu, en particulier de ce côté-ci de l’Atlantique : implantés près de Philadelphie (avec un batteur à quelques centaines de km pour faciliter les choses), le groupe enquille les albums autoproduits (tous sold out en physique), sans distribution solide, et ne joue quasiment que dans ses contrées. Son passage remarquable et remarqué chez Small Stone (avec l’album Momantha, chroniqué dans nos pages) lui a permis de sortir temporairement la tête du nuage de fumée, mais c’était pour mieux s’y réfugier à nouveau dès l’album suivant et y rester encore aujourd’hui. Un fait notable toutefois : depuis son album précédent Fire Not Reason (2016) le trio compte dans ses rangs rien moins qu’Erik Larson à la batterie, le très inspiré guitariste (!) des légendaires Alabama Thunderpussy (aussi auteur d’une poignée d’albums solo remarquables dont certains chroniqués dans nos pages). Le constat est sans appel : le bonhomme est un aussi puissant batteur que six-cordiste ! C’est donc avec une envie légèrement teintée d’anxiété qu’on récupère cette galette pour voir ce qu’elle propose.

Dire qu’on est pris à froid est en dessous de la vérité : Cummings attaque direct à la carotide dès la première seconde de « Pirate Smile », un glaviot heavy bien fiévreux qui attaque direct sur le couplet/riff , sans intro. On sent que ça va pas tortiller des fesses, cette affaire… Enfin, comme rien n’a jamais été complètement simple avec le trio US, la suite est plus nuancée, et plus riche surtout. Pour tout dire, il suffit d’attendre le titre suivant pour en être convaincu,  avec ce « Lines » tout en mid tempo dont le couplet rappellera les années 90 et l’émergence grunge… pour mieux se transfigurer à la moitié du titre en morceau heavy franc du collier, pour une séquence faisant la part belle à une section rythmique impeccablement en place.

Plus loin, le groupe offre sur un plateau le somptueux « Whatever » à Mlny Parsonz, la puissante vocaliste de Royal Thunder, qui partage le chant de ce superbe mid-tempo avec Cummings. Loin du featuring-prétexte, ce titre prend une toute autre dimension à travers ses plans en harmonie ou alternés, en particulier sur le refrain qui emmène le morceau vers un final entêtant.

La suite est aussi riche et enthousiasmante, les compos s’enchaînant, toutes inspirées et puissantes. On pense à ce « Threes » au refrain classique mais imparable, ce « Generals » qui convoque les vieux standards du metal hardcore, ce « Cinderella » tout en lascivité, léger et grave à la fois… Et que dire de ce superbe « Alone », titre doom aux relents grunge dont l’intro/couplet poisseuse, trésor de simplicité, installe une ambiance à couper au couteau. Seul regret : ce « Lucky » qui s’emballe à un moment en un morceau épique, et qui aurait pu se finir en apothéose plutôt que sur cette section un peu foutraque à la fin. Sortie d’album un peu ratée. Mais c’est tellement anecdotique…

Attention toutefois : les premières écoutes peuvent apparaître un peu arides, notre oreille ayant été plutôt habitée ces dernières années à des genres musicaux et des sonorités plus éloignées probablement. Mais petit à petit la coquille se brise et la richesse des compos apparaît plus évidemment. Il faut donc, plus qu’à l’habitude peut-être, laisser sa chance au produit. Il devient ensuite plus difficile de s’en détacher…

Un très bon album, par un décidément très bon groupe, qui nous montre plus que toute autre chose qu’il se passe des choses remarquables hors des sentiers battus (gros labels, gros tourneurs, gros médias…).

Note de Desert-Rock
   (8/10)

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